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Davos contre New York

Le retour à Davos pour l'an prochain est confirmé. Mais la question de l'édition 2004 reste en suspens. Keystone

Le match a duré cinq jours. Le Forum économique mondial reviendra à Davos, l'année prochaine. Mais l'expérience new-yorkaise laissera des traces.

Ce contenu a été publié le 04 février 2002 - 19:05

New York, c'est fini. Les quelques 3000 participants du Forum économique mondial sont se séparés lundi, après cinq jours de conférences et séminaires, allant des perspectives économiques mondiales à la manière de gérer le stress, en passant par la menace terroriste.

"La Suisse sera enchantée d'accueillir la prochaine réunion annuelle, à nouveau chez elle, dans les Alpes, à Davos", a lancé Joseph Deiss, en prenant la parole pour clore la manifestation. Le ministre suisse des affaires étrangères a fait l'éloge du président-fondateur, Klaus Schwab, ainsi que de la mission de dialogue du Forum.

Faire du ski et travailler

"La Suisse veut continuer à accueillir cette quête et elle est fière de ramener Davos à Davos." La décision de revenir dans les Grisons avait été prise avant le début de la réunion. Mais cela n'a pas empêché les représentants de New York de lourdement plaider la cause de "la plus formidable ville du monde".

Ainsi lors de la cérémonie d'ouverture du Forum, le maire, Michael Bloomberg, avait déclaré à l'intention des participants au Forum: "C'est ici que vous devriez venir. En Suisse nous devrions y aller pour skier."

Un activisme peu apprécié par la délégation helvétique, qui comptait, outre le président de la Confédération Kaspar Villiger, deux autres conseillers fédéraux. «En Suisse, on est capable à la fois faire du ski et de travailler, c'est peut-être un avantage», a répliqué Pascal Couchepin durant le week-end. Le ministre de l'Economie voit d'ailleurs un problème politique derrière cette affaire. Et un risque.

«Les Etats-Unis sont la superpuissance mondiale. Si on décidait un jour de tenir le Forum de manière systématique en Amérique, ce serait une confirmation que la puissance de la superpuissance devient absolument dominante et qu'il n'y plus de partenaires au dialogue à l'extérieur. Ce ne serait pas bon. Pas bon pour nous et pas bon pour les Etats-Unis.»

Manifestations pacifiques

Mais, à l'heure du bilan, il faut tout de même constater que New York a réussi ce qui s'est pour l'heure révélé impossible à Davos: garantir le bon déroulement du Forum, tout en laissant ses opposants protester dans la rue.

Des manifestations ont ponctué toute la réunion, en culminant samedi, lorsque plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Manhattan, avant de se retrouver devant l'Hôtel Waldorf-Astoria où se tient le Forum. Tout cela sans incident sérieux. Même si la police a procédé à plusieurs dizaines d'arrestations.

Kudelski impressionné

«C'est impressionnant de voir comment la police arrive à maîtrise la situation, commente André Kudelski, un habitué du Forum. La question est de savoir si on peut faire la même chose en Suisse (...). C'est-à-dire préserver la liberté d'expression, mais éviter qu'il y ait des saccages.»

«Le fait qu'il n'y ait eu pratiquement aucun dégât ici, alors que Zurich a été touché, laisse quand même à penser», ajoute l'entrepreneur vaudois. «Il est difficile de comparer», affirme de son côté Joseph Deiss, qui évoque l'exiguïté de Davos. «Ici, on est dans un milieu tout différent, où il est peut-être plus facile de gérer les choses.»

«Mais je suis convaincu que les cantons ont trouvé un terrain d'entente, poursuit le ministre des Affaires étrangères et que, l'année prochaine, on pourra mettre sur pied un dispositif qui fonctionne.»

Davos en Afrique?

Au-delà de cette guéguerre entre autorités suisses et américaines, quel est le sentiment des participants eux-mêmes: Davos ou New York? «J'ai entendu les deux points de vue, explique Daniel Vasella, le patron de Novartis. Certains disent qu'il faut retourner, Davos étant la marque de ce meeting. Mais d'autres disent non, il faut aller ailleurs.»

Pour l'an prochain, la décision est prise: ce sera la station grisonne. C'est donc en fait pour l'édition 2004, et au-delà, que la question se pose. "Nous allons examiner ultérieurement la question de l'emplacement, à long terme", déclare Klaus Schwab.

"Mais je dois dire que New York a offert une telle hospitalité, un tel cadre pour nos discussions, que je ne peux pas exclure qu'un jour le Forum revienne dans cette ville formidable."

L'un des scénarios envisagés est celui de l'intermittence. Daniel Vasella: "je crois que l'idée de faire cette réunion de temps en temps dans des villes prédéterminées, où nous avons quelque chose à communiquer, cette idée est à suivre."

Une idée que reprend au vol l'un des représentants des ONG suisses présentes à New York. «Ma proposition, c'est que le Forum se fasse dans un pays du Sud pour que les gens voient la réalité», conclut Peter Brey, le secrétaire-général de Terre des Hommes.

Pierre Gobet, envoyé spécial à New York

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