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De Genève à Berne, une seule région économique

Pour attirer des entreprises étrangères, les régions suisses ont tout intérêt à travailler ensemble au lieu de se faire concurrence. Dès l'année prochaine, les six cantons francophones et celui de Berne feront promotion commune.

Vu des Etats-Unis, Neuchâtel, Sion, Genève et Berne ne paraissent guère plus éloignées les unes des autres qu’autant de quartiers d’une seule métropole. A l’étranger, la Suisse se vend d’ailleurs déjà comme «downtown Europe» (le centre ville de l’Europe).

Dans ces conditions, faire de la prospection pour un seul canton n’a pas de sens. L’heure est au regroupement des forces. Et tant pis si cela froisse certaines susceptibilités cantonales, toujours vives dans ce pays.

Le mouvement est parti d’en haut. Il y a deux ans, le Secrétariat d’Etat à l’économie envisageait de réunir sous un seul toit tous les organismes qui travaillent à l’image du pays dans le monde. Soit la promotion économique, mais également Suisse Tourisme, Pro Helvetia (qui soutient la culture) et même… swissinfo.

Mais les consultations ont montré que la réunion de structures si différentes tenait de la gageure. Le projet se limite donc aux organismes strictement économiques: promotion des exportations et des investissements et promotion des conditions d’implantation des entreprises en Suisse.

Léger, souple et bon marché

Ce regroupement commence par la base. Le 11 juin 2008, les ministres de l’économie des six cantons romands et de celui de Berne signent une déclaration d’intention qui doit aboutir à la mise en commun de leurs efforts de promotion économique.

Car aujourd’hui, ils vont encore à la bataille en ordre dispersé. Vaud, le Valais, Neuchâtel et le Jura sont groupés au sein de Development Economic Western Switzerland (DEWS, prononcez «diouze», à l’anglaise), Genève et Fribourg travaillent ensemble et Berne fait cavalier seul.

La nouvelle structure devrait fonctionner dès le début 2009. Ses contours sont encore flous, mais ses promoteurs affirment qu’elle sera légère, souple et… pas trop chère.

Message reçu à Fribourg. «Etre dans le DEWS, cela nous aurait coûté plusieurs millions par année, sans être sûrs d’avoir des résultats. Par contre, la nouvelle structure devrait être plutôt souple, comme la collaboration que nous avons avec Genève», explique Christoph Aebischer, responsable de la communication pour la promotion économique du canton.

Le cas du Jura

Le Jura aussi était sceptique par rapport au DEWS, qu’il a plusieurs fois envisagé de quitter. Récemment, Michel Probst, ministre cantonal de l’économie, rappelait aux médias que les résultats n’atteignent pas 50% de l’objectif fixé. Et en 2008, le DEWS n’a attiré ici qu’une seule entreprise.

Les autorités du canton ont toutefois décidé de rester au sein de la structure actuelle jusqu’à la mise en place de celle qui va lui succéder. Elle sera moins onéreuse et plus souple, mais son centre de gravité restera dans la région lémanique, a relevé Michel Probst.

C’est pourquoi le Jura a relancé ses discussions avec la promotion de la région bâloise, centre de gravité économique dont il est le plus proche.

Sur la base d’une étude comparative, le gouvernement cantonal décidera dans le courant de l’année prochaine s’il opte pour le successeur du DEWS ou pour Bâle. Il imagine même, qu’à terme, on pourrait unir les efforts en matière de promotion économique de toute la Suisse occidentale, de Bâle à Genève, une région où le Jura occuperait une place centrale.

«Geneva and Swiss Capital Area»

En attendant d’en arriver là, la nouvelle structure va déjà intégrer trois cantons qui ne sont pas dans le DEWS. Pour son directeur Jacques Pasche – tout de même un peu surpris de l’aboutissement si rapide de discussions auxquelles il n’a pas participé – cet élargissement est «clairement un atout supplémentaire».

«Il sera à l’évidence plus facile de défendre une place économique globale, majoritairement francophone, et au sein de laquelle cohabitent de fortes entités et circulent d’importants flux scientifiques, technologiques ou financiers», se réjouit le patron du DEWS.

«La Suisse romande plus Berne, c’est davantage d’habitants que la «Greater Zurich Area», c’est la moitié des étudiants des Hautes Ecoles suisses dans une région extrêmement dynamique», ajoute Christoph Aebischer.

Une région qui pourrait se vendre sous le label «Geneva and Swiss Capital Area». Le nom de Genève jouit en effet d’une bonne notoriété mondiale. Plus peut-être même que celui de Zurich.

Toute la Romandie et la capitale unies sous la bannière genevoise ? N’en déplaise aux tenants de l’esprit de clocher, vu d’Asie ou des Etats-Unis, les frontières cantonales sont bien peu de choses.

Surtout depuis que la plus grande partie de la Suisse romande n’est plus au bénéfice de l’«Arrêté Bonny», cette législation qui permettait de consentir d’importants rabais fiscaux aux entreprises qui s’établissent dans les zones économiques dites «en redéploiement».

swissinfo, Marc-André Miserez

Le budget annuel du DEWS est de 4,6 millions de francs.

En 2007, 153 entreprises étrangères se sont installées dans les quatre cantons concernés, qui offriront ensemble plus de 2000 emplois dans les cinq ans à venir. De ce chiffre, 68 entreprises sont arrivées directement grâce au réseau du DEWS.

Par canton, les résultats sont contrastés. Toujours en 2007, le DEWS revendique l’implantation de 24 sociétés dans le canton de Vaud, 19 dans celui de Neuchâtel, 21 en Valais et 4 dans le Jura.

Les budgets de Fribourg (6,5 millions) et de Genève (12,5 millions) ne peuvent pas être comparés avec ceux du DEWS. Dans ces cantons en effet, la promotion économique ne s’occupe pas seulement d’attirer des entreprises de l’extérieur, mais également d’accompagner celles qui sont déjà dans le canton et de mettre en œuvre la nouvelle politique régionale.

A Fribourg, la promotion économique affirme avoir contribué en 2007 à l’implantation et à l’extension de 39 sociétés, qui annoncent à terme la création de près de 600 emplois.
A Genève, les derniers chiffres datent de 2006: 219 sociétés créées, étendues ou attirées de l’extérieur, pour un nombre d’emplois que le rapport annuel ne communique pas.

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