Une fiction-danse en forme de résistance
Le chorégraphe romand Philippe Saire signe un court métrage tourné avec ses danseurs dans une zone industrielle à Lausanne.
Son film est projeté dans le cadre de la 10e édition de «Steps», festival international de danse qui se déroule en Suisse jusqu’au 18 mai.
L’aventure a débuté il y a plusieurs années déjà quand le chorégraphe lausannois Philippe Saire décida de sortir la danse de son milieu traditionnel, une salle obscure. Il y eut alors «La légende des lieux», un spectacle hors les murs, suivi par la suite d’une série de créations (six jusqu’à présent) intitulée «Cartographie 1, 2, 3, 4»…
Des numéros donc pour chacun des espaces urbains lausannois investis par les danseurs de Saire: la gare du Flon, les arches du Pont Bessière, un ancien mini-golf désaffecté, la piscine de Bellerive…
Aujourd’hui, cette envie d’emmener physiquement la danse ailleurs se concrétise non pas à travers un spectacle vivant, comme c’est le cas d’habitude chez le chorégraphe, mais via un film dont la télévision suisse allemande a passé commande à Philppe Saire.
Ouvriers et prostituées
Cela s’appelle «Blind Date» et, chose peu commune, le film est présenté dans le cadre de «Steps», festival international de danse en Suisse qui se tient jusqu’au 18 mai dans de nombreuses villes de l’Helvétie romande, alémanique et tessinoise.
«Blind Date» est un court métrage tourné dans une zone industrielle à Lausanne, près du Théâtre Sévelin 36 que dirige Philippe Saire. «Chaque soir, lorsque je quitte le théâtre, je passe à côté d’une gare de marchandises. C’est un endroit qui m’inspire, peut-être en raison de son atmosphère contrastée, à la fois interlope et laborieuse. Prostituées et ouvriers y vivent et y travaillent».
Mais Philippe Saire avertit: «Cet endroit n’est pas le sujet de mon film. Il me sert tout simplement de contexte. Je trouve intéressant de confronter la danse à des milieux sociaux qui lui sont inconnus. ‘Bind Date’ n’est pas pour autant un film social, c’est une fiction-danse sur le thème de la résistance face à la mort. Un thème qui s’intègre bien dans le milieu difficile de cette zone industrielle».
Six danseurs de la Compagnie Philipe Saire interprètent le film. Ils ont tourné avec des ouvriers. Quant au prostituées, Philippe Saire explique dans un sourire qu’il les a remplacées par des figurants pour ne pas compromettre certaines d’entre elles.
Projeté, entre autres, à Moutier le 12 mai, à Bienne et Zurich le 13 et à Saint-Gall le 14, «Blind Date» arrive au Théâtre Sévelin 36, le 17 mai.
Rien de moins que… la perfection
Lequel théâtre accueille, également dans le cadre de «Steps», trois danseurs de renom. Il s’agit d’abord du soliste hollandais Michael Schumacher, «la formule 1 de l’improvisation», commente en riant Philippe Saire. Eh oui, il y a des homonymes comme ça!
Schumacher dansera donc «Dans le jardin», ce soir 12 mai. Il sera suivi le 16 et le 17 mai, respectivement par l’Allemand Raimund Hoghe («Le Sacre du Printemps») et par la Québécoise Louise Lecavalier («Colbalt Rouge»).
Trois spectacles que l’on peut placer, comme l’explique Saire, sous le signe du «Simply perfect» (Evidemment parfait). Signe qui d’ailleurs parcourt cette 10e édition de «Steps».
«Ce concept de la perfection, poursuit le directeur de Sévelin 36, est d’ailleurs suffisamment large pour permettre plein de découvertes. Il faut préciser que ‘Steps’ est voulu et subventionné par le pour-cent culturel Migros, qui a beaucoup élargi l’horizon de la danse suisse et étrangère dans notre pays. Il reste à souhaiter toutefois qu’une plus grande concertation se fasse entre les programmateurs de la Migros et les directeurs de salles. Cela permettrait, dans l’avenir, de mieux répondre aux besoins régionaux».
swissinfo, Ghania Adamo
«Blind Date» est projeté dans le cadre de de «Steps», Festival international de danse contemporaine.
Cette 10ème édition passe par 25 villes de Suisse (romande, alémanique, italienne)
«Steps», une initiative du Pour-cent culturel Migros, a été créé en 1988.
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