Des perspectives suisses en 10 langues

La Suisse se rêve en centre mondial des cryptomonnaies

A town next to a lake framed by mountains
Zoug, haut-lieu de la fintech en Suisse Keystone

Un nombre croissant de start-up spécialisées dans les cryptomonnaies se développe en Suisse. Elles s’installent en particulier dans le canton de Zoug. Le pays des banques s'efforce de devenir l'un des plus grands centres mondiaux de la technologie financière (fintech).

«La Suisse est en train de devenir un foyer pour démarrer une entreprise dans le domaine de la monnaie numérique. Nous avons été attirés par son leadership en matière de législation financière prudente», a déclaré Adam Traidman, PDG de Breadwallet, dans un communiqué de presse, citant également la «forte réputation de la Suisse pour la vie privée des consommateurs», comme autre raison de son implantation récente dans le pays alpin.

Le gouvernement suisse s’est engagé pour favoriser un tel développement. «Nous ne voulons pas que de bonnes idées partent en Californie. Nous devons changer de mentalité dans ce pays. Nous devons avoir plus de courage», a déclaré le ministre suisse de l’économie lors d’une récente visite dans la «Crypto Valley» de Zoug.

Johann Schneider-Ammann a ajouté qu’il essayait d’obtenir plus de 150 millions de francs suisses pour financer de nouveaux cours d’enseignement supérieur, des recherches et des chaires dans les domaines du numérique et des fintech.

La Suisse a déjà acconpli des progrès importants dans ces technologies qui promettent de révolutionner les services financiers. De nombreuses entreprises locales ont vu le jour, complétées par des participants étrangers comme Monetas, Xapo et maintenant Breadwallet.

Fondations

«Nous recherchons des entreprises dotées de modèles d’affaire et de ressources durables et qui génèrent des emplois», précise à swissinfo.ch le président de l’association Crypto Valley, Oliver Bussmann.

«L’autosuffisance est dans l’ADN de la Suisse. L’approche décentralisée des autorités permet aux gens de garder la maitrise de leur idée et de s’organiser pour construire leur projet.»

Le canton de Zoug offre un environnement des plus favorables avec de faibles taux d’imposition. Les autorités cantonales acceptent le bitcoin pour certains services et offriront rapidement des identités numériques décentralisées à leurs citoyens. Zurich et les autres cantons environnants bénéficient déjà de ces développements, et la Crypto Valley prévoit d’étendre ses activités à d’autres régions de Suisse.

Ces derniers mois, le secteur fintech en Suisse s’est renforcé avec l’arrivée de fondations de cryptomonnaies. Ces structures juridiques ont été en grande partie mises en place à Zoug pour abriter les produits de campagnes de crowdfunding, qui ont permis de réunir les capitaux de lancement d’entreprises globales de fintech. Lors du premier semestre de l’année, environ le quart des 1,2 milliard de dollars récoltés dans le monde par des Initial Coin Offering – une nouvelle manière de lever de fonds permettant aux start-up de récolter de l’argent en échange de jetons donnant droit à leurs produits – ont atterri dans ces fondations suisses.

«Elles s’appuient sur l’environnement juridique de la Suisse. Mais le développement et les ressources créatives des entreprises qui sont derrière ne sont pas situés ici, précise Olivier Bussmann. Cela génère beaucoup d’affaires pour les avocats et d’autres services, mais nous voulons que les recherches se déroulent aussi en Suisse.»

Dans cet esprit, Crypto Valley concentre ses efforts pour attirer en Suisse la recherche en fintech. L’association s’est associée à des universités suisses et, dès l’année prochaine, elle organisera régulièrement des conférences réunissant chercheurs, start-up et capital-risqueurs.

Olivier Bussmann précise: «Nos universités sont de première classe, mais elles sont entourées par des entreprises internationales, telles que Google ou IBM, qui absorbent les meilleurs talents. Nous voulons garder nos talents et nos connaissances dans le pays.» Pour atteindre cet objectif, Crypto Valley met en place des centres de recherche – d’abord dans la localité de Zoug, puis dans l’arc lémanique et peut-être à Lugano.

«Cela nous permettra de voir la prochaine génération d’innovation avant qu’elle n’atteigne le marché», assure Olivier Bussmann.

Entraves

Mais une récente réunion à Zoug a également relevé un certain nombre d’écueils au développement de ce secteur en Suisse. En premier lieu, la politique relativement restrictive à l’égard de la main-d’œuvre étrangère par rapport à celle de Londres et de Berlin.

Mona El Isa, fondatrice de Melteport, une start-up de gestion d’actif basée à Zoug, relève qu’il est difficile de réaliser son ambition en Suisse: «C’est une technologie très pointue qui n’est pas encore enseignée dans les universités. Il n’y a qu’une poignée d’autodidactes dans le monde qui ont les compétences requises. Mais les autorités suisses veulent des preuves de compétences et d’expériences de travail avant d’émettre des visas.»

Un autre problème tient au manque de financement à long terme pour les start-up en Suisse. Bien qu’il existe un financement initial pour les entreprises novatrices, le capital se désintègre quand la start-up veut se transformer en entreprise.

Pour combler ce vide, Johann Schneider-Ammann a réuni des acteurs privés, tels que UBS et Credit Suisse, pour constituer un fonds de 300 millions de francs pour soutenir les start-up dans cette étape critique.


Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision