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Echec au concordat sur la médecine de pointe

Verena Diener a défendu la position du canton de Zurich. Keystone

Les Zurichois persistent et signent: la médecine hautement spécialisée doit être concentrée sur 2 pôles, Zurich et la Suisse romande (Genève-Lausanne).

La Conférence des directeurs cantonaux de la santé ne cache pas son incompréhension et ses regrets. Elle exige un arbitrage de la Confédération.

Zurich ne veut plus négocier avec le concordat intercantonal: la médecine de pointe doit être répartie entre deux centres suisses et non six comme le veulent les autres cantons.

Déjà ratifiée par plusieurs cantons, la Convention intercantonale relative à la coordination et la concentration de la médecine hautement spécialisée (CICCM) aurait dû entrer en vigueur en 2008. Pour ce faire, elle aurait dû être ratifiée par au moins 17 cantons, dont ceux, comme Zurich, qui abritent un hôpital universitaire.

Mi-juillet, Zurich avait exigé que le concordat soit renégocié. Mais la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS) a estimé que la condition posée par Zurich, soit la concentration de la médecine de pointe sur deux pôles, un à Zurich et un en Suisse romande (Genève et Lausanne), n’était «pas négociable».

Expertise en 2006

Devant la presse jeudi à Zurich, la ministre zurichoise de la Santé a indiqué que le Conseil d’Etat (gouvernement cantonal) a tiré les conséquences de ce refus. Tant que la CDS ne revient pas sur son idée de répartir la médecine hautement spécialisée entre six hôpitaux suisses, le canton de Zurich ne reprendra pas les négociations.

Mais Zurich, dont la démarche est soutenue par tous les cantons de Suisse orientale, n’attendra pas passivement. Mme Diener a indiqué qu’elle allait commander une expertise à des spécialistes indépendants et en partie étrangers.

Le but de cette étude est de montrer comment la médecine hautement spécialisée va évoluer durant les prochaines années et quelles priorités il faut osbserver. Les premiers résultats de l’expertise sont attendus pour 2006. Le canton veut ainsi tenter de relancer la discussion avec les cantons et la Confédération sur de nouvelles bases.

«Six hôpitaux, c’est trop»

Mme Diener est persuadée que «six hôpitaux qui proposent des soins hautement spécialisés en Suisse, c’est clairement trop». Ils n’auront pas suffisamment de patients pour assurer une qualité suffisante de soins. Berne, Bâle et St-Gall devraient donc renoncer à la médecine de pointe.

La stratégie de la CDS revient à «cimenter le statu quo», selon la ministre zurichoise. Selon elle, les cantons se bornent «à coordonner la médecine de pointe alors qu’il faudrait la concentrer, si on veut maîtriser ses coûts».

Cela conduira en outre à un affaiblissement de la médecine de pointe et de la recherche en Suisse, a-t-elle dit. Alors qu’elles devraient justement être renforcées face à une concurrence internationale de plus en plus forte dans ce domaine.

La CDS ne comprend pas

La décision zurichoise suscite de «l’incompréhension» auprès du comité directeur de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé. En faisant échouer la convention, Zurich paralyse le processus de regroupement de la médecine hautement spécialisée dans toute la Suisse, regrette le communiqué de la CDS.

Celle-ci continuera toutefois à tout mettre en oeuvre pour trouver des solutions consensuelles entre les cantons. Le comité de la CDS estime en effet que limiter les prestations de médecine de pointe à certains sites et les mettre en réseau constitue «une solution à la fois efficace et politiquement soutenable».

Cornelia Oertle de la CDS pense que l’expertise annoncée par Zurich n’est pas nécessaire. De nombreuses analyses ont déjà été réalisées pour préparer la convention, a-t-elle indiqué à l’ats.

Si les cantons n’arrivent pas à se mettre d’accord, la Confédération pourrait finir par intervenir, comme le permet la nouvelle péréquation financière. Le concordat intercantonal aurait dû régler les transplantations d’organe, la chirurgie du coeur et de l’hypophyse, la cardiologie pédiatrique ainsi que les opérations sur les grands brûlés.

swissinfo et les agences

– La Convention intercantonale relative à la coordination et la concentration de la médecine hautement spécialisée (CICCM) aurait dû entrer en vigueur en 2008.

– Pour cela, elle aurait dû être ratifiée par au moins 17 cantons, dont ceux, comme Zurich, qui abritent un hôpital universitaire.

– Zurich ne veut plus négocier: la médecine de pointe doit être répartie entre 2 centres suisses et non 6 comme le veulent les autres cantons.

– Le CICCM était censé régler les transplantations d’organe, la chirurgie cardiaque et de l’hypophyse, la cardiologie pédiatrique ainsi que les grands brûlés.

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