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Du catch à la sauce helvétique

Le catch, entre sport et spectacle... swissinfo.ch

Après la lutte suisse, libre ou gréco-romaine, une nouvelle forme de combat, plus moderne et plus glamour, tente de se faire une place en Suisse.

Loin des shows télévisés à l’Américaine, swissinfo a rencontré deux jeunes passionnés de catch, un «sport spectacle» plus exigeant qu’il n’y paraît au premier abord.

Lorsqu’il monte sur le ring, Marco Jaggi prend le pseudonyme d’Ares. Véritable petit héros local, il est un des trois catcheurs suisses à se rendre dans des compétitions organisées à l’étranger.

Sur le plan national, une petite dizaine d’autres lutteurs – dont l’ancien breakdancer Fabian Mori – se retrouvent régulièrement pour pratiquer ce sport particulier.

Pour l’heure, leur art attire régulièrement quelques centaines de spectateurs. En secret, ils espèrent pouvoir un jour conquérir les écrans de télévisions comme leurs «grands frères» américains

D’ici là, le plus sûr moyen de les voir à l’œuvre est de se rendre autour d’un ring, comme celui situé dans une vieille ferme de Kallnach dans le canton de Berne.

Au moment de l’entraînement, le son des corps percutant violement le sol résonne dans la grange. Les cordes vibrent juste après qu’un catcheur a pris son envol depuis l’un des quatre coins du ring pour se jeter sur son adversaire. Et quand les prises sont trop douloureuses, de grands râles se font entendre. Un peu à l’écart, les vaches assistent, impassibles, à cet étrange spectacle.

Ange et démon

Marco Jaggi s’est intéressé de près au catch à partir de 1998. Pour lui, l’attrait principal de ce sport est l’étrange mélange de l’effort physique et du jeu d’acteur. Comme aucune possibilité d’entraînement n’existait alors en Suisse, il a décidé de suivre un camp d’entraînement de quatre semaines à Berlin. Son premier combat n’allait pas tarder.

Sept ans plus tard, Ares est un athlète respecté de la scène européenne du catch. Mais ce statut a un prix. Marco Jaggi, s’entraîne trois fois par semaine sur le ring, pratique assidûment le footing et sculpte son corps en soulevant des poids et des barres de fer.

Etudiant sans histoire à la ville (il suit les cours d’informatique et d’économie à l’Université de Zurich), il se transforme en combattant sans foi ni loi au moment de monter sur le ring.

«Le ring te donne une nouvelle identité, j’aime jouer les mauvais garçons. Je triche dès que l’arbitre fait mine de regarder ailleurs», admet-il.

«Malheureusement, le catch n’est pas bien payé en Europe. Il est possible de gagner quelque argent mais cela est sans comparaison avec ce qui se passe aux USA, au Mexique et au Japon.»

Désireux de passer professionnel une fois ses études terminées, Marco Jaggi envisage sérieusement la possibilité de s’expatrier aux Etats-Unis. Jeune homme pressé, il ne peut se résoudre à attendre que son art devienne populaire dans son pays.

«La majorité des personnes pense que le catch n’est pas un vrai sport, regrette-t-il. Mais ceux qui affirment cela ne sont jamais venus passer quelques minutes au bord du ring. En vérité, le catch est très exigeant physiquement.»

Beaucoup d’appelés…peu d’élus

Si beaucoup de jeunes tentent l’aventure, peu d’entre eux la continuent. Il faut être très fort pour supporter la dose élevée d’entraînement et la douleur. Ancien breakdancer, Fabian Mori, lui, tient le choc.

«Seul un entraînement drastique et intensif permet de minimiser les risques de blessure, assure-t-il. Mais le catch n’est pas juste un combat. Nous sommes amenés à jouer un rôle sur le ring.»

Entre les cordes, Fabian Mori devient Air 2 Style. Son atout principal est sa vitesse: «Je suis un catcheur plutôt technique et je réalise passablement d’acrobaties durant mes combats. La force pure est mon point faible.»

Convaincu que le public se réjouit de l’opposition de style des lutteurs, Fabian Mori partage le pessimisme de Marco Jaggi sur le futur du catch en Suisse. Les showmen suisses du catch mettront encore bien longtemps avant de convaincre leurs compatriotes de se masser autour du ring pour vibrer à leurs exploits.

swissinfo, Julie Hunt à Kallnach
(Traduction et adaptation de l’anglais, Mathias Froidevaux)

Quelques termes anglais de catch et leur traduction:

Wrestling: catch
Clothesline: coup de la corde à linge
Irish Whip: projection
Job: perdre, aider son adversaire à gagner pour le faire paraître très fort aux yeux des spectateurs
Shoot: coup porté de manière véritable
Turnbuckle: coin du ring

– Les Etats-Unis, le Japon et le Mexique sont les pays où la pratique du catch connaît aujourd’hui la plus grande popularité.

– Aux USA, la pratique de ce «sport spectacle» commence à la fin du 19ème siècle. Il en va de même au Japon puisqu’en 1883, Shokichi Hamada, un ancien sumo, quitte le Japon pour aller aux U.S.A. en qualité de premier catcheur japonais et revient cinq ans plus tard au pays avec 20 catcheurs américains pour une série de réunions.

– Au Mexique, le premier spectacle de catch a été organisé le 21 septembre 1933.

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