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DVD Zone 1: la chasse aux pirates est ouverte

Il s'agit d’éviter la vente ou la location de films avant leur sortie en salles. Keystone Archive

Les grandes majors hollywoodiennes s'attaquent aux vidéoclubs qui proposent encore des DVD Zone 1 en Suisse.

Interdits depuis six mois, ces films – destinés aux USA et au Canada – représentaient un marché particulièrement florissant en Suisse romande.

A Genève, deux vidéoclubs sont sous le coup de procédures civiles pour vente et location de DVD Zone 1.

Les plaintes ont été déposées par l’Association suisse pour la lutte contre la piraterie (SAFE), qui représente les filiales suisses de majors hollywoodiennes. La même association qui s’était battue pour l’introduction d’un article dans la nouvelle loi sur le cinéma.

Entrée en vigueur en août 2002, cette clause interdit la vente de DVD qui viennent d’autres zones régionales que la zone européenne. Son but premier est d’éviter que des films ne soient vendus ou loués avant même leur sortie en salles.

Les Romands, premières ‘victimes’

La Suisse romande est particulièrement concernée. Destinés au marché nord-américain, les DVD Zone 1 sont doublés en français pour le Canada.

Ils permettaient donc aux Romands de découvrir des films qui n’étaient pas encore sortis en salles (ou qui ne sortiraient jamais) en version française.

Ou plutôt, ils permettent… Parce que tout le monde n’a pas accepté de se plier aux nouvelles règles. De nombreux vidéoclubs continuent d’offrir de la Zone 1 à leurs clients. Surtout dans la région genevoise.

«Ici, tous les vidéoclubs le font ou presque», affirme une vendeuse, à Genève.

Les récalcitrants

«Nous avons renoncé pendant quelques mois. Mais la demande était tellement forte que nous avons décidé de les remettre en location», confie une gérante de vidéoclub en Suisse romande qui, craignant un contrôle, souhaite reste anonyme.

«Et puis, nos principaux concurrents continuent de proposer des DVD Zone 1. On est bien obligé de le faire aussi», poursuit-elle.

Pour combien de temps encore?

Mais la SAFE est bien décidée à corriger ces vidéoclubs rebelles. «Pour nous, les procès de Genève doivent servir d’exemple», lance le porte-parole de l’association Roger Chevallaz.

Sous pression, les récalcitrants n’ont pourtant pas l’intention de renoncer. Pas pour l’instant.

«On prend le risque. Mais on est prudent et bien organisé, répond notre gérante anonyme. Il y a beaucoup de complicité entre le fournisseur, le vidéoclub et le client. D’ailleurs, je ne louerais pas des DVD Zone 1 à n’importe qui!»

Acquis à la ’cause’

Cela dit, les vidéoclubs réagissent différemment selon les régions. A Fribourg, par exemple, les gérants se sont mis d’accord pour respecter la loi. Si l’un d’eux ‘rompt le pacte’, il fera inévitablement du tort à l’autre.

«Au début, nous avons constaté une perte du chiffre d’affaires d’environ 20 à 25%, mais tout s’est arrangé par la suite», analyse Serge Biolley, propriétaire d’un vidéoclub à Villars-sur-Glâne (FR).

Et il va plus loin. Aujourd’hui, ce gérant estime que la loi lui a permis d’augmenter ses ventes. Notamment parce qu’elle a éliminé des concurrents gênants: les géants, comme Media Markt ou City Disc.

Avant l’introduction de la nouvelle loi, ces ‘supermarchés du DVD’ vendaient de la Zone 1 à des prix que les petits commerces ne pouvaient concurrencer.

Perte de chiffre d’affaires

Mais ils ont dû se résoudre à respecter la loi. Trop visibles, ils ne pouvaient tout simplement pas se permettre de la contourner. Et aujourd’hui, les conséquences sur leurs chiffres d’affaires sont évidentes.

«La Zone 1 représentait 15 à 20% de nos ventes DVD. Nous avons donc subi une perte très importante. Et ça ne s’arrange pas», constate le directeur de City Disc, Markus Coradi.

Absurde

Les opposants à l’article de loi relèvent encore l’absurdité et l’hypocrisie de la situation.

«Les clients qui achetaient des DVD Zone 1 sont des fans. Ils n’ont pas renoncé parce qu’il y a une loi, assure Markus Coradi. Désormais, ils passent leur commande par Internet.»

«C’est vrai, reconnaît l’avocat de SAFE. Il est interdit d’importer ces produits pour les vendre ou les louer sans passer par les détenteurs des droits de distribution. Mais un privé peut très bien en acheter pour ‘sa propre consommation’.»

swissinfo, Alexandra Richard

– Zone 1: l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada)

– Zone 2: Europe de l’Ouest, Japon, Afrique du Sud, Turquie et Moyen-Orient

– Un film américain sort en Zone 1 trois à six mois avant la sortie en Zone 2. Un délai qui tend à se raccourcir.

– A chaque zone correspond un type de lecteur DVD. Mais cette première ‘barrière’ est tombée avec le système de dézonage (qui permet de rendre le lecteur compatible avec tous les types de DVD). Et désormais on trouve également des lecteurs universels à la vente.

– La clause concernant les DVD est inscrite dans la Loi fédérale sur le droit d’auteur (art.12 alinéa 1bis). Cette disposition est une annexe à la nouvelle loi sur le cinéma, entrée en vigueur le 1er août 2002.

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