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Le «ni oui, ni non» du négociateur en chef à l’OMC

Selon Luzius Wasescha, le compromis actuel sur l'agriculture désavantage trop la Suisse. Keystone

Le projet de compromis discuté à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est une bonne base de négociation. Mais la Suisse devra se battre pour le corriger, juge Luzius Wasescha.

Cette nouvelle tentative de sauver le Cycle de Doha serait, en l’état, «difficile à avaler» pour la Suisse, selon l’ambassadeur.

«Nous avons maintenant une base de travail solide, mais je doute que cela puisse aller très vite», a déclaré mercredi le chef de la délégation suisse à l’OMC. Il s’exprimait à Genève en marge de plusieurs réunions consacrées à l’agriculture et aux produits industriels avant la pause estivale de l’OMC.

Luzius Wasescha estime en effet que les documents de référence présentés la semaine dernière par les présidents des groupes de travail ‘agriculture’ et ‘produits industriels’ pour relancer les négociations constituent une «bonne base».

«C’est un élément positif. Ces deux projets sont trop bons pour être refusés, mais en même temps trop mauvais pour être acceptés», a-t-il commenté.

Agriculture: tarifs douaniers en question

Par la voix de son représentant à l’OMC, Berne a néanmoins émis quelques réserves. «Il y a encore beaucoup de problèmes du point de vue de la Suisse et du G10», le groupe des pays agricoles importateurs nets, a-t-il souligné. «Dès la reprise le 3 septembre, nous nous battrons pour corriger le tir», a ajouté Luzius Wasescha.

Selon l’ambassadeur, à ce stade, «la pilule serait difficile à avaler» pour la Suisse. Il a critiqué plusieurs points du projet de compromis sur l’agriculture.

Celui-ci prévoit notamment que les pays industriels abaissent de 65 à 75% la tranche supérieure des tarifs douaniers les plus élevés. Un taux que la Suisse juge excessif puisque 44% de ses lignes tarifaires sont dans la tranche supérieure. «Ce serait un choc», déclare Luzius Wasescha.

Autre point contesté par la Suisse, l’extension des contingents d’importation. Si elle approuve la possibilité de considérer comme produits sensibles jusqu’à 6% des lignes tarifaires, elle ne veut pas que cette concession faite par les pays exportateurs agricoles s’accompagne d’une extension de ces contingents.

Les quantités de produits bénéficiant d’exceptions tarifaires qui entreraient en Suisse seraient en effet plus élevées et menaceraient alors la production indigène.

Enfin, la Suisse regrette l’absence d’engagement sur l’extension de la protection des indications géographiques.

Produits industriels: le G20 veut tout

Pour ce qui concerne les produits industriels, Luzius Wasescha qualifie de «très modestes» les réductions des droits de douane proposées.

«Certains pays en développement veulent tout sur l’agriculture sans rien donner dans le domaine des produits industriels», relève l’ambassadeur dans une allusion à la position du groupe des pays du G20, mené par le Brésil. En outre, selon Luzius Wasescha, «les Etats-Unis ne veulent lâcher que très peu et obtenir le maximum».

Rien sur les services

L’ambassadeur garde cependant espoir que le cycle de Doha, lancé en 2001, puisse être conclu à la fin de l’année ou au début de 2008. «Je mets un point d’interrogation», nuance Luzius Wasescha. Quant aux autres dossiers, comme les services, il ne voit «rien de palpable».

Selon des diplomates, les négociations pourraient s’accélérer en septembre afin de parvenir à un accord sur les modalités en octobre avant de finaliser les engagements des pays pour le printemps 2008. A cette date, la campagne présidentielle américaine empêchera tout engagement des Etats-Unis.

swissinfo et les agences

Les 150 membres de l’OMC négocient difficilement une plus grande libéralisation des échanges commerciaux dans le cadre du «Cycle de Doha» lancé en 2001.

Les pays sont en désaccord notamment sur le niveau précis des abaissements tarifaires, sur les réductions des subventions agricoles internes et sur le degré de flexibilité à accorder aux pays en développement pour l’ouverture de leurs marchés.

Dans le cadre de ces négociations, la Suisse préside un groupe de pays (G 10) importateurs nets de produits agricoles. Défensive sur le dossier agricole, elle milite pour une libéralisation des services et une diminution des taxes douanières sur les produits industriels.

Après plusieurs tentatives de relance d’un cycle de négociation aux soins intensifs, les présidents des groupes de travail ‘agriculture’ et ‘produits industriels’ ont présenté la semaine dernière un double projet de compromis.

Cette proposition comporte des chiffres précis de réduction des droits de douane agricoles et industriels ainsi que d’accès au marché. Ces réductions se situent à mi-chemin des offres des uns et des autres.

La plupart des gouvernements semblent considérer ce double projet comme un progrès. Alors que plusieurs réunions se tiennent cette semaine à Genève, le risque s’éloigne d’une rupture définitive de la négociation menant à la mort du Cycle de Doha.

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