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Jacques Duchêne entre Baselworld et Singapour

Le président du comité des exposants au moment de l'ouverture de Baselworld 2005. Baselworld

A l'approche de la clôture, le président du comité des exposants tire un premier bilan favorable du salon horloger bâlois. Interview.

Comme membre du conseil de la Fédération de l’industrie horlogère suisse, Jacques J. Duchêne participera dès jeudi au voyage du ministre helvétique de l’économie en Asie.

Chaînon entre la direction de Baselworld et les 2200 firmes présentes sur les bords du Rhin, Jacques J. Duchêne est président du comité des exposants depuis 1996.

A 72 ans, le Genevois n’envisage pas pour l’heure de passer la main. Ancien directeur de la publicité extérieure chez Rolex, il a l’enthousiasme communicatif…

swissinfo: Baselworld s’achève dans quelques heures. Quel est votre sentiment sur la marche des affaires pour les exposants suisses. Quel sont les bruits?

Jacques J. Duchêne: La première chose à savoir est que les maisons exposantes ne communiquent pas leurs chiffres. C’est comme ça depuis que Bâle existe (33e édition cette année, ndlr).

Mais on peut se baser sur des impressions, sur les bruits. Vous savez, si les choses vont mal, les horlogers le disent assez! Il semblerait donc qu’on ait affaire à une bonne édition. Je viens d’ailleurs juste de rencontrer un directeur d’entreprise qui se dit très content.

L’année dernière, l’augmentation des exportations de l’industrie horlogère suisse a atteint 9,2%. Ce qui est remarquable. Avec 11 milliards de chiffre d’exportations, on a battu tous les records.

Le début de l’année a très bien commencé aussi, avec une progression d’environ 12%. Ce sont les chiffres avant Bâle. Et ceux de mars et avril ne seront pas connus tout de suite. Mais on peut considérer que nous ferons une bonne année. A moins que…

En effet, je ne suis pas Madame soleil! Et quand on voit le pétrole atteindre 58 dollars, on peut attendre quelques problèmes sur le plan de l’économie en général.

swissinfo: Que retenez-vous de Baselworld 2005? Y a-t-on vu de grandes nouveautés sur le plan technique ou esthétique?

J.J.D.: Bâle est l’occasion pour les entreprises de présenter leurs nouveaux modèles. C’est un test, un peu comme les salons de la mode à Paris. Créateurs et techniciens font des efforts considérables.

L’horlogerie a cela d’extraordinaire qu’elle évolue sans cesses, dans le design comme la technique. On croit tous les ans la fin de son évolution arrivée, et à chaque fois, on est surpris.

Sur le plan des nouveautés, il y a donc de très jolies choses, de très belles pièces. Mais en tant que président des exposants, je ne peux pas privilégier une marque plutôt qu’une autre.

Cela dit, l’horlogerie est en continuel mouvement. Et en tant que troisième branche d’exportation du pays, nous vivons de l’étranger. Nous en sommes tributaires à 95%. C’est sur ces marchés que nous devons nous battre.

swissinfo: Sur le plan de la concurrence justement, de quels pays la Suisse horlogère doit-elle de méfier?

J.J.D.: Elle ne doit se méfier de personne. Sinon des contrefaçons. Là est le gros problème. Certains pays contrefont quelques une de nos marques à des quantités astronomiques. Ce qui nous gêne considérablement.

Ce que nous devons faire, c’est défendre la qualité de nos produits. Mais aussi défendre vraiment le «Swiss made». Cela signifie qu’il faut le renforcer. Légalement, pour qu’une montre soit suisse, elle doit contenir 51% de matériaux fabriqués en Suisse tout en étant montée en Suisse. Il faut renforcer ce «Swiss made».

Plusieurs grands pays produisent des montres. La Chine et l’Inde d’abord, avec des fabrications en grandes quantités. Le Japon par contre a déjà fait sa mue. Il y a vingt ou trente ans, ses montres étaient de qualité plus ou moins moyenne. Maintenant, il fait de bon produit.

Les Japonais ont une attitude qui rappelle beaucoup celle de la Suisse. Désormais, ils sont eux-mêmes confrontés à des problèmes de contrefaçon, ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans. Ils possèdent des marques énormes, comme Seiko, qui produisent une quantité astronomique de montres.

Les Japonais restent des concurrents pour nous, c’est clair, mais je ne pense pas qu’ils puissent concurrencer de manière globale l’industrie horlogère suisse.

swissinfo: A partir de jeudi, vous accompagnez le ministre suisse de l’économie Joseph Deiss à Singapour et en Indonésie. Pourquoi?

J.J.D.: En tant que membre du conseil de la FH (Fédération de l’industrie horlogère suisse), je représenterai l’horlogerie suisse. Je vais dire que la Suisse est là – toujours – pour défendre sa qualité. Maintenir cette image de la Suisse pour gagner des marchés, c’est essentiel.

Singapour est le huitième marché d’exportation de l’horlogerie suisse. Les choses marchent bien. Par contre, en Indonésie, les droits de douanes très élevés sont un problème.

Au nom de l’horlogerie suisse, je vais donc défendre l’idée d’abaisser ces droits de douanes. Autre problème: à l’heure actuelle, l’Indonésie n’accepte pas le carnet ATA. Un des rares pays dans ce cas. Je vais tenter de les convaincre de changer d’optique.

Le carnet ATA permet d’importer temporairement des produits. Il vous permet d’organiser une exposition ou de présenter une collection de montres avant de la réexpédier en Suisse. Cela se pratique beaucoup dans l’horlogerie. Nous en avons besoin.

Interview swissinfo, Pierre-François Besson

Baselworld ferme ses portes jeudi 7 avril
Ce 33e salon de Bâle accueille 2197 exposants
Parmi eux, 412 Suisses, principalement de la branche horlogère
45 pays sont représentés
Et quelque 90’000 visiteurs attendus

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