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Début du sommet mondial sur le climat de San Francisco

Le gouverneur Jerry Brown et ses prédécesseurs ont fait de la Californie une vitrine de ce qu'un Etat fédéré peut, aux Etats-Unis, accomplir. Il vient de signer une loi pour que 100% de l'électricité californienne soit d'origine renouvelable en 2045. Keystone/AP/RICH PEDRONCELLI sda-ats

(Keystone-ATS) Des milliers de délégués non-étatiques se rassemblent dès mercredi à San Francisco pour montrer que villes et régions peuvent combler le retard des Etats dans la lutte contre le changement climatique. Ces initiatives doivent compenser en partie le recul de Trump.

Le Sommet mondial pour l’action climatique, le premier du genre avec plus de 4000 délégués, s’est ouvert avec la publication d’un rapport qui devrait en réjouir certains et en alarmer d’autres, sur la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis.

D’un côté, l’étude montre que le pays devrait tenir les deux tiers de l’objectif fixé par Barack Obama, et abandonné par Donald Trump après son arrivée au pouvoir début 2017, soit -17% d’émissions en 2025 par rapport à 2005, contre un objectif original d’au moins -26%. Le pays en est à -12% aujourd’hui.

L’autre façon de voir ce chiffre est que le pays manquera d’un tiers son objectif. Mais le rapport souligne que de nombreux Etats américains, principalement démocrates, et des centaines de villes ont depuis 2017 redoublé leurs engagements pour “décarboniser” leurs économies depuis l’annonce de Donald Trump, avec des effets bien réels.

Par comparaison, la Chine émet aujourd’hui un peu moins de deux fois plus de gaz à effet de serre (GES) que les Etats-Unis, et devrait continuer à en rejeter de plus en plus jusque dans les années 2020, le pays s’étant engagé à un tournant avant 2030.

Volontarisme

L’Union européenne s’était donné un objectif de réduction des GES plus ambitieux que les Etats-Unis, et a déjà accompli davantage. En prenant les mêmes années de référence que les Américains, les émissions européennes ont baissé de 21% à ce stade par rapport à 2005, et devraient atteindre -28% en 2025, selon le Climate Action Tracker. L’objectif européen original pour l’accord de Paris était de -40% de 1990 à 2030.

L’électricité “propre” connaît une croissance effrénée aux Etats-Unis, le charbon est en recul et les voitures électriques se développent – malgré l’hostilité du gouvernement Trump à la transition écologique.

Si tous les acteurs non-fédéraux, et pas seulement les villes et Etats “écolos”, intensifiaient cette dynamique, “nous pourrions nous rapprocher de très près du but fixé par les Nations unies”, dit la Californienne Mary Nichols, coprésidente d’America’s Pledge, la coalition à l’origine du rapport. L’idée du sommet est de montrer concrètement que le même volontarisme peut s’appliquer au reste du monde.

Grande délégation chinoise

Paris, Bonn, Pékin, Le Cap, Dacca, Dubaï, Mexico, Tokyo, des villes indiennes et sud-américaines seront représentées ici à divers niveaux, dont des dizaines de maires. Il y a aussi des patrons de multinationales jouant les fers de lance de la transition écologique, et qui s’engageront à passer, en quelques années, à 100% d’électricité propre.

Des représentants de régions et d’Etats sont également présents. Plus de 70 émissaires de gouvernements régionaux et de ministres se sont retrouvés mercredi matin, la plus grande réunion de ce genre jamais convoquée selon les organisateurs de la Coalition “Under2” (“moins de 2 degrés”): des ministres d’Etats indiens et brésiliens, des gouverneurs indonésien et mexicains, un ministre japonais, des représentants régionaux espagnols, italien, allemand…

De plus en plus de juridictions mondiales se joignent à ces efforts, dernièrement la province de Chungnam en Corée du Sud. “Nous sommes les premiers en Corée à rejoindre la coalition”, dit son vice-gouverneur, Nam-gung Young.

“Ce genre de sommets précipite les événements”, observe Frances Seymour, de la grande ONG World Resources Institute. “Ils attirent l’attention limitée des dirigeants politiques”. La Chine a envoyé une délégation de 120 personnes, dont Xie Zhenhua, le négociateur climat.

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