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Démission surprise à la tête d’ABB: Fred Kindle s’en va

Fred Kindle avait été nommé président et directeur général en janvier 2005. Keystone

Le président et directeur général du géant industriel helvético-suédois Fred Kindle abandonne ses fonctions pour cause de divergences de vues sur la conduite de l'entreprise.

L’annonce de ce départ a crée une certaine surprise, d’autant que les résultats 2007 du groupe sont bons: le chiffre d’affaires a progressé de 20% alors que le bénéfice net a plus que doublé.

Reconnu par le monde économique comme un manager très compétent, Fred Kindle a largement contribué à la remise sur les rails du groupe électrotechnique zurichois lorsque celui-ci avait failli s’effondrer sous les dettes au début des années 2000.

Arrivé au sein d’ABB en septembre 2004, ce binational suisse et liechtensteinois, ingénieur de formation, en était devenu président et directeur général en janvier 2005.

C’est sous son règne et grâce aux bases posées par son prédécesseur Jürgen Dormann qu’ABB a renoué avec les chiffres noirs en 2005, une première depuis l’an 2000.

Dans son communiqué publié mercredi, le conseil d’administration souligne le rôle joué par Fred Kindle dans le redressement du groupe.

«ABB affiche une excellente forme et Fred Kindle a joué un rôle essentiel à ce titre ces dernières années», a déclaré Hubertus von Grünberg, le président du conseil d’administration de la multinationale zurichoise. Il a précisé qu’il n’y avait pas eu d’éclat au sein de la direction.

Elu entrepreneur de l’année 2007 – selon un classement de la HandelsZeitung établi par cent journalistes économiques de Suisse – Fred Kindle a notamment travaillé pour le groupe liechtensteinois Hilti et pour Sulzer.

Divergences sur les acquisitions

Les spéculations vont bon train sur la nature des divergences motivant ce départ.

Selon certains observateurs, le groupe serait aux aguets pour procéder à de gros rachats puisqu’il jouit d’un portemonnaie bien garni (plus de 4 milliards de dollars à fin 2007). Or Fred Kindle s’est lui toujours montré partisan de la modération en matière d’acquisitions.

Du côté des analystes, la surprise domine. «Nous avions une grande confiance envers le CEO Fred Kindle pour prendre les bonnes décisions en matière d’acquisitions, et son départ créée une incertitude considérable», ont commenté les analystes de J.P. Morgan dans une note à leurs clients.

Chez Citibank, Fred Kindle est considéré comme «probablement le CEO le plus efficace dans l’histoire d’ABB».

Résultats en hausse

Parallèlement à l’annonce du départ de son patron, ABB a communiqué ses résultats mercredi au lieu de jeudi comme cela était prévu à l’origine. Le bénéfice net du groupe a grimpé à 3,8 milliards de dollars (4,2 milliards de francs) en 2007, soit plus d’une fois et demi celui de 2006, qui se montait à 1,4 milliard de dollars.

ABB a notamment bénéficié de la vente de sa filiale Lummus Global. Spécialisée dans les installations pour les industries pétrolières, chimiques et gazières, celle-ci était empêtrée dans le dossier des plaintes liées à l’amiante aux Etats-Unis. Sa cession a rapporté quelque 530 millions de dollars.

Le chiffre d’affaires s’est lui inscrit à 29,2 milliards de dollars, a également indiqué ABB dans son communiqué. Les ventes ont ainsi progressé d’un cinquième par rapport aux 24,4 milliards de l’exercice précédent. Quant au résultat d’exploitation (EBIT), il a augmenté de plus de moitié à 4 milliards de dollars. Les entrées de commandes ont atteint 34,3 milliards de dollars, contre 28,4 milliards un an plus tôt.

La Bourse sceptique

A la Bourse suisse, l’action du groupe technologique a ouvert en forte baisse après l’annonce du départ de Fred Kindle. Vers 09h15, l’action perdait 7,4% à 25,4 francs, tandis que l’indice SMI ne reculait que de 1% environ.

Le retrait du CEO a été mal accueilli. Fred Kindle bénéficiait d’une bonne renommée auprès des investisseurs, des deux côtés de l’Atlantique. En outre, le remboursement de capitaux aux actionnaires (dividende de 48 centimes, sous la forme d’une réduction de valeur nominale) semble trop peu élevé aux yeux de certains analystes.

Pour ce qui est des objectifs de croissance, le conseil d’administration maintient ceux qu’il avait exprimés en septembre. Le groupe avait alors indiqué que d’ici à 2011, il comptait accroître ses ventes jusqu’à 11% par an et sa marge opérationnelle jusqu’à 16% chaque année.

swissinfo et les agences

Né 1988 de la fusion du Suédois Asea et du Suisse BBC Brown Boveri, ABB est l’un des leaders mondiaux des techniques de l’énergie et de l’automation.

Ces dernières années, le groupe helvético-suédois a traversé plusieurs phases tourmentées, qui l’ont mené au seuil de la faillite en 2001.

En novembre 2002, ABB avait annoncé la suppression de 10’000 emplois dans le cadre d’un programme de restructuration et d’économie.

Affecté par le dossier des demandes de réparation liées à la production d’amiante aux Etats-Unis via sa filiale Lummus Global, ABB a déboursé près de 2 milliards de francs en avril 2006, ceci après dix ans de procédure.

Ces dernières années, la stratégie d’ABB a consisté à se concentrer sur les technologies de l’énergie et de l’automation et à abandonner ses autres activités.

A la fin juin 2007, ABB employait environ 111’000 personnes dans 100 pays.

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