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Deuxième pilier: la rue demande des comptes

Détail du tract de l'USS. www.sgb.ch

Les syndicats appellent les assurés du deuxième pilier à manifester sur la Place fédérale. Et ils comptent sur une mobilisation massive samedi.

La décision de baisser le taux d’intérêt minimal à verser aux futurs rentiers ne passe décidément pas.

«Nous laisser piquer nos rentes? Pas question!» Plutôt agressifs, les tracts de l’Union syndicale suisse (USS) dénoncent globalement «sept escroqueries» dans différents domaines des assurances sociales.

De son côté, Hugo Fasel, président de la Confédération des syndicats chrétiens de Suisse (CSC) espère bien que la classe moyenne osera descendre dans la rue. Car après tout, il s’agit aussi de son argent.

Combien seront-ils à répondre à l’appel des deux grandes centrales syndicales du pays?

Les organisateurs de la manifestation ne peuvent pas en préjuger. Mais les chiffres de 10 000, voire 15 000 personnes sont d’ores et déjà avancés.

Crise ouverte

La semaine dernière, l’USS a claqué la porte des entretiens convoqués par le Conseil fédéral en signe de protestation.

Pour les syndicats, les sept Sages ont clairement cédé au lobby des assureurs.

Certes, depuis l’annonce initiale faite au début juillet, le gouvernement a mis un peu d’eau dans son vin, en remontant de 3 à 3,25% le taux minimal qu’il souhaite voir appliquer.

Mais par rapport aux 4% actuels, les pertes seront tout de même conséquentes pour les rentiers. Suivant leur situation, ils pourraient voir leur deuxième pilier fondre de 15 à 20%.

Il y a caisse de pension…

A vrai dire, la colère des syndicats est surtout dirigée contre certaines grosses compagnie d’assurance comme la Rentenanstalt ou la Winterthur.

Car parmi les 4000 caisses de pension qui gèrent le deuxième pilier, les pratiques peuvent être fort différentes.

«Nous n’avons rien contre les caisses autonomes, précise Colette Nova, secrétaire dirigeante à l’USS. Elles sont à but non lucratif, elle ne font que du deuxième pilier et leur comptabilité est parfaitement transparente».

Qui plus est, ces caisses, au cours des années de vaches grasses, ont régulièrement servi à leurs assurés de rendements très au-delà des 4% de plancher réglementaire.

…et caisse «boîte aux lettres»

«Mais à l’opposé, vous avez des institutions qui ne sont que des boîtes aux lettres pour de grosses compagnies d’assurance vie», poursuit la spécialiste de l’USS pour les questions relatives aux assurances sociales.

«Ces caisses ne vous donnent aucune information sur l’état de leur fortune, ni aucun droit de codécision», ajoute Colette Nova.

De plus, «elles rétribuent leurs actionnaires, et paient grassement un management qui peut, selon Colette Nova, dilapider de l’argent dans des aventures commerciales»

Bref, pour les syndicats, ces compagnies ne méritent pas le titre de caisses de pension.

Au moins 20 milliards de perdus

De combien les assurés ont-ils été floués à l’époque où une partie de leur fortune a été engloutie dans la corbeille de la Bourse? Colette Nova aimerait bien le savoir.

«Comme nous n’avons pas de chiffres, nous sommes obligés de faire des estimations. En étant très gentil, nous arrivons à au moins 20 milliards de francs», estime la secrétaire USS.

Les syndicats veulent maintenant que l’on dise aux assurés où est passé cet argent. «Si certaines caisses l’ont dilapidé, ce n’est pas aux assurés d’en supporter les conséquences», conclut Colette Nova.

Réprobation générale

L’USS et la CSC ne sont pas seules à monter au créneau. Depuis le début de l’été, une bonne partie de la classe politique a condamné la décision que le Conseil fédéral entendait prendre seul.

Et cela même si, formellement, la loi lui en donne le pouvoir.

Les commissions parlementaires des deux Chambres ont dit leur désaccord et, à la demande de la gauche et des Verts, le Parlement tiendra à ce sujet une session extraordinaire, en principe le 3 octobre.

En attendant, la parole est à la rue.

swissinfo/Marc-André Miserez

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