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Déchets: les festivals éduquent les foules

La Street Parade de Zurich a généré quelque 48 tonnes de déchets. Keystone

Depuis quelques années, le mythe d’une Suisse «propre en ordre» a du plomb dans l’aile. Les déchets abandonnés en pleine rue sont devenus monnaie courante.

En drainant des dizaines de milliers de personnes, les festivals de l’été participent à cette pollution. Mais leurs organisateurs réagissent.

Les grandes manifestations culturelles peuvent générer d’énormes quantités de déchets. La Street Parade de Zurich, qui a attiré près d’un million de personnes le week-end dernier, présente un exemple frappant.

Ainsi, quelque 50 véhicules de la voirie de Zurich ont dû s’activer près de 10 heures pour nettoyer les 48 tonnes de déchets laissés par les participants. Un concentré anti-urine a même été utilisé pour éliminer les mauvaises odeurs.

Une éducation en douceur



Les organisateurs de plusieurs manifestations culturelles ne restent cependant pas passif devant cette défiguration de l’espace public. Les grands festivals montrent la voie et éduquent les foules en douceur durant l’été.

Le festival du Gurten à Berne, celui de la Cité à Lausanne ou encore le Paléo de Nyon font figure de pionniers dans la gestion des déchets. Ils donnent le ton en matière de comportement sur la voie publique.

La montagne des déchets sur les hauteurs de Berne a diminué drastiquement depuis que les nettoyeurs du Festival Gurten, dûment costumés, sont mis en scène, indique son porte-parole Mathias Kuratli.

Miser sur le recyclage



A La Cité et au Paléo, le volume reste stable, mais les organisateurs ont installé de petites déchetteries pour trier le verre, l’alu et le pet.

Le festival du Gurten recourt désormais exclusivement à des verres et des couverts réutilisables. La Cité et le Paléo, qui perçoivent déjà une consigne sur leurs bouteilles de vin, y réfléchissent.

Le concept de vaisselle lavable a été mis à l’épreuve lors de l’inauguration de la place fédérale, dans la nuit du 1er août. Les spectateurs ont en outre reçu une mini-poubelle pour y loger leurs mégots.

Cela n’a cependant pas empêché de nombreux visiteurs d’acheter leurs boissons ailleurs et de joncher les pavés de la ville de canettes et de tessons de bouteille.

La Cité et le Paléo ont collaboré cette année avec la jeune fondation «summit», qui a pour mission d’inciter à la récupération et le recyclage.

A Lausanne, les enfants ont appris à trier les déchets dans une grande tente montée sur l’esplanade du château, indique le nouvel administrateur du Festival de la Cité Jean-François Chapuisat.

Au Paléo Festival de Nyon, les sociétés de recyclage étaient présentes dans un stand, selon le porte-parole de la manifestation, Philippe Duvanel. Il précise que les huiles de cuisson des traiteurs proposant des mets dans l’enceinte du Paléo sont récupérées.

Pas seulement lors des festivals



Le fait de laisser ses déchets par terre ne survient pas uniquement lors de manifestations culturelles. La Suisse «propre en ordre» vacille sur son piédestal depuis que ses villes se transforment en gigantesques places de pique-nique, à la pause de midi, et que des fast-food s’ouvrent à chaque coin de rue.

Face à ce phénomène, certaines villes songent à mettre les pollueurs à l’amende. C’est notamment le cas de Berne. La capitale fédérale élabore un règlement prévoyant d’amender les contrevenants à la propreté publique qui se rendent coupables de «littering» (rejet de déchets sur l’espace publique).

Le recours à l’amende n’est toutefois pas une panacée. La directrice zurichoise de la communication sur l’élimination et le recyclage des déchets (ERZ) Jeanette Jutzeler s’interroge sur les possibilités réelles de percevoir ces amendes. Pierre-Alain Matthey du service des routes et voirie de Lausanne est tout aussi circonspect.

Après dénonciation, il faut établir un dossier personnel avant de pouvoir intervenir: «une procédure très lourde», souligne-t-il. De plus, le canton de Vaud n’a pas de base juridique pour punir cet acte, à la frontière entre la négligence et le vandalisme.

Tout en suivant le projet de Berne, la cité olympique met l’accent sur l’éducation du public en commençant par la jeune génération. Le service d’assainissement va ainsi se rendre dans les écoles pour y enseigner… «les bonnes attitudes».

Le fast-food en question



Mais l’information ne fait pas tout. «On ne viendra pas à bout du littering seulement en informant»: Hansjörg Buser, de la division des déchets de l’Office fédéral de l’environnement, en est persuadé.

Il faut attaquer sur plusieurs fronts et ne pas hésiter à impliquer les vendeurs de menus rapides, renchérit Martin Gruber-Gschwind, de l’Office de l’environnement et de l’énergie de la ville de Bâle.

Coop ne veut endosser aucune responsabilité face au geste du consommateur qui jette ses déchets par terre. Migros se dit consciente du problème et essaie de réduire les emballages au minimum.

Sans remettre son concept d’emballages volumineux en cause, la chaîne de fast-food McDonald’s souligne pour sa part qu’elle ramasse les détritus à proximité de ses restaurants.

swissinfo et les agences

Chaque Suisse produit 660 kilos de déchets par an (chiffres de l’an 2000).
Dans leur majorité, ces déchets sont éliminés par le biais du ramassage des sacs poubelles.
Mais la quantité de déchets jetés sur la voie publique ou dans le nature ne cesse d’augmenter.

– Des chercheurs de l’Université de Bâle étudient le littering (rejet des déchets sur la voie publique).

– L’étude se déroule jusqu’en décembre à Lausanne, Bâle, Berne, Zurich et Illnau-Effretikon.

– Les premiers examens montrent qu’en moyenne, un tiers des détritus reste sur le pavé. Cette part atteint même 70% en certaines occasions.

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