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Hispano-Suiza: retour électrique d’une légende automobile

Capot de voiture
Baptisée «Carmen» la toute nouvelle Hispano-Suiza se base sur le modèle H6C Dubonnet Xenia de 1938, construit à un seul exemplaire. Hispano-Suiza

Disparue depuis des décennies, la marque automobile Hispano-Suiza tente un retour au 89e Salon automobile de Genève. La marque espagnole y dévoile la «Carmen», une supercar électrique produite à 19 exemplaires. Cette présentation constitue une sorte de retour aux sources, puisqu’un ingénieur genevois avait été le personnage clef de l’histoire de cette légende automobile. 

Hispano-SuizaLien externe… Ce nom est probablement inconnu de la plupart des gens. Mais pour les passionnés d’automobile, il évoque une marque prestigieuse qui, dans l’Entre-deux-guerres, jouait dans la même cour que les Rolls-Royce, Jaguar ou autres Mercedes. La marque reste associée à des voitures de luxe aux performances élevées.


Moteur révolutionnaire 

La marque doit son développement à un Genevois, Marc Birkigt (1878-1953). Diplômé de l’école de mécanique de Genève, il rejoint un camarade d’études à Barcelone en 1899. Après une première expérience industrielle qui se solde par une faillite, il fonde en 1904 la société «Hispano-Suiza Fábrica de Automóviles» avec deux financiers espagnols, Damián Mateu et Francisco Seix. 

Soutenue notamment par le roi Alphonse XIII, qui en est l’un des principaux actionnaires, la société prospère. En 1911, Marc Birkigt s’installe en France, où il ouvre une filiale. Durant la Première Guerre mondiale, son usine étant réquisitionnée, l’ingénieur rentre à Barcelone, où il développe un moteur d’avion à la demande de l’armée espagnole. Génie de la mécanique, il crée alors un moteur révolutionnaire, le Hispano-Suiza 8 cylindres en V à refroidissement liquide. 

La France achète ce moteur qui lui redonne la maîtrise du ciel. La cigogne qui trône sur les bouchons de radiateur des voitures Hispano-Suiza rappelle d’ailleurs cette époque, car cet oiseau est l’emblème d’une escadrille qui rassemblait la plupart des as de la chasse française et qui volaient sur des chasseurs équipés justement de ce fameux moteur.

Contenu externe

A la fin de la guerre, le moteur aura été produit à près de 50’000 exemplaires, assurant la fortune de son créateur. A l’issue du conflit, Marc Birkigt revient en France. En 1923, il crée la «Société française Hispano-Suiza», indépendante de la société-mère espagnole, et se consacre à la fabrication d’automobiles de luxe et de moteurs d’avions. 

Cigogne en métal
La Cigogne est le symbole d’Hispano-Suiza en souvenir d’une escadrille de chasse qui volait sur des avions équipés du moteur de la marque. Keystone / Martin Meissner

Nationalisation et dissolution 

Dans la seconde partie des années 30, l’arrivée de gouvernements de gauche est funeste pour Hispano-Suiza, les entreprises étant nationalisées des deux côtés des Pyrénées. La production de voitures de luxe s’arrête dès 1938. 

En Espagne, Hispano-Suiza est vendue en 1946 à l’ENASA (Empresa Nacional de Autocamiones), qui produit surtout des véhicules utilitaires, mais aussi quelques voitures de sport dans les années 1950 sous la marque Pegaso. Depuis 1990, le tout est intégré dans le groupe Fiat-Iveco. Quant à la branche française, elle est dissoute dans l’industrie aéronautique et est de nos jours englobée dans le groupe SafranLien externe, motoriste pour l’aviation civile et militaire, l’industrie spatiale et la défense. 

De retour à Genève à la fin des années 1930, Marc Birkigt ouvre encore une nouvelle usine Hispano-Suiza qui se spécialise dans l’armement. Elle se taille une solide réputation, notamment dans la production de canons d’aviation. Le groupe industriel Oerlikon-Bührle rachète l’usine en 1970 et la ferme en 1985. 

Tentatives de renaissance  

Dans le domaine automobile, la marque «Hispano-Suiza Fábrica de Automóviles» appartient aux descendants du fondateur Damian Mateù, qui détiennent le groupe industriel familial PeraladaLien externe, actif notamment dans les secteurs de la viticulture, du tourisme et des loisirs.

Des tentatives de renaissance de la marque ont déjà eu lieu au début des années 2000 avec le développement de quelques concept cars. Un projet de supercar basé sur une Audi R8 avait aussi été présenté lors du Salon automobile de Genève de 2010. Mais le projet n’était jamais passé au stade de la commercialisation.

Nouvel essai donc lors de ce Salon 2019 avec la présentation de la «Carmen». Avec 19 exemplaires produits, il s’agit de la première production en série de voitures estampillées Hispano-Suiza depuis 1938. Mais reste à voir si ce passage au tout électrique, très en vogue aujourd’hui, permettra au phénix de renaître de ses cendres.

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