Les Suisses parmi les plus mauvais payeurs d’Europe
La discipline de paiement des Suisses est-elle si mauvaise que le laisse supposer certaines études? Le nombre de poursuites y a doublé au cours des 20 dernières années, et de plus en plus de gens ne paient pas ou pas dans les délais leurs impôts, leurs primes d'assurance maladie ou encore leurs achats en ligne.
- Deutsch Deshalb boomen Betreibungen in der Schweiz (original)
- Español Los suizos entre los peores pagadores de Europa
- Português Cobrança de dívidas explode na Suíça
- 中文 为什么催债在瑞士越来越“火”?
- عربي لماذا تزداد إجراءات تحصيل الديون في سويسرا؟
- English Why debt collection is booming in Switzerland
- 日本語 スイスで借金取り立てが増えている理由
- Italiano Perché le esecuzioni in Svizzera sono in aumento
«Seuls les Grecs paient moins ponctuellement leurs factures», titrait le journal dominical alémanique Sonntagszeitung à la fin de l'année dernière. Il faisait référence à un rapport européen sur les dettes de la société de recouvrement IntrumLien externe, qui a interrogé près de 25’000 personnes dans 24 pays européens sur la manière dont elles paient leurs factures. Parmi les personnes questionnées en Suisse, 54% ont déclaré qu'elles n'avaient pas payé une facture à temps au moins une fois au cours des 12 derniers mois. La Suisse termine ainsi à l’avant-dernier rang de ce classement européen.
Des procédures de poursuites plus simples
Le comparateur en ligne Comparis a également concluLien externe fin 2018 que les Suisses étaient de mauvais payeurs. «Une personne sur quatre a déjà fait l’objet de poursuites. Une personne sur sept détient actuellement une note négative au registre des poursuites. Les bas revenus et les Suisses romands sont les plus touchés», écrit Comparis en s’appuyant sur sa propre enquête.
Les poursuites ont presque doublé au cours des 20 dernières années pour atteindre environ 650’000 procédures en 2017. Les faillites ont augmenté d'environ 50% au cours de la même période. Les administrations fiscales et les caisses d'assurance-maladie sont particulièrement diligentes lorsqu’il s’agit d’exiger des paiements d’arriérés par voies légales. «La plupart des procédures de poursuites concernent des factures impayées d'impôts, d'assurance-maladie ou d'achats en ligne», confirme Roland Isler, porte-parole de la Conférence des préposés aux poursuites et faillites de Suisse. Il relève que l’endettement des jeunes en particulier a augmenté.
Roland Isler doute que ce problème soit plus important en Suisse en comparaison avec d’autres pays européens. Il estime que les conditions qui changent selon les pays ne permettent pas une comparaison et donne un exemple: «La Suisse est le seul pays d'Europe où l'on peut mettre une personne aux poursuites sans document juridique.»
Le fait que la dette envers l'administration fiscale suisse soit très élevée par rapport à celle d'autres pays est probablement dû au système fiscal. Contrairement à de nombreux autres pays, en Suisse, les impôts ne sont pas prélevés directement sur les salaires. Les autorités déterminent la charge fiscale de chaque personne sur la base des revenus et de la fortune déclarés par les contribuables eux-mêmes.
Argent contre marchandises, un modèle dépassé
Dieter Kläy, de l’Union suisse des arts et des métiers (USAMLien externe), interprète le manque de discipline des Suisses de la même manière. «L'augmentation du nombre de mauvais payeurs tient certainement aux moyens de paiement modernes et au nouveau comportement des consommateurs. La procédure qui implique de recevoir une marchandise contre de l’argent devient de plus en plus rare», explique Dieter Kläy.
Ce dernier est convaincu que les entreprises helvétiques ont toujours une discipline développée en matière de paiements, même en comparaison internationale. Dieter Kläy envisage l’avenir avec optimisme. «Nous supposons que la discipline de paiement des Suisses ne se délitera pas. L'économie va bien, et le taux de chômage est historiquement bas à 2,4%.»

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Joignez-vous à la discussion