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Zizi Jeanmaire et Roland Petit, l’éternel pas de deux

Zizi Jeanmaire et Roland Petit, vers 1956.

Le Musée Rath de Genève rend hommage au couple mythique français, genevois d'adoption, à travers une exposition qui respire la joie de vivre.

Strass, paillettes, froufrous et plumes pour ces deux danseurs inoxydables qui ont parcouru le monde avant de s’établir à Genève.

L’Espagne, les passions et les trahisons de l’amour, les taureaux et les toreros, les gitanes et les danseuses, le sexe et la mort: Carmen ne pouvait que plaire à Zizi Jeanmaire et Roland Petit qui y retrouvaient probablement un peu (beaucoup?) de leurs obsessions.

Amants à la ville, pris dans la tourmente des sentiments exaltés, couple à la scène, engagé dans un pas de deux éthéré depuis plus de 60 ans, elle et lui furent Carmen et Don José dans une chorégraphie inspirée de l’opéra de Bizet. Leur spectacle, les deux danseurs l’ont créé et interprété à Londres en 1949.

Femme fatale…

Ce fut alors un éclat qui, dans sa fulgurance, lança la carrière internationale du légendaire couple français.

«Carmen» un monument, donc, qui occupe une place monumentale dans l’exposition «Zizi Jeanmaire-Roland Petit, un patrimoine pour la danse».

Au Musée Rath qui accueille cette exposition, «Carmen» se danse et s’affiche dans la salle centrale. On reste scotché devant le grand écran sur lequel défilent en boucle les images de ce spectacle superbement pensé. Richement illustré aussi par des maquettes, dessins et peintures qui racontent les décors et costumes de cette Carmen nocturne aimée par Petit, très grand dans le rôle de Don José.

… et ‘truc en plumes’

Zizi femme fatale. Mais Zizi petite fée également dans sa grande coquille de plumes roses. Deux visages d’une même personne se font face. Car il suffit de tourner le dos à l’écran pour découvrir, immense, la silhouette de la danseuse dans son célèbre numéro de music-hall «Mon truc en plumes».

La non moins célèbre chanson qui l’accompagne finit par vous coller à la langue. A sa manière, elle rythme cette exposition qui respire la joie de vivre. Strass, paillettes, froufrous et plumes ornent les costumes de Zizi, ici exposés et dont la plupart sont griffés Yves Saint-Laurent.

Un couple hors du commun

Saint-Laurent et beaucoup d’autres artistes et écrivains (comme Jean Cocteau, Antoni Clavé, Picasso, Erté, Ezio Frigerio, Edmonde Charles-Roux…) ont accompagné le travail du couple. Aux deux danseurs, ils témoignent de leur affection et admiration à travers des lettres, des dessins ou des tableaux.

Comme cette huile sur toile signée Tom Keogh. Portrait d’un couple que tout réunit et oppose. Lui, visage émacié, regard d’aigle, corps longiligne.

Elle, jolie frimousse tout en rondeur, yeux de biche. Les deux danseurs sont assis sur une même chaise, collés l’un à l’autre. Le bas du corps est comme soudé par un croisement de jambes qui se perd dans le flou du pinceau.

Tout le souffle de Jeanmaire et Petit est dans cette toile. En 1933, tous deux entrent à l’école de danse de l’Opéra de Paris. Ils ont 9 ans. Ils s’aiment, déjà. Plus tard, ils tournent dans le monde entier avec leurs spectacles. Ils vont connaître Hollywood, son faste et ses tentations assassines qui les éloignent un moment l’un de l’autre. Ils se retrouvent pour mieux se découvrir.

Depuis dix ans ils habitent Genève. Aujourd’hui Genève leur rend hommage.

swissinfo, Ghania Adamo

Zizi Jeanmaire et Roland Petit entrent à l’école de danse de l’Opéra de Paris en 1933 et intègrent le corps de ballet en 1940. Roland Petit constitue les Ballets des Champs-Élysées en 1945, puis les Ballets de Paris en 1948. En 1949, Carmen, consacre leurs talents de chorégraphe et d’interprètes.

En 1950, Roland Petit et Zizi Jeanmaire abordent le music-hal. Les Ballets de Paris sont engagés à Hollywood où le couple participe à plusieurs films.

De retour à Paris en 1954, ils vont alterner music-hall, variétés, ballets. À l’Alhambra, en 1961, Zizi Jeanmaire fait sensation avec ‘Mon truc en plumes’.

Roland Petit et Zizi Jeanmaire prennent les rênes du Casino de Paris en 1970. Deux ans plus tard, Roland Petit fonde la compagnie des Ballets de Marseille qui deviendront, en 1981, le Ballet National de Marseille, auquel s’ajoutera dix ans plus tard l’École Nationale Supérieure de Danse de Marseille.

«Zizi au Zénith», spectacle sur des musiques de Serge Gainsbourg, est créé en 1994 et repris en tournée. De son côté, depuis son départ de Marseille en 1998, Roland Petit continue de chorégraphier de nouveaux ballets et remonte ses œuvres à travers le monde.

«Zizi Jeanmaire-Roland Petit, un patrimoine pour la danse».
Exposition à voir au Musée Rath de Genève jusqu’au 12 août.

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