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Eco 2000: argent des dictateurs, la Suisse fait le ménage

Graphique Argent des dictateurs. swissinfo.ch

Cette année encore, les affaires concernant des fonds détournés par des ex-dictateurs ou des chefs d´Etat étrangers ont fait la une des médias. La nouveauté c´est que, cette fois-ci, la Commission fédérale des banques a frappé du poing sur la table.

Fin août, dans la chaleur de l’été, la Commission fédérale des banques (CFB) a infligé une véritable douche froide à quatorze établissements bancaires helvétiques. Elle a rendu public un rapport complet sur les 660 millions de dollars que l’ancien dictateur nigérian Sani Abacha et son entourage ont déposés en Suisse. De l’argent illégalement soustrait au Nigeria.

Sur les 19 banques examinées par la CFB, seuls cinq établissements ont correctement rempli leurs obligations de diligence en examinant en détail la provenance des fonds et en dénonçant le cas aux autorités compétentes. Les autres ont, à des degrés divers, failli à leur devoir.

Six banques ont même montré des défaillances graves, explique la CFB. Elles encourent des sanctions pouvant aller jusqu’à une amende de 10 millions de francs. En première ligne on trouve le groupe Credit Suisse qui a accepté plus de 210 millions de dollars des deux fils de Sani Abacha.

En montrant du doigt les banques impliquées et en détaillant leurs manquements, la CFB a indiqué qu’elle ne tolérait plus le laxisme de certains établissements et de leurs employés. Les fautifs seront sanctionnés et surtout dénoncés publiquement. Catastrophique au niveau de leur image.

«Les banques helvétiques n’ont pas besoin des fonds illicites pour se développer», lance Jacques Rosier, président de la banque privée Darier Hentsch. Il estime que la Suisse est probablement le pays le mieux équipé sur le plan juridique et bancaire pour lutter contre le blanchiment.

Pourtant, on observe toujours l’apparition de nouveaux dossiers. Dernier cas en date, celui de Vladimiro Montesinos, ex-chef des services de renseignements péruviens, dont 70 millions de dollars sont bloqués sur des comptes à Lugano et Zurich. Il est soupçonné d’avoir participé à des trafics de stupéfiants, des ventes d’armes ou de la corruption.

«Dans les affaires Abacha ou Mobutu, par exemple, la place financière suisse a été la première, et parfois la seule, à faire son devoir en bloquant les fonds de ces anciens chefs d’Etat», relève l’avocat genevois Carlo Lombardini.

Il est vrai que dans d’autres places financières, comme Londres ou les Etats-Unis, on semble peu se soucier de rechercher et de bloquer l’argent sale. Si la Suisse est souvent citée dans ce type de dossiers, c’est peut-être aussi parce qu’elle fait mieux son travail d’enquête.

Luigino Canal

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