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Exercice d’équilibre en perspective pour l’IMD

Le nouveau président de l'IMD John Wells. swissinfo.ch

Pour le futur président de l'IMD Business School de Lausanne, rester innovateur et attirer les meilleurs professeurs du monde est la clé du succès.

John Wells, qui prendra ses fonctions au printemps 2008, explique à swissinfo comment il entend étendre la présence globale de l’école, tout en veillant à ne pas outrepasser ses capacités.

Le Britannique, actuellement professeur en pratique du management à la Harvard Business School, succèdera à Peter Lorange qui prend sa retraite après 15 ans à la tête de l’«International Institut for Management Development» (IMD)

swissinfo: Voux quittez la Harvard Business School pour rejoindre une de ses principales rivales. Qu’est-ce qui vous a convaincu de venir à Lausanne?

John Wells: La raison en est simple: je pourrai faire tout ce que j’aime! J’apprécie vraiment beaucoup le monde universitaire, faire de la recherche, enseigner et travailler avec des collègues sur de nouvelles idées. Mais j’aime aussi faire des affaires, créer des marchés et leur donner forme. La charge de président de l’IMD me permet de faire les deux choses en même temps.

swissinfo: Le programme MBA de l’IMD a été classé cette année numéro un par le «Financial Times». Que faudra-t-il faire pour rester en tête de ce classement?

J.W.: Ce qui m’impressionne le plus dans le programme MBA de l’IMD est son caractère innovateur, en comparaison avec d’autres programmes. Aussi longtemps que l’école continue à innover et à rechercher la pertinence et la haute qualité, aussi longtemps que les étudiants ressortent du programme mieux qualifiés pour les entreprises qui les engagent, je pense que nous continuerons à occuper de bonnes places au classement mondial.

swissinfo: Vous avez dit que la demande en prestations de l’IMD dépasse clairement les capacités actuelles et qu’il faudra faire des choix très clairs à l’avenir. Quelles sont les priorités, à vos yeux?

J.W.: Le grand défi, ce sera l’arrivée à l’âge de la retraite, ces cinq à dix prochaines années, de quelques enseignants dirigeants de l’institution. L’IMD ne fait pas exception dans ce domaine, car le problème se rencontre dans de nombreuses autres écoles.

Autre question prioritaire, celle des thèmes à aborder. Globalisation, exécution des affaires, leadership, etc. Ces thèmes sont très, très importants pour les entreprises et l’IMD reçoit un grand nombre de demandes de prestations liées à ces thèmes.

J’aime le mix proposé actuellement par l’IMD. Il faut cependant veiller à ne pas se perdre dans sa propre offre. Nous devons continuer à livrer des produits de haute qualité et à ne pas surcharger la faculté. Nous devons être très prudents sur ce que nous reprenons et ne reprenons pas à notre catalogue, afin de ne pas pousser les gens à leurs limites.

swissinfo: L’IMD a créé un centre de recherche pour la Chine à Shanghai et planifie un centre similaire à Mumbai, pour l’Inde. Est-ce que cela reflète une stratégie pour imposer la marque IMD dans le monde?

J.W.: La marque IMD est de plus en plus globale. Autrefois, on s’efforçait de faire venir les gens du monde entier à Lausanne. Avec le temps, les clients globaux ont commencé à demander des contenus adaptés à leur pays. Je pense que nous retirerons de clairs bénéfices à être présents dans plusieurs parties du monde.

swissinfo: Doris Leuthard, ministre suisse de l’économie, a lancé le mois dernier un appel pour que les grandes entreprises placent davantage de femmes aux postes dirigeants. Sur 60 professeurs, votre école n’a que quatre femmes. Cela va-t-il changer ?

J.W.: Je voudrais que le profil de notre corps professoral reflète de plus en plus le profil de la communauté globale que nous servons. Il en va ainsi pour les femmes, mais pas seulement. Notre faculté compte des représentants de plusieurs pays dans le monde, mais je ne crois pas que nous ayons beaucoup de professeurs africains. La question est donc plus large.

swissinfo: Les syndicats manifestent une colère croissante en Suisse contre les hauts salaires des managers. Vous qui êtes un ancien manager, quelle est votre position sur le sujet?

J.W.: Je salue les actionnaires qui s’intéressent aujourd’hui bien davantage aux salaires et aux indemnistés des grands patrons car, en fin de compte, c’est à eux de décider combien les managers recevront. Il est évident que certains salaires ont crevé tous les plafonds et que les actionnaires n’ont pas été assez actifs pour mettre la pression et s’assurer qu’ils obtiendraient la valeur correspondant à leur argent.

swissinfo: Vous avez dit que vous voyiez la Suisse comme un pays multiculturel et un endroit qui encourage une atmosphère ouverte pour le débat. Avez-vous été surpris par la virulence de certaines discussions de la campagne électorale actuelle?

J.W. J’ai vu certaines affiches que je qualifierais de décevantes, car elles ne reflètent pas la manière de faire les choses habituelle en Suisse. D’un autre côté, quelqu’un voudrait-il interdire ce genre de choses? Non, tout cela fait partie de la liberté d’expression. Mais je pense que ces affiches étaient malheureuses.

Ce que j’apprécie tout particulièrement en Suisse, c’est que les citoyens du monde entier y sont bien accueillis. On peut mener des discussions équilibrées sur toutes sortes de sujets avec des cadres du monde entier. C’est une des merveilleuses qualités de la Suisse.

Interview swissinfo Adam Beaumont
(Traduction et adaptation de l’anglais: Ariane Gigon)

John Wells a co-fondé en 1986 l’entreprise de conseil en management Monitor Company, dont il a dirigé les opérations européennes jusqu’en 1993.
Il a occupé des fonctions dirigeantes chez PepsiCo et Thompson Voyages avant de rejoindre la Harvard Business School en 2002.

L’IMD est l’une des meilleures écoles dans son domaine.

Elle est née en 1990 de la fusion de deux écoles d’affaires indépendantes, IMI, créee à Genève par Alcan en 1946 et IMEDE, fondée à Lausanne en 1957 par Nestlé.

Chaque année, quelque 8000 responsables d’entreprises représentant plus de 98 pays suivent plus de 20 cours d’Executive Development Programs (y-compris des MBA intensifs et des programmes EMBA).

Le programme de MBA de l’IMD est composé de plus de 90 participants de plus de 35 nationalités. Il dure 11 mois.

En 2007, ce programme a obtenu la première place du classement du «Financial Times» hors Etats-Unis et la 3e dans le monde.

Ce même programme a obtenu la première place mondiale du «classement des classements», la combinaison des classements de «Business Week», «The Economist», «Financial Times», «Forbes» et le «Wall Street Journal».

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