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Des Suisses sont témoins des violences à Hébron

A Hébron, la présence de 400 Israéliens accroît la tension avec les 120 000 habitants arabes. Keystone

Une équipe de Suisses est à Hébron, en Cisjordanie, dans le cadre d'une mission d'observation. Elle a été mise sur pied par la Communauté internationale après le massacre de 29 Palestiniens par un colon extrémiste en 1994. Reportage.

L’annulation du sommet de Charm el-Cheikh, en Egypte, qui devait réunir jeudi le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Ehoud Barak, ne change rien à leur mission. Bien au contraire.

Le travail de ces observateurs est certes difficile. Car il s’effectue au quotidien dans une poudrière où la présence de 400 Israéliens au centre-ville accroît la tension avec les 120 000 habitants arabes de la cité des Patriarches.

Dans les ruelles d’Hébron, les observateurs internationaux ne passent pas inaperçus, revêtus de leur gilet par balles bleus, et de leurs véhicules flanqués de l’inscription TIPH: Présence internationale temporaire à Hébron.

Parmi les observateurs, quatre-vingt Norvégiens, Suédois, Turcs, Danois, Italiens et huit Suisses, tous dépêchés après le massacre par un colon juif de 29 Palestiniens en prière en 1994 à la mosquée Ibrahim, lieu saint musulman et juif, censé abriter le Caveau d’Abraham, le patriarche commun aux trois religions monothéistes.

«Nous sommes là pour les Palestiniens», affirme sans détours Andréas Wagner, un des observateurs suisses qui explique le sens de leur mission.

«On est présent avec des patrouilles 24 heures sur 24. Le but est de donner aux Palestiniens un sentiment de sécurité et d’essayer de normaliser la vie quotidienne. On observe et on écrit des rapports qui sont transmis aux deux parties, israélienne et palestinienne, souligne Andréas Wagner. Bien sûr, on n’a pas de fonction militaire ni policière. Ce n’est pas dans notre mandat.»

Leurs rapports sont confidentiels. Les observateurs prennent également des photos. Autant d’indices transmis aux chancelleries des pays impliqués. Ainsi, le monde entier connaît la réalité violente du huis clos d’Hébron, une ville soumise actuellement au couvre-feu. Et lorsqu’il s’agira d’envoyer une force internationale dans les territoires palestiniens, le travail accompli par la TIPH pèsera, font valoir ses défenseurs.

Mais Andréas Wagner indique aussi les limites de leur mission: comment restaurer le calme sans réelle capacité d’intervention? Les colons juifs d’Hébron détestent «les étrangers».

De leur côté, les Palestiniens sont satisfaits qu’on se soucie d’eux, notamment par le biais de distributions de nourriture, tout en se demandant parfois à quoi servent réellement ces observateurs.

Le plan de paix américain semblait jeudi en difficulté après l’annulation d’un sommet prévu dans la journée entre Ehud Barak et les présidents palestinien et égyptien Yasser Arafat et Hosni Moubarak.

Au cours de ce sommet, les deux parties étaient censées examiner les propositions de paix du président américain Bill Clinton, acceptées par Israël comme base de discussions, mais jugées inacceptables en l’état par les Palestiniens, qui ont demandé des éclaircissements.

Georges Malbrunot, Hébron

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