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Rideau sur l’édition 2010 du WEF

A Davos, la ministre suisse de l'Economie Doris Leuthard et le président français Nicolas Sarkozy ne se sont pas fait d'amis parmi les banquiers. swiss-image

Le Forum économique mondial (WEF) de Davos s’est achevé dimanche. Deux thèmes auront dominé cette 40e édition: la régulation du secteur bancaire et la catastrophe humanitaire en Haïti.

Les participants qui ont fait le déplacement dans la station grisonne ont longuement débattu de la manière de donner un nouveau souffle à une économie encore en crise. Mais l’impression dominante qui restera est celle d’un conflit grandissant entre le secteur bancaire et ceux qui veulent le réguler, conflit qui pourrait bien représenter un obstacle à une reprise durable.

Le pessimisme qui régnait lors de l’édition 2009 s’en est allé. Mais il a été remplacé par l’envie d’en découdre. La ministre suisse de l’Economie Doris Leuthard et le président de la République française Nicolas Sarkozy ont ainsi ouvert les feux dès l’ouverture du forum.

Doris Leuthard a reproché aux représentants de l’économie et aux politiciens de se complaire dans les discours plutôt que d’agir. Elle a également accusé les banquiers de «fuir leurs responsabilités».

Pour sa part, Nicolas Sarkozy a averti que «l’attitude indécente» des banquiers avec leurs bonus exorbitants «ne serait plus longtemps tolérée». «Nous ne pouvons sauver le capitalisme qu’en le reconstruisant et en restaurant sa dimension morale», a estimé le président français.

Un chemin difficile

Les banquiers ont répliqué en repoussant toutes une série de propositions récentes visant à taxer les bonus et à briser les grandes banques. Ils ont souligné que les politiciens cherchaient ainsi à flatter l’opinion publique et à gagner des votes.

Le président de l’Association suisse des banquiers Patrick Odier a notamment déclaré à swissinfo.ch que des règles trop draconiennes risquaient de conduire quelques-unes des activités bancaires les plus risquées hors du champ d’action des régulateurs et les faire évoluer dans une sorte de «zone grise».

Malgré des signes qui laissent entrevoir quelques lueurs dans le long tunnel de la crise, spécialement dans les économies émergentes, le WEF 2010 a par ailleurs tiré plusieurs sonnettes d’alarme et averti que le chemin vers les beaux jours pourrait se révéler plein d’embûches.

La hausse du chômage, l’endettement croissant des Etats et les tendances toujours plus fortes au protectionnisme pourraient faire capoter les efforts entrepris pour remettre l’économie sur de bons rails, ont souligné de nombreux participants.

Haïti s’invite au forum

Mais la polémique sur la réglementation du secteur bancaire a été finalement éclipsée par le tragique tremblement de terre de Haïti qui a provoqué des centaines de milliers de victimes.

Avec les organisateurs du WEF, l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton a lancé un appel pour encourager les entreprises à restaurer l’économie haïtienne. Il les a invitées à s’impliquer à long terme en faisant du commerce avec ce pays dévasté.

Plusieurs organisations non gouvernementales étaient également présentes au WEF pour partager leurs expériences dans le cadre du tremblement de terre de Haïti. Elles en ont profité pour souligner à quel points leurs expériences passées les avaient aidées à trouver une réponse à la situation actuelle.

Toujours dans le domaine de l’aide humanitaire, le WEF 2010 a été marqué par l’annonce de Bill Gates. Le fondateur de Microsoft a indiqué que la Fondation Bill et Melinda Gates allait lancer un plan de financement de 10 millions de dollars sur dix ans pour des campagnes de vaccination dans les pays les plus pauvres.

Multitude de sujets

Cette rencontre de cinq jours à Davos a également permis d’aborder une multitude de sujets. Il a notamment été question de l’influence des religions, de la piraterie, du vieillissement de la population, de l’approvisionnement en eau, des dernières tendances en matière de technologie et même de la Coupe du monde de football 2010.

Toutefois, au moment de boucler leurs bagages, avec les réprimandes de Nicolas Sarkozy résonnant encore au fond de leurs oreilles, c’est certainement avec cette question que les participants auront quitté la station grisonne: dans quelle mesure les différents acteurs de l’économie et de la politique pourront-ils agir de concert pour redessiner et reconstruire le monde?

Matthew Allen, Davos, swissinfo.ch
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

Le Forum économique de Davos est né en 1971 sous le nom de European Management Forum.

Fondé par Klaus Schwab, il avait à l’origine pour but de mettre en relation les hommes d’affaires européens et américains.

Le forum a pris son nom actuel en 1987. Ce changement de nom a aussi correspondu à un élargissement de ses activités. Le WEF est devenu une gigantesque plateforme non seulement économique, mais également politique.

Au fil des ans, le WEF a attiré un nombre croissant de personnalités issues de tous les domaines. Citons notamment: Bill Gates, Nelson Mandela, Bill Clinton, Tony Blair, Bono ou encore Sharon Stone.

Cette 40e édition a eu lieu du 27 au 31 janvier et a attiré 2500 participants provenant de 90 pays.

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