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Des manifestants défient l’interdiction du port du masque

Pour ne pas être identifiés et éviter les poursuites judiciaires, les manifestants ont depuis juin pris l'habitude de défiler avec des masques. KEYSTONE/EPA/JEROME FAVRE sda-ats

(Keystone-ATS) De nouveaux affrontements avec les forces de l’ordre ont éclaté vendredi à Hong Kong à la suite de l’interdiction du port du masque pendant les manifestations que venait de décider le gouvernement de cette ex-colonie britannique. Un adolescent a été blessé par balles.

La chef de l’exécutif local Carrie Lam a pour ce faire invoqué des dispositions d’urgence (Emergency Ordinance Regulations) datant de 1922 et auxquelles il n’avait plus été recouru ces 52 dernières années. Elle n’a en outre pas exclu de prendre d’autres mesures dans ce cadre si la situation continuait de s’envenimer.

Sitôt cette interdiction rendue publique, des actions de protestation ont été déclenchées un peu partout à Hong Kong, tandis que fleurissaient sur les réseaux sociaux les appels à manifester les trois prochains jours.

De vastes foules, constituées pour l’essentiel d’employés de bureau, ont bloqué des artères dans le coeur même du quartier des affaires, certains déchirant des bannières à la gloire de la Chine.

Gaz lacrymogène et tirs

Dans la soirée des heurts ont éclaté, la police faisant usage de gaz lacrymogène en de très nombreux endroits pour disperser les manifestants qui ont non seulement envahi des rues, y ont allumé des feux, mais ont vandalisé des stations de métro et s’en sont pris à des établissements commerciaux pro-chinois.

Dans l’arrondissement de Yuen Long, un policier a ouvert le feu, lorsque sa voiture a été encerclée par la foule et qu’un cocktail Molotov a explosé à ses pieds, d’après des témoins de la scène.

“Une foule importante d’émeutiers a attaqué un policier en civil. Il est tombé au sol, puis a été battu par de nombreuses personnes. Dans ces circonstances de danger pour sa vie, le policier a tiré cinq balles pour sa sécurité”, a déclaré la police dans un communiqué.

Dans le même quartier, un garçon de 14 ans a été blessé par balles, a rapporté le quotidien South China Morning Post citant une source médicale, sans pouvoir faire de lien entre les deux événements.

Soutien de Pékin

Hong Kong traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes et des confrontations de plus en plus violentes entre forces de l’ordre et protestataires masqués.

“Nous pensons que la nouvelle loi aura un effet dissuasif sur les manifestants violents et les émeutiers masqués et aidera la police dans sa mission de maintien de l’ordre”, a déclaré Mme Lam au cours d’une conférence de presse vendredi.

Elle a toutefois précisé que cette interdiction, qui devait entrer en vigueur à minuit et au terme de laquelle les contrevenants risquent jusqu’à un an de prison, ne signifiait pas que l’état d’urgence avait été décrété dans ce territoire semi-autonome.

De leur côté, les autorités centrales chinoises ont jugé “extrêmement nécessaire” la mesure prise à Hong Kong. “Il est grand temps de mettre fin aux violences en adoptant une attitude plus claire et des mesures plus efficaces”, a déclaré le porte-parole du bureau chargé, au sein du gouvernement, des affaires de Hong Kong et de Macao. “Le chaos actuel à Hong Kong ne peut pas continuer indéfiniment”, a-t-il martelé.

Casques et lunettes de protection

Plus tôt dans la journée, des milliers d’Hongkongais avaient devancé l’annonce de Mme Lam pour manifester et promettre de ne pas se plier à l’interdiction.

Pour ne pas être identifiés et éviter les poursuites judiciaires, les manifestants ont depuis juin pris l’habitude de défiler le visage masqué. Certains portent aussi des casques, des lunettes de protection ou des masques à gaz afin de se protéger du gaz lacrymogène et des projectiles tirés par la police.

“Les jeunes risquent leur vie, cela leur est égal d’être emprisonnés pour dix ans, donc ce n’est pas le fait de porter un masque qui leur posera problème”, a dit à l’AFP un employé de 34 ans ayant dissimulé son visage.

Hong Kong a connu mardi sa journée la plus violente depuis juin. Tandis que la Chine populaire célébrait son 70e anniversaire, cette ex-colonie britannique a été le théâtre d’affrontements dans de nombreux quartiers qui ont considérablement éprouvé les capacités de maintien de l’ordre de la police.

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