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Deuxième pilier : les assurés trinqueront

Le projet ne toucherait pas les rentiers mais les jeunes assurés. Keystone

L'intention du gouvernement d'abaisser le taux d'intérêt minimal LPP inquiète les assurés. La Bourse, elle, réagit positivement.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP), en 1985, les assureurs ont toujours dû garantir un gain annuel de 4 % sur les avoirs-vieillesse (2e pilier) de leurs assurés.

Et les mauvais résultats boursiers enregistrés depuis deux ans n’y ont rien changé. D’où la petite surprise provoquée mercredi par le gouvernement.

Les Sept sages ont annoncé leur intention d’abaisser le taux d’intérêt minimal LPP à 3% dès le mois d’octobre. Ce qui a déclenché une tempête d’indignation dans le pays.

Les jeunes frappés en priorité

Avec cette annonce, les intérêts des bourses se retrouvent opposés à ceux des assurés. Jeudi matin, le cours des actions des assureurs suisses avait le vent en poupe. Et en premier lieu celui de la Rentenanstalt/SwissLife.

Mais les assurés sont inquiets. Que vont-ils perdre? En fait, les assurances ne sont pas toutes semblables. Et les assurés ne sont donc pas tous logés à la même enseigne. Il est néanmoins possible de réaliser quelques estimations.

Actuellement, la fortune de l’ensemble des caisses de pension atteint, en Suisse, 600 milliards de francs. Une baisse de 1% de l’intérêt minimal, comme celle annoncée, représente donc une perte de 6 milliards de francs pour l’ensemble des assurés.

Si l’intérêt minimal de 3% devait être conservé à l’avenir, alors les pertes, en terme de rentes, seraient différentes en fonction des catégories d’âge.

Les 25-35 ans pourraient y laisser, en moyenne, 15% de leur futur capital. Pour les 35-55 ans, ce chiffre oscillerait entre 10 et 15%. Et pour les 55-65 ans, il serait, au maximum, de 5%. Quant aux retraités, ils ne sont pas concernés.

Syndicats mécontents

Du coup, l’annonce du gouvernement ne satisfait nullement les syndicats, qui crient au scandale. Selon eux, les fonds de prévoyance ont profité durant plusieurs années d’une situation boursière favorable sans en faire forcément bénéficier les assurés.

Colette Nova, de l’Union syndicale suisse (USS), ajoute que l’effet devrait être moindre pour ceux qui possèdent une bonne assurance. C’est à dire pour les revenus élevés. Les bas salaires, et même les moyens, risquent au contraire de trinquer.

De façon générale, la Suisse soigne bien ses retraités. Une comparaison européenne, effectuée en 1999 par l’European Federation for Retirement Provision, le montre bien. Dans cette étude, la Grande-Bretagne occupe la première place en matière de fonds de pension.

Les Pays-Bas suivent en deuxième position. En troisième place, les fonds de pension allemands représentent une somme de 317 milliards d’euros. Et juste derrière, la Suisse, avec ses réserves de 300 milliards d’euros (450 milliards de francs, en 1999). Reste à savoir si les Suisses sauront conserver cette place de choix…

Selon la cheffe du Département fédéral de l’intérieur, Ruth Dreifuss, une décision définitive du gouvernement doit tomber fin août.

Le parlement délibère lui-aussi d’une révision de la LPP depuis ce printemps. Et le Conseil des Etats devrait en débattre durant sa session d’automne. Mais la question du taux d’intérêt minimal n’a pas été abordée.

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