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Ethos veut la lumière sur les pertes d’UBS

Dominique Biedermann, directeur de la Fondation Ethos. Keystone

Suite aux pertes enregistrées par UBS dans le cadre de la crise des «subprime», la fondation Ethos ne se contente pas d'un simple retour à la normale. Elle demande des comptes au géant bancaire suisse.

Ethos exige des renseignements détaillés dans le cadre de l’assemblée générale extraordinaire d’UBS qui aura lieu en février.

Dans un communiqué publié jeudi, Ethos dévoile une liste de questions posées à l’UBS. Cela va de l’indépendance entre le contrôle et la gestion des risques à l’existence – ou non – d’un audit interne spécial en 2006 et 2007, en passant par les rémunérations des dirigeants.

L’organe de révision, Ernst & Young, se voit également soumis à interrogatoire. Il doit notamment dire s’il considère que le contrôle de la gestion des risques était adéquat.

Une réponse à l’AG

L’UBS et le cabinet d’audit devront répondre à l’occasion de l’assemblée générale (AG) extraordinaire, consacrée à la recapitalisation de l’établissement. Sa date exacte n’est pas encore agendée, mais elle aura lieu dans la seconde quinzaine de février, a déclaré Serge Steiner, porte-parole d’UBS. Ce sera donc après la publication des résultats annuels.

Ethos a d’ores et déjà demandé à l’entreprise d’inscrire un point supplémentaire à l’ordre du jour (pas encore publié). Il porte sur la demande d’un contrôle spécial par un expert indépendant.

Ces deux requêtes «devraient permettre de mettre en lumière d’éventuels dysfonctionnements en matière de gestion et de contrôle des risques», estime Ethos. Si les réponses de l’UBS ne la satisfont pas, la Fondation demandera de soumettre au vote la demande d’un contrôle spécial.

Des chances réelles d’être accepté

Ses chances d’être acceptée sont loin d’être nulles. La première règle est que plus de la moitié des actions représentées à l’AG acceptent la requête, explique Dominique Biedermann, directeur d’Ethos. Mais tout ne sera pas joué si ce seuil n’est pas atteint.

Le code des obligations prévoit en effet que si la proposition reçoit l’appui d’actionnaires représentant au moins 2 millions de francs de valeur nominale des titres (laquelle est de 10 centimes), mais moins de 50% des votes, «celui qui a déposé la demande peut choisir de la maintenir», poursuit Dominique Biedermann. Un juge, en l’occurrence à Zurich, sera alors chargé de transiger avec les parties.

Le directeur d’Ethos juge cette limite atteignable. Cela représente 20 millions d’actions, soit un peu plus de 1 milliard de francs de capitalisation au cours actuel. Les critiques récentes de plusieurs caisses de pension, et notamment celles du président du fonds de l’AVS, Ulrich Grete, sur la recapitalisation abondent en tout cas dans son sens.

Ethos réfléchit sur la recapitalisation

Ethos n’a pas encore décidé si elle allait accepter l’arrivée du fonds souverain singapourien GIC tel qu’elle est proposée. Ce dernier, ainsi qu’un investisseur anonyme du Moyen-Orient, vont souscrire à une augmentation de capital qui leur est spécialement destinée. Les autres actionnaires, qui verront leurs parts fortement diluées, en sont exclus.

L’opération se fera via un emprunt obligatoirement convertible en titres en 2009. D’ici là, le coupon sera de 9%. Dominique Biedermann ne cache pas que ce taux «lui fait aussi envie».

L’UBS est empêtrée dans une crise pour avoir misé lourd sur les dérivés de prêts hypothécaires à risque (subprime) aux Etats-Unis. Son exposition à ce type de risques reste de l’ordre de 29 milliards de dollars (33,6 milliards de francs) et pourrait par conséquent encore nécessiter des correctifs massifs. La banque risque en outre très fortement de terminer l’année dans les chiffres rouges, une première depuis la fusion entre l’UBS et la SBS en 1998.

swissinfo avec les agences

Ethos, Fondation suisse pour un développement durable, a été créée en 1997 à Genève par deux caisses de pension et regroupe actuellement 81 investisseurs institutionnels.

Elle a pour but de favoriser, dans les activités d’investissement, la prise en compte des principes de développement durable et des règles de bonne pratique de gouvernement d’entreprise. Elle se fonde sur les principes définis dans sa Charte.

La Fondation est propriétaire de la société Ethos Services qui assure l’ensemble des activités d’investissement et de conseil. Ethos Services est spécialisée dans le domaine des investissements socialement responsables (ISR).

Ethos Services conseille actuellement des fonds de placement et des mandats discrétionnaires gérés avec une approche ISR dont les actifs s’élèvent à 2,5 milliards de francs.

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