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Les Suisses de l’étranger ont massivement rejeté l’initiative «No Billag»

Le rejet de l'initiative «No Billag» au sein de la diaspora dépasse de plusieurs points celui de la moyenne nationale. Keystone

Tout comme leurs compatriotes de l’intérieur, les Suisses de l’étranger ont balayé dimanche l’initiative «No Billag», qui voulait supprimer la redevance pour la radio et la télévision et interdire tout financement public de l’audiovisuel. Dans de nombreux cantons, la diaspora a voté «non» à près de 80% des voix. 

Sauvegarder un service public audiovisuel de qualité apparaît comme une évidence aux yeux des Suisses de l’étranger. Dimanche, ils ont ainsi refusé l’initiative «No Billag» à une écrasante majorité. C’est ce que démontre l’analyse des résultats de la votation du 4 mars 2018 dans les 12 cantons qui comptabilisent de manière séparée les votes des Suisses de l’étranger.

Alors que la population suisse a rejeté dans son ensemble ce projet à 71,6% des voix, le «non» l’emporte à une plus forte proportion encore au sein de la diaspora dans les 12 cantons pris en compte dans l’analyse. Il dépasse même les 80% dans les cantons de Genève (82,7%) et de Bâle-Ville (82,2%).

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Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer ce vote massif de la diaspora en faveur du service public audiovisuel. Différentes études montrent que les Suisses de l’étranger ont tendance à voter de manière un peu plus progressiste que leurs concitoyens restés au pays, ce que semble une nouvelle fois confirmer la votation de dimanche. L’initiative a en effet été lancée par de jeunes politiciens ultra-libéraux et, parmi les grands partis, seule l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) s’était prononcée en faveur de «No Billag».

Attachement très fort à la diversité de la Suisse

Le vote de dimanche confirme également une observation faite lors de précédents scrutins, à savoir que les expatriés ont tendance à faire davantage confiance aux mots d’ordre lancés par le gouvernement et le Parlement suisses que l’électorat resté au pays. Dans le cas présent, ils ont aussi suivi la recommandation de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), l’association faîtière de la Cinquième Suisse, qui s’opposait à l’initiative «No Billag».

Interrogée par swissinfo.ch, la directrice de l’OSE Ariane Rustichelli estime que le net rejet de l’initiative «No Billag» au sein de la diaspora s’explique surtout par «l’attachement très fort que les Suisses de l’étranger manifestent à l’égard à la diversité culturelle de leur pays d’origine, ceci au travers d’un service public de qualité», et moins par des considérations purement politiques.

Enfin, il faut rappeler que les Suisses de l’étranger sont exonérés de la redevance destinée à financer la radio et la télévision publique en Suisse. Ils n’auraient donc pas profité des économies de plusieurs centaines de francs réalisées par chaque ménage en cas d’acceptation de l’initiative.

Le fait que les expatriés puissent se prononcer sur des sujets qui ne les touchent pas directement fait régulièrement débat en Suisse. En 2015, à l’occasion d’un vote très serré, les Suisses de l’étranger avaient ainsi été accusés d’avoir fait pencher la balance en faveur de l’introduction d’une redevance radio et TV généralisée, alors même qu’ils ne paient pas cette redevance comme tout le monde. Une accusation qu’il sera difficile de leur formuler cette fois-ci au vu du résultat sans équivoque du scrutin.

L’analyse du politologue Marc Bühlmann, professeur de sciences politiques à l’Université de Berne:

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