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Des cloches suisses pour les JO

Chez Blondeau à La Chaux-de-Fonds, on fond les cloches à l'ancienne. Le Matin/Germond

Depuis le début des Jeux olympiques modernes, des cloches résonnent au dernier tour des courses les plus longues. Et cette année encore, celles-ci ont été fondues dans les montagnes neuchâteloises.

100% artisanal, le mode de fabrication n’a pratiquement pas varié depuis l’âge du bronze.

C’est toujours un moment intense, souvent magnifié par les images de la télévision. Du 800 au 10’000 mètres, ainsi que lors des épreuves cyclistes sur piste, une cloche résonne lorsque les athlètes entament leur dernier tour de piste.

Et à Athènes, comme à Los Angeles en 1984, à Séoul en 88, à Atlanta en 96 et à Sydney en 2000, ces cloches viendront de la fonderie Blondeau, à La Chaux-de-Fonds, la métropole horlogère des montagnes neuchâteloises.

La présence de ces cloches remonte aux premiers Jeux de l’ère moderne, en 1896. «Alors que les techniques ont tellement évolué, du chronométrage aux matériaux dont on fait les pistes, les cloches, elles, sont restées traditionnelles», se réjouit Serge Huguenin, patron de la petite fonderie familiale.

C’est à la proximité du géant Swatch, chronométreur officiel, que la fonderie Blondeau doit sa présence sur les sites olympiques depuis vingt ans. Sauf à Barcelone en 1992, où le chronométrage avait été assuré par le Japonais Seiko.

Cette année, Swatch a commandé 30 de ces cloches de 17 centimètres de diamètre pour 2 kilos et demi de bronze. Trois seulement seront installées sur les stades, et les autres feront des cadeaux très appréciés de certains officiels de haut rang.

Chaque pièce est unique

«Nous faisons 30 moules en sable, un par cloche, ce qui veut dire que chaque pièce est unique», souligne Serge Huguenin. Une technique ancestrale, qui consiste à façonner la cloche «en creux» et à couler dans le moule un mélange de 80% de cuivre et 20% d’étain, chauffé à 1200°.

Le sable qu’utilise la fonderie Blondeau vient d’une carrière au sud de Paris. Il présente la particularité d’être mêlé d’argile. Il suffit dès lors de le mouiller pour qu’il garde l’empreinte des décorations qui apparaîtront en relief sur la cloche.

Pour Athènes, il s’agit bien sûr des anneaux olympiques, du logo des Jeux et du nom de la ville en grec et en anglais. «La fabrication des empreintes n’est pas de notre compétence, explique Serge Huguenin. C’est de la fonderie d’art. Mais on trouve des tas de gens dans la région qui savent faire ça».

Des amish à Jacques Chirac

Comme on peut s’en douter, ces 30 cloches à 250 francs la pièce ne suffisent pas à faire tourner la petite entreprise. «Cela nous fait de la publicité, admet son patron. Et c’est émouvant de voir nos cloches pendant quelques secondes à la télévision».

De fait, les paysans achètent de moins en moins de cloches pour leurs vaches. La fonderie Blondeau (une des six ou sept dernières du pays) s’est donc tournée vers la cloche-souvenir.

En outre, elle fournit chaque année 300 pièces à la communauté amish, ces anabaptistes émigrés aux Etats-Unis au XVIIIe siècle, venant essentiellement de Suisse orientale.

«Il apprécient nos méthodes de fabrication à l’ancienne, explique Serge Huguenin. Puisque nos cloches sont faites sans aucun recours à l’électricité. Et pour la décoration, ils aiment ce qui est typiquement folklore suisse».

Des cloches ainsi fondues à La Chaux-de-Fonds, on en trouve aussi chez quelques personnages illustres, comme Adolf Ogi, Jean-Pierre Coffe, Edouard Balladur ou Jacques Chirac.

C’est Serge Huguenin qui en 1995 avait profité de sa présence au Salon de l’agriculture de Paris pour en offrir une à celui qui était encore maire de la capitale. Cadeau apprécié au point que la fonderie lui en a offert deux autres pour ses élections successives à la présidence de la République.

«Depuis, il nous écrit régulièrement à Noël», affirme l’artisan chaux-de-fonnier.

swissinfo, Marc-André Miserez

– Aux Jeux olympiques, une cloche sonne lorsque les athlètes entament le dernier tour de stade dans les courses de demi-fond et de fond et dans les épreuves de cyclisme sur piste.

– Depuis Los Angeles en 1984, le groupe horloger biennois Swatch, chronométreur officiel des Jeux, commande ces cloches à la petite fonderie artisanale Blondeau, à La Chaux-de-Fonds, par ailleurs spécialisée dans la cloche-souvenir.

– Ces cloches neuchâteloises seront à nouveau présentes aux Jeux d’Athènes, comme elles le sont depuis vingt ans, avec juste une éclipse à Barcelone en 1992. Cette année-là en effet, le chronométrage avait été confié au groupe japonais Seiko.

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