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Les chocolats vont flamber après Noël

Un père Noël en chocolat, dont le prix augmentera au début de l'année prochaine. swissinfo.ch

L'industrie chocolatière suisse a décidé de ne pas gâcher les fêtes de Noël. Les hausses des matières premières, pouvant atteindre de 5 à 15%, ne seront répercutées qu'après le 1er janvier 2008.

Le cacao, le lait, le sucre, les noisettes, les amandes, et même le papier d’emballage des chocolats n’a cessé d’augmenter depuis le début de l’année.

Il faut tordre le coup à une idée préconçue. L’industrie du chocolat ne réalise pas son chiffre d’affaires le plus important à Pâques, avec les œufs et les lapins (20%), mais à Noël (30%).

En dehors de ces deux dates, les Suisses grignotent autour de 35000 tonnes de chocolat, qu’il soit en tablettes, en confiserie ou en poudres, ou ce que l’on appelle en «petits moulages».

«L’été n’a pas été très chaud en 2007. Résultat, les consommateurs (les Suisses et les touristes) ont dégusté davantage de chocolat que les années précédentes. Face à ces bons résultats, nous avons décidé de ne pas modifier nos étiquettes pour la fin de l’année », souligne Nicole Rohr, des Chocolats Rohr à Genève.

Instabilité politique

En effet, quand la température grimpe trop, les tablettes fondent. Et les gourmands se rabattent sur d’autres sucreries. La Suisse reste malgré tout le pays des amoureux du chocolat, puisque chacun de ses habitants en mange en moyenne 11,9 kilos par an, contre 11 kilos en Allemagne et en Belgique, 6,8 kilos en France, et seulement 4,3 kilos en Italie.

Le problème vient du fait que tous les ingrédients entant dans sa composition, à commencer par le cacao, se cessent de grimper depuis le début de l’année. En raison de l’instabilité politique de la Côte d’Ivoire, le principal producteur mondial, et du Ghana, le numéro deux, qui ont vu leurs récoltes de fèves reculer, les prix des fèves de cacao flambent.

Ascenseur pour le lait, le sucre, les noisettes

Ce n’est rien à côté du lait, ingrédient également majeur dans la composition du chocolat. C’est fois, on parle d’une hausse de 60 %. Les coupables ? Les classes moyennes de Chine et de l’Inde qui occidentalisent leurs goûts. En 2000, les Chinois (qui sont plus d’un milliard d’habitants) buvaient en moyenne 9 litres par an. Aujourd’hui, 25 litres.

Les prix du sucre, des amandes, des noisettes, prennent également l’ascenseur. Pour ce dernier fruit, il suffit que les relations se détériorent entre Abkhazes et Géorgiens pour que la cueillette s’avère difficile. Les deux populations se disputent la même région, autour du fleuve Ingouri, propice à la culture des noisettes (25000 tonnes par an).

Patrick De Maeseneire, patron du groupe zurichois Barry Callebaut, numéro un mondial dans la transformation du cacao (il traite 15 % de la production de cacao), a déjà annoncé début novembre que la hausse du prix du chocolat se situerait entre 12 et 15%.

«Elle sera effective à partir de janvier prochain, le temps que les fournisseurs écoulent les stocks », précise-t-il.

Une augmentation à un chiffre

C’est également l’opinion de Daniel Bloch, directeur opérationnel des Chocolats Camille Bloch, installés à Courteralry, dans le Jura bernois.

«Nous avons connu une excellente année 2007. Nos produits ‘Torino’ et ‘Ragusa’ marchent très bien, comme notre nouvelle gamme ‘Mousse’. Nous n’appliquerons une augmentation que l’année prochaine», déclare le représentant de la troisième génération de ces chocolatiers suisses.

Quelle sera l’ampleur de cette hausse ? Camille Bloch invoque plutôt un chiffre entre 5 et 10 %. Même son de cloche de la part de la confiserie Moret à Lausanne: pas de question d’assommer les consommateurs pour les fêtes de Noël. Les augmentations de prix n’interviendront qu’en janvier 2008. Toutefois, les commerçants consultés annoncent un bon à un chiffre, compris entre 5 et 10 %.

Le problème, c’est que la flambée des matières premières n’est pas prête de s’éteindre. Tous les produits qui composent le chocolat sont à la hausse. Et cette hausse devrait durer, analysent les spécialistes des matières premières.

swissinfo, Ian Hamel

Le cacao en quelques dates:

1519 Il est rapporté en Espagne par un missionnaire revenant du Mexique
1680 Le mot “chocolat” apparaît dans le dictionnaire français
1822 Les premiers cacaoyers sont plantés en Afrique
1912 Apparition du chocolat en poudre Banania
2007 La Côte d’Ivoire produit 39 % du cacao mondial, le Ghana 21%

En 2006, l’industrie chocolatière suisse a vendu pour le marché intérieur et à l’exportation 94’454 tonnes de tablettes, contre 89’680 tonnes l’année précédente.

39% du cacao provient de Côte d’Ivoire, 21% du Ghana, 13 % d’Indonésie, 5 % du Cameroun et 5 % du Nigeria. Le Brésil n’arrive qu’ensuite avec 4 %, et l’Equateur avec 3%.

L’industrie chocolatière suisse a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 793 millions de francs pour ses ventes dans la Confédération, et 733 millions de francs pour l’exportation, principalement vers l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie et la France.

Cette industrie employait l’année dernière 2171 hommes (contre 2588 en 1990) et 2104 femmes (contre 2648 en 1990), selon les statistiques de Chocosuisse, l’union des fabricants suisses de chocolat.

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