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Une voix sauvage dans l’édition en Suisse romande

Valérie Solano: «Les sauvages ont quelque chose à dire et se mettent ensemble pour mieux le dire». swissinfo.ch

A 40 ans, Valérie Solano vient de se lancer dans la publication d'ouvrages littéraires, après avoir été lectrice aux Editions Zoé. Rencontre au Salon du livre et de la presse avec la fondatrice des éditions des sauvages, riches pour l'instant de quatre ouvrages.

swissinfo: pourquoi les sauvages ?

Valérie Solano: J’ai cherché un nom qui désigne à la fois un ensemble et chacun dans sa singularité. Les sauvages ont quelque chose à dire et se mettent ensemble pour mieux le dire. J’ai également pensé aux plantes rudérales, des plantes qui poussent dans les terrains vagues, dans des endroits où il s’est déjà passé quelque chose. J’aime l’idée de réussir dans un domaine qui a déjà été travaillé en proposant une voix particulière.

swissinfo: Quelle est votre envie en créant cette maison d’édition ?

V.S.: C’est surtout une langue, des voix que j’ai envie de chercher. C’est de la littérature, mais également une réflexion sur le monde dans lequel on vit. Par exemple, «Pagaille temporelle» de Philippe Gindre mélange les genres. C’est à la fois de l’autofiction, de la science-fiction, le tout exprimé dans une langue très orale.

«Mille traverses» de Loretta Verna est centré sur le dialogue. C’est presque du théâtre, sans en être vraiment. J’aime beaucoup ce genre de recherche, même si l’histoire m’intéresse aussi.

swissinfo: Vous rééditez également «Le bon usage du monde» de Claude Roy publié en 1964 par Charles-Henri Favrod. Pourquoi ce choix ?

V.S.: Avec ce livre, je voulais m’inscrire dans une filiation, celle magnifique des Editions Rencontre de Charles-Henri Favrod qui ont duré quelques années. Comme me l’a raconté Charles Henri Favrod, Claude Roy et Nicolas Bouvier avait eu la même idée de titre – «L’usage du monde» – pour le livre que chacun d’entre eux était en train d’écrire. Bien plus connu à l’époque que Nicolas Bouvier, Claude Roy lui a laissé ce titre et lui-même a rajouté l’adjectif bon.

Très différent de l’ouvrage de Nicolas Bouvier, «Le bon usage du monde» est un collage d’idées sur le voyage, de rêvasseries, de citations d’auteur.

Avec les quatre premiers titres que j’ai publiés, j’ai cherché un équilibre entre ces différentes voix, très classique avec Claude Roy, saccadée avec Loretta Verna et Philippe Gindre. Le quatrième ouvrage est un CD audio sur une histoire de vie. Le son m’a semblé le moyen le plus adéquat pour restituer ce personnage, avec une écriture sonore que la radio ne permet plus aujourd’hui.

swissinfo: Comment se lance-t-on dans l’édition aujourd’hui ?

V.S.: Ce métier implique une coordination de multiples tâches. Mon premier plaisir est de travailler sur un texte et de réfléchir avec l’auteur à la meilleure manière de faire tenir un texte. Ensuite, il faut le mettre en forme, chercher un imprimeur, un graphiste, etc…

Comme beaucoup d’éditeurs, je reçois le soutien financier d’institutions publiques et privées. Ce qui permet la matérialisation de l’ouvrage. Pour le reste, cela implique beaucoup de bénévolat de la part de tous ceux qui collaborent à la naissance d’un ouvrage.

swissinfo: Comme en témoigne ce salon, nous sommes submergés par le nombre de livres qui sont édités chaque année. Vos éditions sont une goutte d’eau dans la mer…

V.S.: Le problème de l’édition aujourd’hui est de devoir publier beaucoup pour survivre. J’ai voulu m’abstraire de cet univers. En publiant peu, en faisant des choix drastiques, je peux porter un livre beaucoup plus longtemps.

J’ai choisi de travailler avec des libraires indépendants qui font un grand effort pour promouvoir les livres. Et pour l’instant, je ne suis pas diffusée en France.

Choisir un texte, le travailler, le mettre en forme demande beaucoup de temps. Il y a de moins en moins d’éditeurs qui peuvent se le permettre. Quant il faut publier 30 livres par année, il n’est plus possible d’être éditeur au sens anglo-saxon du terme, soit la manière dont je veux pratiquer ce métier, en faisant exister un livre.

Interview swissinfo: Frédéric Burnand, Genève

Le Salon international du livre et de la presse de Genève est à découvrir du mercredi 30 avril au dimanche 4 mai 2008.

Hôte d’honneur : L’Égypte

Hôte d’honneur régional : La Vallée d’Aoste

Hôte d’honneur cantonal : St-Gall

Grande Exposition: Les Trésors des Pharaons

Expositions diverses: «Un Cri persan: les graphistes iraniens», «Jack London», «Littérature européenne, dialogue des cultures», «Swiss Press Photo», le Salon africain, le Salon de l’Etudiant et Europ’Art.

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