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L’accord avec la Grèce suscite du scepticisme

La Grèce et l'Europe: une très vieille histoire... Keystone

Le spectre d’une crise majeure dans la zone euro semble pour l’heure s’éloigner. La Grèce pourra rester dans la zone euro et bénéficiera d’un nouveau prêt, mais au prix de réformes sévères. Mais pour la presse suisse de mardi, l’accord entre Athènes et Bruxelles est bien loin de résoudre tous les problèmes.

Au terme d’un long week-end de négociations, un accord a finalement été trouvé lundi matin. La Grèce n’est pour le moment plus menacée d’exclusion de la zone euro et elle se verra accorder un nouveau prêt pour la sauver de la paralysie complète de son système bancaire.

Mais ce nouveau prêt est assorti de conditions draconiennes.

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D’abord la faute aux Grecs 

La presse suisse de mardi ne se montre pas très tendre envers la Grèce. La grande majorité des commentateurs sont d’avis que ces conditions très dures sont avant tout dues à l’attitude d’Athènes jusqu’à présent. 

«C’est que, après cinq ans de promesses non tenues et de louvoiements d’Athènes, la méfiance est trop grande chez certains partenaires de la Grèce (Allemagne et pays du Nord en tête), les différences culturelles inconciliables», jugent 24 heures et la Tribune de Genève.  

«La dureté du langage – ce chantage, ont aussitôt dénoncé les critiques de Bruxelles – traduit l’exaspération d’une majorité d’Etats européens face à un partenaire qui, année après année, déboussole ses plus ardents défenseurs», note pour sa part Le Temps. 

En Suisse alémanique, l’analyse est généralement la même. La Neue Zürcher Zeitung parle par exemple d’une «politique budgétaire irresponsable depuis plus de dix ans» de la part d’Athènes. «Cela va toujours plus mal pour les Grecs en raison de la politique erronée de leur gouvernement. Les banques sont fermées, le chiffre d’affaires des entreprises s’écroule et les réservations des touristes sont en recul. Une profonde récession menace», note pour sa part Der Bund. 

Solution de compromis 

Le Temps résume bien le sentiment général: «Ce compromis est d’abord celui passé entre deux conceptions de l’Europe et de sa monnaie unique. L’une, incarnée par l’Allemagne, attachée aux règles édictées au nom d’une certaine discipline budgétaire, préalable nécessaire à un gouvernement économique européen qui donnerait tout son sens à l’euro. L’autre, dont le champion est la France, défendant une plus grande flexibilité dans l’application des plans de réformes structurelles et voulant encore croire à une sortie de crise par la relance de la croissance.» 

Certains analystes font d’ailleurs preuve d’une compréhension certaine pour la position de l’Allemagne. La Neue Zürcher Zeitung note au passage que «François Hollande se complait dans son rôle d’Européen plein de compassion. Il renvoie à l’Allemagne la partie désagréable consistant à protéger la stabilité de la monnaie». 

Mais les commentateurs font aussi montre d’un certain scepticisme. D’une part, le nouveau prêt ne donne pas forcément les moyens à la Grèce de rebondir économiquement. «Tsipras a capitulé face à la pression. Mais cela ne crée pas encore les conditions préalables à un développement sur la durée», estime le Tages-Anzeiger pour qui cet accord «n’est pas une véritable solution». 

Certains analystes estiment par ailleurs qu’Athènes reste un partenaire peu fiable. «Pratiquement personne ne s’attend à ce qu’Athènes ne mette en œuvre les exigences des créanciers», juge la Neue Zürcher Zeitung. 

Tsipras en sursis? 

La plupart des commentateurs estiment que l’accord trouvé risque de mettre le premier ministre grec en grande difficulté. «Le gouvernement d’Alexis Tsipras doit publiquement abandonner ce pourquoi le peuple de Grèce l’a porté lui et son parti au pouvoir: des mesures d’économie moins dures et une réduction de la dette», rappelle le Tages-Anzeiger. 

«Le premier ministre Alexis Tsipras a perdu le sourire qu’il arborait depuis son entrée en fonction au mois de janvier, écrit Der Bund. C’est avec une mine grave qu’il s’est rendu hier devant les caméras de télévision. Le bilan de son semestre à la tête du gouvernement est plein de désillusions. Durant la campagne électorale, il avait promis la fin du programme d’économie et une rupture avec la troïka. Il n’a rien pu tenir de tout ça.» 

«Reste à convaincre ses partisans qu’il est toujours l’homme de la situation. On le saura mercredi avec un premier vote du parlement grec sur cet accord», relève Le Temps.

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Mais si le vote n’est pas gagné d’avance à Athènes, un refus est aussi possible dans huit parlements européens qui doivent encore valider la proposition d’accord. Et parmi ces parlements, il y a ceux de l’Allemagne, de la Finlande et de la Slovaquie, qui sont peu enclins à faire des concessions à Athènes.

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