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Nouvelle offre des CFF, mais la grève continue

Pascal Corminboeuf, président du gouvernement fribourgeois (à gauche), avec le ministre Moritz Leuenberger et le directeur des CFF Andreas Meyer. Keystone

Les offres de suspension de la restructuration des ateliers CFF Cargo de Bellinzone ne convainquent pas les ouvriers en grève. Ils veulent des garanties. En attendant, ils poursuivent leur mouvement.

De son côté, Fribourg obtient un sursis: les mesures d’assainissement prévues sont suspendues jusqu’au débat urgent mercredi prochain au Parlement.

Jeudi matin, il n’a guère fallu plus d’une demi-heure aux ouvriers tessinois pour voter – à l’unanimité – la poursuite de leur grève. Les Chemins de fer fédéraux (CFF) maintiennent de leur côté la proposition de suspendre les mesures d’assainissement à Bellinzone «à condition que les grévistes reprennent le travail.»

Entamée vendredi dernier juste après l’annonce de la restructuration, la grève se poursuivra aussi longtemps que «les CFF ne fourniront pas de garanties précises sur le maintien des emplois et l’avenir des ateliers de Bellinzone.»

«Trop souvent, le Tessin a été confronté à des revirements de la part des CFF qui n’ont pas tenu leurs promesses», a lancé Gianni Frizzo, président du comité de grève, dans une ambiance surchauffée.

Andreas Meyer, directeur de l’ancienne régie fédérale, «a déjà retourné trois fois sa veste concernant l’avenir du site de Bellinzone», a renchéri Donatello Boggi, du syndicat Unia. Et de lancer: «Il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles».

Remake de la veille

A Berne, la décision concernant Fribourg a été un remake de la veille. Comme mercredi, elle a été annoncée devant la presse par Andreas Meyer à l’issue d’une table ronde. Y participaient également le ministre des Transports Moritz Leuenberger, une délégation des autorités fribourgeoises et les parlementaires fédéraux du canton.

Les mesures d’assainissement sont suspendues jusqu’au débat sur CFF Cargo prévu mercredi prochain au Conseil national (Chambre basse). Selon Andreas Meyer, il s’agit de traiter les Fribourgeois sur un pied d’égalité avec les Tessinois.

Contrairement aux Tessinois, les Fribourgeois n’ont pas mené de grève; ils ont débrayé pendant une heure mercredi et lancé un ultimatum aux CFF. Vendredi matin, ils doivent se réunir pour décider d’éventuelles mesures à prendre

Payer le prix

Le patron des CFF entend désormais lancer une discussion constructive avec les syndicats. Il s’est dit «ouvert à tout» concernant le contenu des négociations.

Moritz Leuenberger, par contre a durci le ton. Selon lui, la décision des CFF ôte toutes les mesures émotionnelles qui auraient pu justifier le recours à la grève et le seul fait de penser à débrayer «n’est plus admissible».

Le ministre a par ailleurs souligné que le Parlement avait astreint CFF Cargo à la rentabilité et qu’il avait en son pouvoir de changer ce mandat et de ralentir le rythme de la restructuration. La Confédération devra toutefois mettre la main au porte-monnaie.

Les représentants du gouvernement du Canton de Fribourg ont accueilli la décision avec satisfaction et se sont déclarés confiants quant à la possibilité de trouver une solution. Selon le président du gouvernement cantonal Pascal Corminboeuf, il s’agira de convaincre l’ex-régie des bonnes conditions qu’offre la ville de Fribourg.

On maintient la pression

Du côté des syndicats, le SEV s’est dit content de cette suspension. Mais les conditions ne sont pas encore remplies pour des négociations, a dit le porte-parole Peter Moor. Le syndicat entend «maintenir la pression». Une manifestation aura lieu vendredi à Fribourg, avec la participation d’une délégation tessinoise.

Si l’agitation règne au sein des ateliers, le calme est loin d’être revenu dans les étages de la direction de CFF Cargo. Jeudi, l’entreprise a annoncé le départ de son nouveau chef des finances Hans-Peter Tinner. Cet économiste de 50 ans jette l’éponge avant même son entrée en fonction prévue début avril 2008.

Il s’en va «pour des raisons personnelles», ont indiqué les CFF dans un communiqué, sans donner plus de détails. Le démissionnaire sera remplacer par Heinz Stübi, 53 ans, dès le 1er avril. Celui-ci aura notamment pour tâche de réorganiser le secteur des finances.

swissinfo et les agences

A Fribourg, le plan de restructuration entraînerait la fermeture du centre de service clientèle de CFF Cargo. Sur les 165 emplois, 51 seraient supprimés et 114 déplacés à la centrale à Bâle.

A Bellinzone, 114 postes sur 142 seraient supprimés dans les ateliers d’entretien des locomotives. Les 28 personnes restantes se verraient proposer d’aller travailler à Chiasso ou à Yverdon, dans le canton de Vaud !

Quant aux ateliers pour wagons de Bellinzone, ils perdraient 12 de leurs 212 emplois, les 200 travailleurs restants devant être maintenus dans les nouveaux ateliers.

Le Conseil national va discuter de CFF Cargo la semaine prochaine. Sans opposition, il a décidé de bousculer son programme pour tenir un débat urgent mercredi prochain 19 mars.

Le gouvernement doit prendre position sur la situation de CFF Cargo, a déclaré Ueli Maurer (UDC, nationaliste). Le public a le droit de savoir de quoi il en retourne. «Il y va de nombreux emplois et de l’assainissement d’une entreprise qui appartient encore à la Confédération», a lancé le député.

Le démocrate-chrétien Meinrado Robbiani a abondé en ce sens. Les autorités fédérales doivent empoigner le problème, car certaines de leurs décisions ont contribué à la situation actuelle, selon lui.

La gauche a elle aussi plaidé pour la tenue d’un débat urgent. Mais il s’agira de parler des problèmes de fond, de comment par exemple la politique favorise la route au détriment du rail, a noté Josef Lang (Vert).

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