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Des députés suisses prônent un renforcement des liens avec l’Algérie

Marc Suter (à gauche) et Walter Frey (à droite) veulent renforcer les liens avec l'Algérie. Keystone / Lukas Lehmann

Rentrée jeudi d'un voyage de quatre jours en Algérie, une délégation de parlementaires du Conseil national conduite par l'UDC zurichois Walter Frey plaide pour un meilleur soutien du processus démocratique en Algérie.

A leur sortie d’avion jeudi à l’aéroport de Genève, les députés François Lachat (PDC) et Claude Frey (Radical) étaient visiblement émus par leur périple algérien. «Nous nous sommes fait des amis et tous les membres de la délégation vont se comporter comme des ambassadeurs de l’Algérie. Nous avons été sous le charme des gens que nous avons rencontrés», lance ainsi François Lachat.

Les deux députés romands étaient accompagnés de six autres parlementaires alémaniques (Lisbeth Fehr et Walter Frey de l’UDC zurichoise, Vreni Müller-Hemmi du parti socialiste zurichois, Hans Zbinden du parti socialiste argovien, Marc Suter du parti radical bernois et l’écologiste bernois Ruedi Baumann).

Tous membres de la Commission de politique extérieure du Conseil national, ces parlementaires entendaient par ce voyage poursuivre le rapprochement opéré par la Suisse avec l’Algérie depuis quelques temps. Ce réchauffement des relations bilatérales s’est déjà manifesté par la visite à Alger du ministre des Affaires étrangères Joseph Deiss en octobre de l’année dernière et par la tournée d’une délégation économique mixte en mai de cette année.

La réouverture de l’ambassade de Suisse à Alger, il y a une année environ, a également fortement contribué à ce rapprochement. C’est d’ailleurs l’ambassadeur de Suisse en Algérie, André von Graffenried, qui a préparé le programme de la visite. «Il nous a permis de rencontrer des membres du gouvernement et de tous les partis politiques, y compris ceux de l’opposition, des représentants des médias, de la société civile et ce, sans surveillance», précise François Lachat.

Parmi les personnalités rencontrées figurent le président de l’Assemblée nationale Abdelkader Bensalah, le président du Sénat Bachir Boumaza ou la députée Khalida Messaoudi, du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) qui fait partie de la coalition au pouvoir.

Outre des membres du gouvernement comme le ministre de l’Economie Hamid Temmar, le ministre de la Santé et le ministre délégué des Affaires étrangères, les parlementaires suisses ont également rencontré les médias dont les quotidiens El Watan et Le Matin.

François Lachat et Claude Frey ont d’ailleurs été frappés par la virulence de certaines critiques de ces médias. «On peut se demander si ces critiques, dans leur négation de tout ce qui est politique, ne vont pas finir par faire le jeu de l’islamisme politique», juge même Claude Frey.

Face à la situation politique du pays, les deux parlementaires suisses lancent un jugement prudemment optimiste. «Le processus démocratique n’est pas irréversible, estime François Lachat, mais il est incontestable que depuis trois ans l’Algérie est sur le chemin de la démocratie et du multipartisme. Il faut encore que le pouvoir revienne totalement aux mains des politiques, ce qui n’est pas encore le cas. L’armée peut à tout moment faire pression sur les politiques et notamment sur le président Abdelaziz Bouteflika».

De son coté, Claude Frey estime que le développement économique de l’Algérie butte encore sur de nombreux obstacles. Le député radical donne comme exemple le système bancaire quasi inexistant et la corruption au niveau local. «Mais beaucoup de délégations économiques sont venues ou vont venir. Nous devons également y aller, ne serait-ce que pour apprécier la situation», lance Claude Frey.

Reste que la violence n’a toujours pas cessé. «Durant notre séjour, une trentaine, de personnes, au moins, ont été égorgées, témoigne François Lachat, mais c’est un terrorisme contre l’Etat. Il y a un contre-terrorisme de l’armée qui est peut-être trop violent. Mais ils sont en train d’éradiquer le terrorisme et nous ne pouvons que nous en féliciter».

Selon François Lachat, aucune des personnes rencontrées n’a confirmé le point de vue selon lequel une partie des massacres serait le fait de l’armée ou des forces de sécurité, déguisées en islamistes.

D’ici à quelques jours, les huit députés suisses vont transmettre un rapport au Parlement et au Conseil fédéral. François Lachat en livre déjà l’esprit: «Nous allons suggérer une présence plus forte, un meilleur accompagnement de la Suisse pour cette Algérie sur le chemin de la démocratie et du multipartisme».

Frédéric Burnand

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