Des perspectives suisses en 10 langues

Des législatives à Hong Kong sur fond de défi envers Pékin

De nombreux Hongkongais restent convaincus que l'indépendance est une chimère. KEYSTONE/EPA/ALEX HOFFORD sda-ats

(Keystone-ATS) Les Hongkongais se rendaient aux urnes dimanche pour des élections législatives. Ce scrutin devrait permettre de jauger le poids électoral d’une nouvelle génération de militants qui prônent une rupture radicale avec Pékin.

Quelque 3,7 millions d’électeurs étaient appelés à voter dès 7h30 (01h30 en Suisse). Il s’agit du plus important scrutin dans l’ex-colonie britannique depuis les grandes manifestations prodémocratie de 2014.

Les élections au Conseil législatif (LegCo, l’équivalent d’un Parlement) interviennent alors que de nombreux habitants ont le sentiment que Pékin veut renforcer son emprise sur la ville semi-autonome, dans les domaines politique, culturel ou encore éducatif.

Si le camp prodémocratie perd seulement quatre sièges, il devra renoncer à la minorité de blocage dont il dispose dans une assemblée qui penche déjà largement du côté de Pékin. Né sur les cendres de la “révolte des parapluies” en 2014, le mouvement dit “localiste” cherche, lui, à prendre ses distances avec la Chine.

Aujourd’hui, une nouvelle génération demande l’indépendance pure et simple, tandis que d’autres militent pour l’autodétermination du territoire repassé en 1997 sous tutelle chinoise. La décision des autorités de la ville d’interdire la candidature de cinq partisans de la rupture avec Pékin – au motif que militer pour l’indépendance serait illégal – n’a fait que galvaniser les ardeurs.

Nouveaux visages

Beaucoup de Hongkongais craignent que les libertés dont dispose Hong Kong en vertu de l’accord sur la rétrocession ne soient en train de s’éroder. L’affaire des libraires hongkongais, disparus alors qu’ils publiaient des titres salaces sur la classe politique chinoise, puis réapparus en Chine cet hiver, en est une illustration.

Certains sondages avancent que jusqu’à 17% des Hongkongais plébiscitent la rupture avec la Chine. Des militants prônant l’autodétermination – pour ne pas utiliser le terme “indépendance” – ont pu déposer leur candidature. Un ou deux ont une chance d’être élus.

L’analyste hongkongais Joseph Cheng a dit qu’il s’attendait à voir de nouveaux visages au LegCo. “Cette élection se caractérise en grande partie par des changements intergénérationnels de dirigeants politiques”. De nombreux Hongkongais restent convaincus que l’indépendance est une chimère. “C’est trop idéaliste et irréaliste”, juge Wilson Vai, électeur âgé de 21 ans, qui soutient le camp prodémocratie.

Manifestations

Le mouvement indépendantiste a fait bouger les lignes politiques, mais cela reste insuffisant pour conquérir le LegCo. Celui-ci compte 70 membres désignés selon un système alambiqué qui garantit presque à coup sûr une majorité au bloc pro-Pékin.

Le dirigeant du gouvernement local, l’impopulaire Leung Chun-ying, a assuré en glissant son bulletin dans l’urne que le scrutin était “démocratique”. Plusieurs opposants ont manifesté devant le bureau de vote.

L’un d’eux a lancé un sandwich au thon sur le dirigeant hongkongais. Il voulait symboliser le fait que les personnes âgées ne peuvent plus se payer le petit-déjeuner dans une ville où les écarts de richesses se creusent. Les bureaux de vote fermeront à 22h30 (16h30 en Suisse) et le dépouillement aura lieu dans la nuit de lundi.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision