Deux avocats suisses seraient impliqués dans l’affaire Falcone
Me Kamen Troller, et son fils Alexander Troller, également avocat, installés à Genève, ont aidé Pierre Falcone, un marchand d'armes emprisonné depuis décembre 2000, à s'installer en Suisse. La justice française les soupçonne d'avoir aussi géré sa fortune à l'île Maurice.
Les affaires françaises ont ceci d’intéressant qu’elles rebondissent sans cesse. De préférence où personne ne les attendait. Le dossier Elf n’est toujours pas clos. Celui des ventes d’armes à l’Angola passe par la Suisse, et vraisemblablement par l’océan Indien. La justice mauricienne doit étudier le 15 octobre le blocage de trois comptes, dont deux appartiennent à des Suisses.
Gestion de fortune aussi?
Les faits remontent à 1997. Pour faciliter l’installation en Suisse de Pierre Falcone, Kamen et Alexander Troller créent la société Montaigne Financial Services, d’abord à Genève, puis dans le canton de Vaud. Le premier détient 198 actions, son fils, une action.
Mais en décembre 2000, Pierre Falcone est emprisonné en France pour avoir vendu des armes à l’Angola, pays en guerre. En Suisse, le dossier est confié au juge genevois Daniel Devaud. Les deux avocats suisses se sont-ils contentés de défendre les intérêts du marchand d’armes, ou ont-ils joué un autre rôle, comme la gestion de l’immense fortune de Pierre Falcone?
La justice a localisé trois comptes à l’île Maurice, l’un appartient à la société Hillcrest Enterprises Ltd à la Barclays Bank de Port-Louis, les deux autres, intitulés Argand, Troller et Associés, et Kamen Troller, ont été ouverts à la BNP Intercontinental.
L’avocat genevois Kamen Troller possède effectivement une étude à l’île Maurice, mais ses comptes n’auraient servi «qu’à recevoir des honoraires», a-t-il affirmé à swissinfo.
Un dossier embarrassant
Du côté des deux magistrats français, qui ont adressé une commission rogatoire à Port-Louis le 26 mars 2001, ces comptes auraient reçu des virements de Pierre Falcone.
La Cour suprême de l’île Maurice devait initialement examiner la demande française le 22 août dernier. L’affaire a finalement été reportée au 15 octobre. Y-aura-t-il d’autres prolongations?
Ce dossier embarrasse cette petite république de l’océan Indien. Le nouveau gouvernement, de centre gauche, a promis de faire le ménage dans sa place financière, afin de ne pas figurer sur la liste noire des pays non-coopératifs, aux côtés d’Antigua ou du Liban. Mais collaborer avec les justices étrangères, c’est pousser les riches clients à lorgner vers d’autres paradis fiscaux…
Ian Hamel
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