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De meilleures chances avec une candidature anonyme?

Pour décrocher un apprentissage, mieux vaut s'appeler Müller que Mihajlović. Keystone

Les jeunes avec un nom d'origine étrangère ont plus de difficultés à trouver un apprentissage que ceux qui ont un nom suisse. C'est pourquoi le canton de Zurich teste des candidatures anonymes.

Nommé «smart selection», ce projet pilote émane de la Société suisse des employés de commerce (sec). Les candidatures anonymes sont faites en ligne.

Environ quarante entreprises de 20 secteurs différents sont déjà prêtes à participer à l’expérience d’un an intitulée «smart selection», a indiqué mardi la sec. Elles peuvent offrir une centaine de places d’apprentissage pour la rentrée 2008.

Les jeunes sont invités à utiliser une plateforme Internet où ils peuvent indiquer le domaine ou la profession qui les intéressent, ce qui les a motivés à faire ce choix, la région où ils voudraient travailler de même que des informations ayant trait à leur curriculum vitae (scolarité, notes d’examen, activités extrascolaires).

Quatre fois moins de chances

Si une entreprise est intéressée par l’une ou l’autre candidature, le moment est alors venu de briser l’anonymat. Le jeune est invité à envoyer à un dossier complet ou à venir se présenter lors d’un entretien d’embauche.

La plateforme a été créée pour l’ensemble de la Suisse alémanique. Toutefois, pour des raisons pratiques, le projet pilote est limité pour le moment au canton de Zurich.

Aujourd’hui, les jeunes qui ne portent simplement «pas le bon nom» sont souvent défavorisés par rapport aux autres dans leur recherche de places d’apprentissage, relève la sec. Ainsi, selon une étude de l’Université de Fribourg, à compétences égales, un candidat de nationalité étrangère a quatre fois moins de chance de décrocher une place qu’un candidat suisse.

Expérience genevoise

Il y a un peu plus d’un an, le Grand Conseil (parlement) zurichois avait rejeté l’idée d’un projet pilote destiné à tester les candidatures anonymes aux places d’apprentissage. La proposition venait des Verts. Elle bénéficiait du soutien des socialistes, des démocrates chrétiens (centre droit) et du gouvernement. Mais les radicaux (droite) et des démocrates du centre (droite nationaliste) s’y étaient opposés.

A Genève, trois employeurs (Commune de Vernier, Services industriels de Genève et Migros) ont participé pendant trois mois l’an passé à une expérience de recrutement sur CV anonymes, lancée par le Bureau de l’intégration. Au terme du projet pilote, ils ont tiré un bilan positif mais décidé de ne pas adopter la pratique durablement en raison surtout de la charge administrative qu’elle représente.

swissinfo et les agences

Le système suisse de formation professionnelle est reconnu au niveau international.

Les apprentis sont formés en entreprise et suivent en parallèle des cours dans une école professionnelle. La fin de leur formation est sanctionnée par un «certificat de formation professionnelle».

Après quelques mois ou années de pratique, les employés qui ont les qualifications requises peuvent rejoindre une Haute Ecole spécialisée et y décrocher l’équivalent d’un diplôme universitaire.

En 2006, 75’600 jeunes Suisses ont débuté un apprentissage, soit 2% de plus qu’en 2005. Le nombre total d’apprentis a ainsi atteint 205’000.

Mais le nombre de places d’apprentissage n’est régulièrement pas suffisant. Cette année, il en manquait environ 5000.

Depuis mars 2006, la France dispose d’une loi contre la discrimination pour les chercheurs d’emploi. Les entreprises de plus de 50 salariés ne doivent plus demander de renseignements comme le nom, l’âge, l’adresse ou l’origine sociale et ethnique. Les candidatures ne doivent plus être accompagnées d’une photo.

Beaucoup d’autres pays – surtout anglo-saxons – ont adopté des mesures pour éviter les discriminations dues à la race ou à l’âge. En Europe, plusieurs pays préparent les législations similaires à celle de la France, afin de répondre aux directives de l’Union européenne.

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