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Des positions trop libérales au goût du pape

Le pape est déjà intervenu en Italie à propos du vote sur la procréation médicalement assistée. Keystone

Le pape Benoît XVI a critiqué jeudi les nouvelles lois adoptées en Suisse concernant la vie, la famille et le mariage.

Il recevait le nouvel ambassadeur accrédité auprès du Vatican, Jean-François Kammer, venu lui présenter ses lettres de créances.

«A l’instar de la plupart des pays de l’Europe occidentale, la société suisse a connu une évolution considérable des moeurs et, sous la pression conjuguée des progrès techniques et de la volonté d’une partie de l’opinion publique, des lois nouvelles ont été proposées dans plusieurs domaines touchant au respect de la vie et à la famille», a déclaré le pape.

«Cela concerne les questions délicates de la transmission de la vie, de la maladie et de la fin de la vie, mais aussi la place de la famille et le respect du mariage».

«Sur toutes ces questions ayant trait aux valeurs fondamentales, l’Eglise catholique s’est exprimée clairement par la voix de ses pasteurs, et elle continuera de le faire, autant que nécessaire, afin de rappeler sans cesse la grandeur inaliénable de la dignité humaine, qui demande le respect des droits humains et d’abord du droit à la vie», a-t-il averti.

Pacs, cellules souches, euthanasie

Certains observateurs ont perçu dans le discours de Benoît XVI une référence claire à la loi sur le partenariat enregistré pour les couples homosexuels (pacs), ainsi qu’à la loi sur les cellules souches et à l’autorisation de l’euthanasie passive.

«Il n’a pas nommé expressément la loi sur le partenariat enregistré», a pour sa part estimé Mgr Amédée Grab, président de la Conférence des évêques suisses, jeudi soir sur les ondes de la Radio suisse romande (RSR).

«Le pape a évoqué des questions délicates, telles que la transmission de la vie. Comme dans toutes les réceptions d’ambassadeurs, il a fait part des soucis de l’Eglise face à l’évolution de certains aspects de la vie publique», a encore commenté Monseigneur Amédée Grab.

Reproches d’ingérence

La semaine dernière, Benoît XVI était déjà intervenu en Italie à propos de la loi sur la procréation médicalement assistée. A plusieurs reprises, il a lui été reproché de s’immiscer dans la politique interne des pays.

«Les décisions sont souvent commentées par d’autres milieux, parfois à l’extérieur d’un pays, a répondu Mgr Amédée Grab pour justifier l’intervention du Vatican. Il suffit de penser au vote français sur la Constitution européenne.»

A propos de l’asile

Lors de sa rencontre avec l’ambassadeur Jean-François Kammer, Benoît XVI a également «encouragé la société suisse à demeurer ouverte sur le monde qui l’entoure, pour tenir sa place dans le monde et en Europe et aussi pour mettre ses talents au service de la communauté humaine, notamment des pays les plus pauvres qui ne pourront se développer sans cette aide».

«Je souhaite également que votre pays continue à être ouvert à ceux qui sont venus chez vous chercher du travail ou une protection, convaincu que l’accueil de l’autre est aussi sa richesse», a-t-il ajouté.

Sur le sujet de l’asile, la Suisse a récemment essuyé les critiques du commissaire européen aux droits de l’homme Alvaro Gil-Roblès. Elles concernent entre autres le traitement des demandeurs d’asiles frappés d’une non entrée en matière (NEM) qui se voient privés de l’aide sociale.

swissinfo et les agences

Jean-François Kammer (59 ans) est ambassadeur à Prague depuis janvier 2005. A ce titre, il représente aussi la Suisse au Vatican.
Il succède à Hansrudolf Hoffmann, qui avait été nommé ambassadeur à plein titre auprès du Vatican en mai 2004.
Cette nomination rétablissait complètement les relations diplomatiques entre les deux Etats, limitées depuis 130 ans.

– Adopté le 5 juin, le pacs introduit la reconnaissance légale des couples homosexuels dès 2007.

– Inspiré du droit matrimonial dans les domaines fiscal, successoral ou des assurances sociales, il interdit toutefois l’adoption d’enfants et la procréation médicalement assistée.

– Acceptée en novembre, la loi sur les cellules souches permet l’utilisation par la recherche médicale d’embryons humains issus d’une fécondation in vitro mais ne pouvant pas servir à une grossesse.

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