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Des réformes nécessaires pour les Hautes Ecoles

Première de classe en recherche et développement, la Suisse ne doit pas baisser la garde. Keystone

Le patronat suisse veut davantage de fonds et plus de concurrence dans la formation et la recherche. Les étudiants devraient aussi passer à la caisse.

Pour la fédération patronale economiesuisse, les Hautes Ecoles devraient être plus spécialisées et plus autonomes pour pouvoir mieux affronter la concurrence internationale.

En matière de savoir, la Suisse est encore performante en comparaison internationale. Mais elle ne conservera sa position qu’en réformant son système de recherche et d’enseignement universitaire.

C’est l’avertissement lancé mardi par Rudolf Walser, chef économiste de la fédération patronale, qui présentait mardi à Berne les résultats d’une étude commandée à l’Université de St-Gall.

La démarche d’economiesuisse – qui soutient la révision des articles constitutionnels sur la formation soumise en votation populaire le 21 mai – anticipe également le prochain programme du gouvernement relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation.

Premier constat, le fossé est grand entre le discours politique et la réalité des dépenses.

«Si la formation et la recherche sont toujours qualifiées de prioritaires, elles ne figurent qu’au cinquième ou sixième rang des dépenses publiques», a souligné le député Johannes Randegger, président de la sous-commission qui a examiné le projet de révision de la Constitution sur la formation.

Alors que le plan initial pour la période 2004-2007 prévoyait une croissance annuelle moyenne de 6%, ce chiffre est entretemps tombé à 3%, a-t-il déploré, réclamant un engagement plus important de l’Etat dans ce domaine.

Outre cet aspect financier, des réformes structurelles s’imposent. Selon l’étude développée sous la houlette du professeur Oliver Gassmann, directeur de l’Institut du management de la technologie de l’Université de St-Gall, les Hautes Ecoles ne pourront survivre sans se focaliser sur certains secteurs porteurs.

Fixer des priorités

La qualité doit primer sur la quantité, estime l’étude. Dans la recherche, cette approche passe entre autres par un renforcement du Fonds national suisse (FNS) et de l’Agence pour la promotion de l’innovation (CTI), au détriment des programmes nationaux de recherche, qui ont souvent une motivation politique.

economiesuisse réclame également que la Suisse fixe à l’avenir clairement ses priorités afin d’éviter des doublons coûteux comme par exemple sa participation au 7e programme-cadre de recherche européen.

La Suisse paie des contributions à des institutions comme le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) ou la francophonie sans que l’on puisse dire exactement ce que cela rapporte, a relevé Rudolf Walser.

Côté formation aussi, constatent les auteurs de l’étude, la Suisse affiche en comparaison internationale les coûts absolus par étudiant les plus élevés derrière les Etats-Unis, en raison d’une offre redondante des Hautes Ecoles.

Réduire la diversité dans les facultés de médecine est prioritaire, estiment-ils, car ce domaine représente un tiers des coûts universitaires.

Au service du marché

En outre, les Hautes Ecoles doivent pouvoir bénéficier d’une plus grande marge de manoeuvre stratégique.

Cela passe, notamment, par la sélection des étudiants et, côté professoral, par une plus grande souplesse dans la fixation des salaires, la création de chaires ou les nominations.

Enfin, le savoir doit également davantage s’ajuster aux besoins du marché. Les priorités de l’enseignement doivent tenir compte de critères économiques, tels quel la performance de la recherche ou la demande des étudiants.

En outre, il faut faciliter la coopération entre science et économie, en encourageant la recherche de partenaires.

Enfin, economiesuisse défend, une nouvelle fois, le relèvement des taxes d’études, couplé avec un système de prêts ou de bourses pour soutenir les étudiants financièrement défavorisés.

swissinfo et les agences

– Une étude récente de la Commission de l’Union européenne indique que la Suisse se trouve dans le peloton de tête des pays les plus innovants d’Europe.

– Mais, pour economiesuisse, cela ne suffit pas. Les priorités en matière de politique de la recherche doivent être appliquées de manière plus rigoureuse.

– Les Hautes Ecoles (financées par le secteur public) devraient pouvoir bénéficier de davantage d’autonomie pour s’imposer dans un contexte international où la concurrence fait rage.

– Pour economiesuisse, l’Etat doit augmenter la part du Produit intérieur brut (PIB) qu’il consacre à la recherche (0,7% actuellement) s’il veut que la Suisse reste dans le camp des meilleurs.

– La fédération patronale est également favorable au relèvement des taxes d’études, avec un système de prêts ou de bourses pour les étudiants brillants mais pauvres.

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