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Des démissions qui cachent d’autres problèmes

Adecco a perdu la confiance des investisseurs. Keystone

En annonçant le départ de deux directeurs, Adecco a tiré vendredi les conséquences de ses problèmes comptables aux Etats-Unis.

Ces mesures n’ont pas dopé le titre du numéro un mondial du travail temporaire, bien au contraire. Elles pourraient même présager une situation plus grave.

Le groupe suisse Adecco, dans la tourmente depuis le début de la semaine, a connu vendredi une nouvelle journée noire.

Dans la matinée, le groupe annonce la démission de son directeur financier, Felix Weber, et de son directeur pour l’Amérique du Nord, Julio Arrieta.

En outre, John Bowmer, qui présidait depuis deux ans le conseil d’administration du groupe, devient PDG à la place du Français Jérôme Caille. Ce dernier est désormais chargé de la gestion des affaires au jour le jour.

L’action en chute libre

A 13 heures, le nouveau patron donne une conférence de presse téléphonique, censée rassurer les investisseurs. Résultat: deux heures plus tard, le titre Adecco dévisse de plus de 17% à la Bourse suisse.

Une chute, il est vrai, moins spectaculaire que celle de lundi dernier. Le 12 janvier en effet, l’action avait perdu 35% de sa valeur en une seule journée, après l’annonce du report de la publication des résultats 2003 en raison de «problèmes comptables» aux Etats-Unis.

On en sait désormais qu’il s’agit notamment d’«erreurs de facturation» et de problèmes de «sécurité informatique».

Mais au cours de la conférence de presse, John Bowmer, qui se présente assisté d’un avocat, refuse d’en dire plus en raison des «enquêtes en cours». L’une d’entre elles a été ouverte par la Commission des opérations de bourse et l’autre par la justice new-yorkaise.

Le nouveau patron d’Adecco refuse également de préciser si les deux départs annoncés le matin sont des démissions ou des mises à pied.

Un silence inquiétant

Mais surtout, John Bowmer ne fournit aucune indication sur le montant du préjudice subi par le groupe. Ce qui ne manque pas d’inquiéter les marchés financiers, encore échaudés par les affaires Enron ou Parmalat.

«Après une conférence de presse où l’on ne dit pratiquement rien, les gens commencent à penser que la théorie d’une fraude éventuelle se profile, même si ce ne sont encore que des spéculations», confie à swissinfo Thomas Veillet, de la société d’investissement Dynacapital

«Le marché a besoin de transparence, rappelle ce gérant de portefeuille genevois. Personnellement, tant que je n’ai pas plus de détails, je ne recommanderai à personne de garder des titres Adecco en portefeuille».

«Ces démissions peuvent laisser entendre que la situation est plus grave que ce que ne veut le faire croire Adecco», juge également Samuel Moulin, analyste à la banque privée Schroder.

Même son de cloche à Londres, au siège de la banque Barclays. «Il est évident que nous sommes en face de quelque chose de plus grave qu’un simple petit problème comptable», déclare à swissinfo Hilary Cook.

La directrice des stratégies d’investissement de la banque britannique ne voit pas pour autant se profiler un scandale de l’ampleur de ceux d’Enron ou de Parmalat.

«Adecco semble une entreprise bien plus solide que ne l’étaient ces deux-là, note Hilary Cook. Mais personne n’a tellement envie de croire un conseil d’administration qui affiche sa confiance, alors que deux des têtes du groupe viennent de tomber».

swissinfo et les agences

– Adecco, numéro un mondial du travail temporaire, est né de la fusion de deux entreprises, la suisse Adia et la française Ecco.

– Le groupe emploie 28’000 personnes dans le monde et fournit chaque jour un travail temporaire à plus de 500’000 personnes.

– Jusqu’au communiqué du 12 janvier, par lequel elle annonçait le report de la publication de ses résultats 2003, Adecco était plutôt considérée comme une entreprise sans histoire.

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