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Des départs qui ne surprennent pas grand-monde

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L'un part au moment où son parti a touché le fond, l'autre au moment où son parti a atteint son zénith. C'est, en résumé, la manière dont la presse suisse voit les démissions des présidents du Parti socialiste et de l'Union démocratique du centre.

Bien que qualifiés de «coups de tonnerre», les retraits de Hans-Jürg Fehr et de Ueli Maurer n’ont cependant pas surpris les médias.

Dans leurs titres et leurs commentaires, les médias suisses font de l’annonce du retrait du président du Parti socialiste Hans-Jürg Fehr et du président de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) Ueli Maurer un «double coup de tonnerre», comme l’écrit la Neue Luzerner Zeitung.

Les titres aussi tentent de montrer l’importance de ces changements pour la politique suisse. «Un élu sur deux changera de patron», écrit par exemple le quotidien vaudois 24heures. Importants ou non, une chose est sûre: ces changements n’ont pas surpris grand-monde.

Résultat de la défaite

En ce qui concerne le Parti socialiste, il est évident que la démission de Hans-Jürg Fehr est le résultat de la déroute du parti lors des élections fédérales de dimanche dernier. «Lorsqu’un parti voit presque un cinquième de son électorat lui tourner le dos, cela nécessite un nouveau départ», commente la Basler Zeitung.

Certes, personne ne demandait officiellement ce retrait. Mais pour beaucoup, Hans-Jürg Fehr n’était pas étranger à cette déroute. C’est un homme «sérieux, préparé, rationnel, mais peu charismatique», juge La Regione. Et le Corriere del Ticino de renchérir: «la communication n’a jamais été son fort».

L’avis de ces deux journaux tessinois est largement partagé par la presse nationale. Ainsi, 24heures et la Tribune de Genève écrivent: «quand l’entraîneur perd, il démissionne. Personne ne s’étonnera du départ du président Hans-Jürg Fehr. Le Schaffhousois, peu charismatique, est le bouc émissaire indiscutable de socialistes relégués en deuxième division de la politique suisse.»

Etant donné les circonstances, cette démission était donc à attendre. «Hans-Jürg Fehr a préféré crever l’abcès à un long calvaire fait de reproches larvés et des polémiques grinçantes», conclut le quotidien fribourgeois La Liberté.

Nouveau souffle et manœuvre

La démission de Ueli Maurer n’étonne pas davantage la presse. En effet, avant même les élections fédérales, le président de l’UDC avait laissé entendre qu’il pourrait quitter son poste une fois l’échéance électorale passée.

Tous les médias s’accordent à dire que Ueli Maurer s’en va au terme d’une mission politique bien menée. «Ueli Maurer quitte l’UDC après douze ans de travail à la tête du parti, au zénith de sa carrière et au zénith (peut-être pas encore atteint) de l’UDC», écrit la Neue Zürcher Zeitung.

Mais, au-delà de ce constat, c’est en fait surtout dans les médias romands qu’il faut chercher des explications à ce départ. L’une d’elles est le besoin de sang frais à l’UDC.

«L’UDC séduit femmes, jeunes, abstentionnistes, Romands et urbains. Ueli Maurer ne colle plus à cette évolution. C’est un sexagénaire désuet qui n’aime les femmes qu’à la maison et ne voit dans les élus francophones que de la chair à canon électoraliste. Il est temps qu’une nouvelle génération d’UDC se soumette à l’épreuve du feu», lit-on dans le commentaire commun de 24heures et de la Tribune de Genève.

D’autres éditorialistes voient enfin dans cette annonce de départ, une – nouvelle – manœuvre de l’UDC pour capter l’attention. «L’annonce de la démission d’Ueli Maurer s’inscrit dans les grandes manœuvres amorcées par l’UDC dans la perspective de l’élection du Conseil fédéral. Le but du parti est de satisfaire sont ambition à court et moyen terme d’investir désormais l’Etat fédéral et son appareil», écrit Le Temps.

Pour La Liberté, cette tactique sert aussi le nouvel objectif électoral de Ueli Maurer. «Pour le candidat au dernier siège zurichois vacant au Conseil des Etats, c’est l’assurance d’une extraordinaire campagne médiatique absolument gratuite en attendant le deuxième tour de cette élection. Peut-être devient-on lassant à force de le répéter: les seuls professionnels de la politique sont à l’UDC», conclut le quotidien fribourgeois.

swissinfo, Olivier Pauchard

Les élections fédérales – destinées à renouveler le Parlement suisse – ont eu lieu le 21 octobre.

Le Parti socialiste a fait figure de grand perdant en ne recueillant que 19,5% des voix. Ce résultat correspond à un recul de 3,8% par rapport aux élections de 2003 et se traduit par une perte de 9 sièges.

Avec 29% des voix, l’Union démocratique du centre a en revanche atteint un nouveau sommet, couronnement d’une progression débutée au début des années 90. Le parti a gagné 2,3% des voix et 7 sièges par rapport à 2003.

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