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Délires hallucinogèno – bolcheviques

Borgward, le héros. communiste.ch

Années soixante, guerre froide, espionnage psychédélique et une Suisse membre du pacte de Varsovie agrémentent l'univers de «J'ai épousé une communiste».

Les auteurs de cette bande dessinée 100% helvétique s’appellent Willemin et Pet. Un régal.

Cet album est le premier d’une série de trois, publiée sous l’appellation de «The president is dead», chez l’éditeur genevois Paquet. Le héros de cette trilogie s’appelle Borgward.

«Borgward, lance Dominique Willemin, scénariste de la BD et journaliste à la Radio suisse romande, fait partie de la race des James Bond, mais sous acide».

Borgward a, contrairement à l’agent 007, de gros penchants pour un dérivé du LSD d’origine hongroise: le MTE.

Cet hallucinogène puissant va permettre au héros d’emmener le lecteur dans de nombreux délires. Des délires particulièrement bien contrôlés par le scénariste.

L’espionnage dans la peau



Pour ce faire Dominique Willemin dispose d’un atout majeur: une grande culture. «Je suis, dit-il, un passionné des romans d’espionnage écrits durant la guerre froide. Comme ceux de John le Carré, un des maîtres du genre».

Rien de plus logique donc que l’univers intriguant de John le Carré se retrouve dans l’album. Un univers réinterprété et frappé de la patte de Willemin qui densifie la trame de l’histoire par de larges aspects tenants du fantastique et du délire.

Jugez-en: Borgward est un espion britannique qui réalise, dans les années soixante, un feuilleton de télévision anglais «The president is dead». Un feuilleton de propagande financé par le Pentagone.

Une série bien ficelée où chaque épisode raconte l’histoire d’un complot contre le président des Etats-Unis. Complot qui est systématiquement et aisément déjoué par le héros du feuilleton, Borgward lui-même.

Mais voilà, le héros se lasse de son émission. Il jette l’éponge. Afin de se ressourcer, il part se reposer à Gstaad en Suisse pour écrire un ultime scénario où il assassinerait réellement le président américain.

Nous sommes en novembre 1963, à quelques jours de l’assassinat de Kennedy…. C’est, précisément, à partir de là que les problèmes vont débuter. Dans un étourdissant crescendo.

Suisse communiste



Pour commencer, il se retrouve dans une Suisse liée au pacte de Varsovie… Toujours neutre, mais sous l’aile protectrice de l’Union soviétique.

Ajoutez à cela la descente aux enfers du héros qui, pour trouver l’inspiration, abuse de MTE. Cette expérience va lui faire prendre conscience que beaucoup d’autres personnes consomment cette drogue.

Dans ces conditions, il est logique que les personnages que va côtoyer le héros soient tous aussi ambigus, fous, suspicieux et sournois.

Ils sont agents double, traîtres, collaborateurs, trafiquants. De quoi vous faire perdre le fil de l’histoire!

On retrouvera même l’acteur phare de l’époque, Tony Curtis, mégalomane, qui a racheté le Cervin à la commune de Zermatt. Mais cette fois Tony Curtis incarne le rôle d’un méchant.

Comme de bien entendu, il n’y a pas d’histoires sans…histoire d’amour. Borgward va rencontrer l’âme sœur, une espionne soviétique, aussi mystérieuse que sexy!!

Clarté du dessin



«En fait, malgré la complexité du scénario, j’ai voulu faire une bande dessinée accessible à tous et lisible en 30 minutes. Et c’est surtout l’apport du dessinateur Pet qui rend cette histoire plus claire», explique Willemin.

Et il est bien servi. Le dessinateur vaudois propose, grâce à des coups de crayons précis et dans un style classique, des planches particulièrement attrayantes qui collent à la perfection à ces années soixante. Des années où les rondeurs des objets les rendaient carrément sensuels!.

Impossible de ne pas penser aux dessins de Blake et Mortimer, d’ailleurs, mais rehaussés de la folie de Bilal dans ses délires fantastiques.

Cela dit, ne comptez pas sur votre serviteur pour vous révéler la fin du scénario ultime du feuilleton de Borgward… mais vivement la suite.

swissinfo, Jean-Louis Thomas

«J’ai épousé une communiste», Willemin et Pet, aux Editions Paquet à Genève, est sorti de presse en Suisse et dans le reste du monde libre, le 1er février.

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