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Descente aux enfers pour Swissair

Une alliance avec Air France permettrait à Swissair de redécoller. Keystone

La vague d'attentats aux Etats-Unis a accentué les difficultés de Swissair Group. Le manque à gagner s'élève à 65 millions de francs en une semaine. Le titre s'est écroulé jeudi à la Bourse. Et à court terme, le salut de la compagnie aérienne pourrait venir plus des banques que de la Confédération.

Rien ne va plus pour Swissair. La compagnie affiche 15 milliards de francs de dette brute. Elle s’attend même à une baisse de près de 15% du nombre de passagers transportés vers l’Amérique du Nord et de 5 à 10% sur les autres lignes. Résultat : le plan de restructuration du groupe devrait être révisé d’ici le mois d’octobre.

En danger de mort?

«Swissair en danger de mort?, c’est la grande question que tout le monde se pose», lance François Savary, économiste et analyste financier à Genève. «Swissair qui paie le lourd tribut d’une mauvaise gestion, était déjà menacée avant le 11 septembre, date des attentats.».

Mais pour l’heure, la compagnie est confrontée à une urgence: éviter une faillite. «La solution à très court terme pourrait venir des banques, affirme l’analyste, la compagnie ayant besoin très rapidement de liquidités»

«Mais même si les banques marquent de l’intérêt, il revient encore au directeur de la compagnie de prouver que son entreprise reste viable. Le plan de restructuration et d’économie annoncé par Mario Corti est sur la sellette», précise François Savary.

Mario Corti devra modifier ces plans, les réévaluer à la lumière des conséquences des attentats. Le conseil d’administration devrait discuter et prendre les décisions qui s’imposent durant le mois d’octobre, a précisé jeudi la Compagnie.

Une inévitable alliance

Pour l’instant, aucune mesure concrète n’a été annoncée, hormis une éventuelle réorganisation de Swisscargo, le fret aérien de Swissair Group. «Mais Mario Corti devra faire beaucoup plus, explique François Savary. Ainsi, de nombreux actifs seront probablement vendus pour faire rentrer de l’argent frais.»

Sur le long terme, une seule solution semble se profiler à l’horizon: «Si Swissair peut mourir à cause de certains concurrents, elle peut également revivre grâce à une alliance bien sentie avec d’autres compagnies.»

En clair, certaines compagnies peuvent envisager un rachat ou une collaboration avec Swissair qui est encore capable d’apporter des compétences et des services que d’autres n’ont pas.

«Une alliance avec Air France, compagnie actuellement très saine, peut être une solution, ajoute l’analyste, mais Swissair doit faire preuve de vigilance pour rassurer et conforter ces éventuels investisseurs ».

Et François Savary d’affirmer: «Air France ou d’autres compagnies européennes devrait être intéréssées par les services de Swissair Group, comme le Catering (Gate Gourmet) ou encore la maintenance et le fret. De plus, Swissair a un avantage sur les routes de l’orient par rapport à certaines compagnies d’Europe».

Ne pas compter sur une aide de l’Etat

Quant à l’aide de l’Etat dont on parle beaucoup ces jours, François Savary n’y croit pas beaucoup. «Si les USA et les pays d’Europe semblent vouloir aider leurs compagnies nationales, la Confédération y est opposée, même si elle n’a pas fermé les portes.»

Et de renchérir: «même si la Confédération change d’avis, l’argent apporté à Swissair ne sera qu’un coup de pouce, compte tenu des milliards de francs de dettes de la compagnie.»

Plongeon du titre et plainte des actionnaires

En attendant, l’annonce des pertes supplémentaire de Swissair Group a fait à nouveau plonger le titre à la Bourse suisse jeudi. L’action est même descendue jusqu’à 42 francs à la mi-journée, soit une descente de plus de 16%. Ceci n’a d’ailleurs fait qu’augmenter la morosité d’un marché qui voit l’indice SMI plonger de 4,5% à la clôture.

Cette situation inquiète vivement les actionnaires qui disent avoir été trompés par les dirigeants du groupe. Leur association de défense songe même à porter plainte. Cependant, ces actionnaires ont réaffirmé leur soutien à Mario Corti et réclament rapidement une réduction des surcapacités de Swissair Group.

Jean-Louis Thomas

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