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L’économie helvétique va mieux, mais…

Les Suisses devraient continuer à consommer en 2006 comme ils l'ont fait à fin 2005. Keystone

La croissance en 2005 a été supérieure aux prévisions. Le Secrétariat d'Etat à l'économie (seco) révise à la hausse son pronostic 2006. Mais sans euphorie.

Moins optimistes, les experts internationaux de l’OCDE lancent une mise en garde: la Suisse doit doper sa productivité et contrôler ses dépenses publiques.

Vendredi, le seco révise à la hausse ses attentes de croissance pour 2006. Selon les experts fédéraux, le produit intérieur brut (PIB) devrait augmenter de 1,8%, au lieu des 1,7% prévus précédemment. Et pour l’année écoulée, si le chiffre définitif n’est pas encore connu, le seco l’estime également à 1,8%, alors qu’en octobre, il s’attendait encore à 1,3%.

La croissance ne devrait donc pas s’accélérer. Mais son assise s’annonce plus large et exercera «progressivement des effets favorables sur le marché du travail plus nets qu’en 2005», prévoit le seco.

A côté d’un environnement mondial favorable, la situation monétaire est également jugée propice à une poursuite de l’expansion économique.

La dynamique conjoncturelle devrait se répercuter petit à petit davantage sur les investissements en biens d’équipement. Ce qui signifie que les entreprises, qui, ont fait preuve de retenue jusqu’ici, devraient se remettre à investir.

Le seco pense aussi que les exportations poursuivront «probablement» leur essor et que les ménages, qui ont consommé davantage que prévu au second semestre 2005, devraient continuer sur cette voie.

Tout n’est pas rose


Ce tableau largement teinté de rose n’exclut pas pour autant tout danger. La possibilité subsiste que la conjoncture s’affaiblisse à nouveau.

Le seco évoque ainsi «le caractère encore instable et vulnérable de la conjoncture européenne», le déficit massif de la balance des transactions courantes aux Etats-Unis et l’incertitude importante quant à l’évolution du prix du pétrole.

De leur côté, les experts de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sont même plus prudents.

Dans son «Rapport 2006 sur la situation économique de la Suisse», l’Organisation – qui regroupe les pays développés – rappelle qu’en Suisse, la croissance de la production et du revenu par habitant sont parmi les plus basses de l’OCDE, et ceci depuis de nombreuses années.

Les consommateurs paient l’absence de concurrence au prix fort, avec un niveau général des prix supérieur à la moyenne de l’Union européenne de quelque 40%. Les réformes introduites par le passé ont manqué d’ampleur et leur rythme a été lent, souligne l’OCDE.

Parallèlement au programme de croissance, les autorités ne doivent pas perdre de vue le contrôle des dépenses publiques, avertit l’OCDE. Celle-ci affirme qu’une gestion budgétaire plus transparente sensibiliserait davantage la population à la nécessité des réformes.

Les Suisses ne seront guère plus riches


Revu à la hausse, le taux de croissance annoncé pour 2006 changera-t-il vraiment la vie du citoyen lambda? Délia Nilles, directrice adjointe de l’Institut Créa d’économie appliquée de l’Université de Lausanne en doute.

«On admet généralement qu’un taux de croissance en-dessous de 2% a très peu d’effet sur le marché du travail», explique-t-elle à swissinfo. Autrement dit, un taux de 1,5 ou 1,8% suffit juste à maintenir la machine en état de marche.

«Pour le citoyen ou le consommateur lambda, des taux de croissance tels que ceux prédits par le seco ou les autres risquent bien de ne rien changer du tout. Il faut que cette croissance s’inscrive dans la durée pour que les entreprises se mettent à augmenter leur production, leurs effectifs et leurs salaires», estime Délia Nilles.

Moins fataliste, l’Union syndicale suisse a réclamé jeudi une augmentation réelle des salaires pour 2006. Selon la centrale syndicale, tous les travailleurs doivent profiter de l’embellie et la masse salariale des cadres supérieurs ne doit pas augmenter davantage que celle des catégories de revenus inférieures.

Chômage en recul


Vendredi encore, on apprend que le taux de chômage annuel en Suisse a baissé en 2005, ce qui n’était plus arrivé depuis 2001. Il s’est inscrit à 3,8%, contre 3,9% en 2004. Le nombre moyen de chômeurs recensés s’est élevé à 148’537 personnes.

Ce recul concerne surtout les hommes, dont le taux de chômage moyen est passé de 3,8% en 2004 à 3,6% l’an dernier. Le chômage féminin est lui resté stable à 4%. Le taux de chômage s’est également stabilisé pour les Suisses (2,9%), tandis qu’il reculait de 7,1% à 6,8% pour les étrangers.

swissinfo et les agences

Les prévisions de croissance pour 2006:

seco: 1,8%
Banque nationale suisse: 2%
Union de banque suisse: 2%
Credit suisse group: 1,7%
KOF, Institut de recherches conjoncturelles, Zurich: 1,5%
BAK, Basel Economics: 1,8%
OCDE: 1,75%

– Comparaison des taux de chômage:

– Suisse: 3.8% (Décembre)

– Irlande: 4.3% (Novembre)

– Royaume-Uni: 4.8% (Septembre)

– Autriche: 5.2% (Novembre)

– Italie: 7.5% (Septembre)

– UE en moyenne: 8.3% (Novembre)

– France: 9.2% (Novembre)

– Allemagne: 9.3% (Novembre)

– Pologne: 17.4% (Novembre)

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