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Le Suisse Josef Ackermann rejugé en Allemagne

Joseph Ackermann est une figure controversée en Allemagne (Keystone) Keystone

Le nouveau procès Mannesmann s'est ouvert devant le tribunal de Düsseldof. Patron de la Deutsche Bank, Josef Ackermann est sur le banc des accusés avec cinq autres personnalités.

Il est soupçonné d’avoir approuvé le versement de primes de plusieurs millions d’euros aux dirigeants de Mannesmann lors du rachat du conglomérat par Vodafone.

En 2000, l’opérateur de téléphonie mobile britannique Vodafone avait déboursé 178 milliards d’euros – soit 283 milliards de francs suisses – à la suite d’un raid non sollicité sur le conglomérat allemand Mannesmann. Le raid s’était finalement transformé en opération amicale.

Le conseil de surveillance de Mannesmann, où siégeait notamment M. Ackermann, avait alors décidé de verser près de 60 millions d’euros (95,3 millions de francs) de primes à plusieurs responsables du groupe à l’issue de la transaction.

La justice soupçonne que le versement de ces parachutes dorés ait servi à acheter la reddition des dirigeants de Mannesmann.

Plusieurs dirigeants

Agé de 58 ans, Josef Ackermann doit répondre d’abus de confiance aggravé aux côtés de plusieurs autres responsables.

Parmi eux figurent Klaus Zwickel, ancien dirigeant du syndicat IG Metall et ex-membre du conseil de surveillance du groupe Mannesmann, Jürgen Ladberg, ex-dirigeant du comité d’entreprise du conglomérat, ainsi que Joachim Funk, ancien président du conseil de surveillance.

Par ailleurs, l’ancien patron du groupe, Klaus Esser, ainsi qu’un ancien responsable des ressources humaines, Dietmar Droste, sont poursuivis pour complicité.

«Gâchis d’argent»

Lors d’un procès en première instance en 2004, le tribunal de Düsseldorf avait acquitté le Saint-Gallois ainsi que les cinq autres prévenus.

Mais le parquet avait fait immédiatement appel et la Cour fédérale de justice, la plus haute juridiction allemande, avait ordonné en décembre dernier la tenue d’un nouveau procès. Elle avait qualifié les indemnités versées de “gâchis d’argent”.

Une amende en négociation

Le président de la Deutsche Bank, Clemens Börsig, aurait de son côté déjà élaboré un plan pour remplacer M. Ackermann en cas de culpabilité avérée. Le Suisse nie pour sa part avoir mal agi. Si le tribunal le reconnaît coupable, il encourt une peine de prison ou une amende.

La première journée du procès doit être consacrée à la présentation des faits et à la lecture de l’acte d’accusation. Une trentaine de journées d’audience sont prévues jusqu’en février 2007.

swissinfo et les agences

Le docteur Josef Meinrad Ackermann est né le 7 février 1948 à Mels, dans le canton de St-Gall,

En 1973, il termine ses études en économie bancaire.

En 1977, il entre au Crédit Suisse, dont il gravit les échelons jusqu’à en devenir le directeur, poste qu’il occupera de 1993 à 1996.

Il est nommé à la tête de la Deutsche Bank le 22 mai 2002. Il est le premier étranger à occuper cette fonction depuis la fondation de l’établissement en 1870.

Les experts estiment que le signal donné par la Cour fédérale de justice allemande place les accusés dans une situation plus délicate que lors du premier procès.

Josef Ackermann est celui qui a le plus à perdre dans ce procès. S’il est condamné pour abus de confiance, le Suisse devra quitter son siège de patron de la plus grande banque d’Allemagne.

Une autre issue à la procédure est cependant évoquée: Joseph Ackermann pourrait s’acquitter d’une amende auprès de la justice et du ministère public afin que les poursuites soient suspendues. Le banquier pourrait ainsi sauver sa carrière.

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