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Des transfusions deux fois plus sûres

La Croix-Rouge effectue chaque jour 1500 à 2000 tests de dépistage. Keystone Archive

Dès le 1er mars, le sang prélevé par la Croix-Rouge suisse sera soumis à deux tests de dépistage du HIV. De quoi renforcer la sécurité des transfusions.

Baptisé PCR (pour «polymerase chain reaction»), ce test issu du génie génétique présente l’avantage de détecter le virus lui-même et non plus les anticorps fabriqués par l’organisme pour s’en défendre. Résultat: la contamination est décelable 10 à 12 jours après l’entrée du virus dans l’organisme au lieu de 20 jours jusqu’ici.

«Cette différence devrait nous permettre de réduire les risques de 50%», se réjouit le docteur Rudolf Schwabe, directeur du Service de transfusion sanguine de la Croix-Rouge suisse (CRS).

Virus à formes multiples

En effet, si une personne vient donner son sang 15 jours après avoir contracté le virus, le nouveau test permettra de le déceler, ce que l’ancien aurait été incapable de faire.

A vrai dire, la technique du test PCR n’est pas nouvelle. Depuis le 1er septembre 1999, la Croix-Rouge suisse l’applique au dépistage de l’hépatite C.

«Il a fallu un certain temps pour l’adapter au HIV, explique Rudolf Schwabe. Car contrairement à celui de l’hépatite C, le virus du sida existe sous plusieurs formes différentes. Et malheureusement, le nouveau test ne semble pas absolument capable de les déceler toutes.»

C’est pour cette raison que la CRS maintiendra l’ancien test, en y ajoutant simplement le nouveau. En soumettant ainsi chaque échantillon de sang à deux tests, on est à peu près sûr de couvrir toutes les formes connues du virus, même si certaines ne seront toujours pas décelables avant 20 jours.

Le PCR n’en représente pas moins un réel progrès. Développé par la Bâloise Roche et par l’Américaine Chiron (elle-même filiale de Novartis), ce test est en passe de s’imposer tant dans les hôpitaux suisses que dans ceux de la plupart des pays européens, même si aucun d’entre eux ne l’a encore rendu obligatoire.

La sécurité a son prix

La CRS s’attend donc à une nette amélioration de la sécurité des transfusions. Et celle-ci a son prix. Chaque année, les Suisses sont près d’un demi-million à donner de leur sang, ce qui oblige le laboratoire de la Croix-Rouge à effectuer entre 1500 et 2000 tests de dépistage par jour.

Comme le test PCR coûte entre 15 et 20 francs l’unité, l’augmentation de la facture globale frisera les huit millions par année. «Nous allons attendre quelques semaines, puis nous augmenterons le prix du sang que nous vendons aux hôpitaux afin de couvrir ces nouveaux frais», explique Rudolf Schwabe.

Malgré tout, le risque zéro n’existe pas davantage en Suisse qu’ailleurs. 51 personnes vivent actuellement avec un virus contracté en recevant du sang provenant des dons récoltés par la CRS. La majorité de ces cas remontent à la fin des années 80 ou au début des années 90. Le dernier en date a été signalé à l’été 2001, mais la chose n’était alors plus arrivée depuis quatre ans.

Meilleures indemnisations

Afin de dédommager ces victimes de la fatalité, la CRS a créé en 1993 un fonds de solidarité, qui leur a déjà versé pour six millions d’assistance financière. Et indépendamment de ce fonds, la Confédération versait à chaque victime d’une contamination par transfusion une prestation unique de 100 000 francs.

Or, l’Arrêté fédéral instaurant cette mesure est arrivé à échéance en avril de l’an dernier. Pour pallier ce manque, la CRS verse désormais 18 000 francs par année à chaque victime, et ceci dès le début de l’infection et non plus depuis le déclenchement de la maladie.

Selon la Croix-Rouge, ce nouveau règlement permet d’améliorer globalement la situation financière des personnes concernées.

Marc-André Miserez

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