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Défendre animaux et végétaux comme des «biens culturels»

La vache grise réthique est très intéressante, autant pour son lait que pour sa viande.

Pro Specie Rara fête son quart de siècle: 25 ans de lutte pour la conservation et la perpétuation de variétés traditionnelles de céréales, de légumes et de fruits menacées d'extinction et de races rares d'animaux de rente.

Leur sauvegarde permet non seulement aux consommateurs de goûter à des produits inhabituels, mais contribue également de manière efficace à la biodiversité.

L’exemple de la pomme de terre est très intéressant. A côtés des variétés classiques, on en trouve d’autres – très anciennes – répondant aux doux noms de Parli, Petite-nouille-de-8-semaines, Pfavi, Vriner ou encore Rouge ou Blanche du Lötschental ou Suédoise bleue.

Ces dernières font partie de la centaine de variétés que Pro Specie Rara possède actuellement en dépôt et qu’il est possible d’observer en plein champ pendant l’été dans certains jardins de démonstration de la Fondation.

Les plaisirs du palais

«Après une longue phase de construction, nous possédons aujourd’hui plus de 900 variétés de légumes, 1800 sortes de fruits ainsi que 26 espèces animales», explique avec un certain orgueil le directeur de Pro Specia Rara Béla Bartha.

En cette fin de semaine, sa Fondation fête ses 25 ans d’existence à Berne et propose aux visiteurs de goûter à de rares délices ou de caresser des animaux presque disparus comme la vache grise rhétique.

Selon Béla Bartha, les produits de Pro Specie Rara se distinguent de l’offre habituelle autant par leur saveur que leurs divers modes de préparation.

Comme il s’agit principalement de spécialités régionales, la meilleure manière de les goûter est de les apprêter en respecter les recettes locales. Pour permettre aux consommateurs de s’y retrouver, Pro Specie Rara en propose plusieurs sur ses emballages.

Redécouvrir d’anciennes recettes

«Avec la pomme de terre Parli, les habitants du canton des Grisons préparent depuis toujours un plat typique appelé Maluns, explique Béla Bartha. Comme pour les rösti, les pommes de terre sont épluchées et passées à la râpe puis dorées à petit feu dans une poêle. Avant de les cuire dans du beurre fondu, les elles sont encore mélangées à de la farine.»

Pour les espèces animales, le directeur de Pro Specie Rara retient par exemple la vache grise réthique.

«C’est une espèce très intéressante, autant pour sa viande que pour son lait, dit-il. Elle offre une nouvelle chance aux éleveurs sur le marché du bio. Cette espèce est robuste et possède une grande capacité d’adaptation. Elle convient pour l’élevage extensif dans les pâturages alpestres qui à presque disparu.»

Avec la promotion de la vache rhétique, Pro Specie Rara ne contribue donc pas uniquement à garantir la diversité dans les étables.

Dans l’intérêt de tous

Les espèces d’animaux et les variétés végétales sélectionnées sont élevées et cultivées dans des étables, des vergers et des jardins qui peuvent être visités par la population.

La Confédération soutient les efforts de Pro Specie Rara à hauteur de 3,2 millions de francs par année. Car il y a beaucoup plus en jeu que la simple conservation d’espèces indigènes.

«Une vaste variété de végétaux comestibles et d’animaux d’élevage est fondamentale pour l’approvisionnement du pays et les spécialistes de la Fondation sont très appréciés», estime Jürg Jordi, porte-parole de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG).

Les changements climatiques et diverses maladies mettent l’agriculture face à des nouveaux défis. Pour Jürg Jordi, il est dès lors important de conserver des ressources génétiques auxquelles il faudra sans doute recourir un jour.

Retour aux sources

Malgré les divers soutiens en Suisse et à l’étranger, Pro Specie Rara ne se repose pas sur ses lauriers. Les principaux objectifs que se fixe son directeur Bélà Bartha sont de faire connaître encore plus sa marque et de réduire la distance entre les consommateurs et les produits.
Certaines variétés de fruits et de légumes issues des programmes de conservation figurent désormais dans les rayons de Coop, second distributeur du commerce de détail en Suisse.

Le but aussi de réussir à produire les diverses spécialités dans les régions dont elles sont issues. «En particulier dans les zones alpines, conclut Béla Bartha, là où toute agriculture a pratiquement disparu.»

swissinfo, Renat Künzi
(Traduction de l’allemand : Mathias Froidevaux)

Depuis 25 ans, la Fondation suisse pour la diversité patrimoniale et génétique liée aux végétaux et aux animaux se bat en faveur de la conservation et la perpétuation de variétés traditionnelles de céréales, de légumes et de fruits menacées d’extinction et de races rares d’animaux de rente.

Dans son programme, la fondation a inscrit plus de 3000 variétés végétales (1800 sortes de fruits, 450 de baies et 900 de légumes) ainsi que 26 espèces animales.

La Fondation est soutenue par 2000 personnes actives et 6000 donateurs. Coop est le principal partenaire commercial de la fondation depuis 1999.

A l’occasion du jubilé de cette fin de semaine à Berne, un petit guide regroupant les diverses offres de Pro Specie Rara a été imprimé.

Parallèlement au jubilé de Pro Specie Rara, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) organise la première conférence de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur les ressources zoogénétiques (conservation de races d’animaux d’élevage).

Celle-ci se déroule à Interlaken du 1er au 7 septembre. 190 pays membres de l’agence onusienne ont été invités à Interlaken qui accueillera plus de 400 experts ainsi que la ministre suisse de l’Economie Doris Leuthard.

Le but de ce rendez-vous est de réussir à établir un plan d’action global pour sauvegarder des animaux rares au niveau mondial.

Durant cette manifestation, les 20 espèces d’animaux d’élevage les plus rares de Suisse seront exposées.

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