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Pro Helvetia, ou la «neutralité engagée»

Swiss House in Johannesburg
L'entrée de la Swiss House à Johannesburg. Les bas-reliefs de l'artiste suisse Denise Bertschi évoque le passé minier de la ville et l'empreinte suisse. Denise Bertschi

Les «tentacules» culturelles de la Suisse s’étendent à pratiquement tous les coins du monde. Et là où le pays est représenté, on remarque souvent un logo discret sur les affiches: Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture.

L’année prochaine, Pro HelvetiaLien externe aura 80 ans. A l’origine, en 1939, il s’agissait d’un groupe de travail voué à la «défense spirituelle» de la Suisse contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Son mandat officiel a été ancré dans la loi il y a 53 ans. Donc, pas de quoi faire un jubilé, mais Pro Helvetia a entamé l’année 2018 avec quelques bonnes raisons de célébrer.

Depuis novembre dernier, la Fondation a un nouveau directeur – le dramaturge et ancien chef des Affaires culturelles du canton de Bâle-Ville Philippe Bischof. En outre, trois de ses bureaux étrangers célèbrent cette année des anniversaires en chiffres ronds: 30 ans au Caire, 20 ans à Johannesburg et 10 ans à New Delhi. Pro Helvetia a encore deux bureaux permanents, à Shanghai (depuis 2010) et Moscou (ouvert l’an dernier). S’y ajoute un bureau provisoire à São Paulo (Brésil), qui couvre l’Amérique Latine à titre d’expérience depuis quatre mois.

Retrato de Philippe Bischof
Philippe Bischof, nouveau directeur de Pro Helvetia, ne croit pas aux frontières nationales pour les arts. Keystone

Des pros du lieu

On peut mentionner une grande différence dans la manière dont Pro Helvetia mène ses opérations dans le monde, par rapport à des institutions similaires comme le British Council, l’Alliance Française ou le Goethe Institute (Allemagne): la Fondation suisse est une structure autonome, nullement liée à une politique gouvernementale.

Ses bureaux sont relativement légers (cinq à six personnes par ville), et gérés par des citoyens du lieu. Aucun Suisse ne travaille dans aucun d’entre eux, contrairement à ce qui se passe chez les homologues britanniques, français ou allemands.

«Neutralité engagée»

A l’époque de l’ouverture du premier bureau au Caire en 1988, les pays hors de la zone d’influence des deux blocs américain et soviétique étaient le plus souvent étiquetés «tiers monde». Et bien que Pro Helvetia se fasse un point d’honneur de n’obéir à aucun agenda politique, sa stratégie mondiale suivait quand même les efforts de la diplomatie suisse pour se rapprocher des cultures différentes et opposées.

A l’occasion de CrossroadsLien externe, une conférence organisée récemment à l’Université de Bâle par Pro Helvetia et la DDC, l’agence publique suisse de coopération au développement, de nombreux acteurs culturels et artistes étrangers ont loué la liberté donc jouit la Fondation suisse pour la culture et dont elle fait bénéficier ses partenaires.

Les personnes présentes à la conférence ont souligné que malgré quelques échecs, quelques initiatives ratées et quelques dérapages eurocentriques, Pro Helvetia est en bonne position pour travailler au-delà des problèmes et des conflits générés par les pratiques post-coloniales de ses homologues occidentaux.

87.6% du budget 2016 de Pro Helvetia (de 36,6 millions de francs suisses) a été affecté à des projets culturels. Avec 12,4%, la part des coûts administratifs est nettement en dessous de la limite de 15% imposée par le Gouvernement.

En 2016, Pro Helvetia a approuvé 52% des 4600 propositions reçues, essentiellement dans les domaines des arts visuels, de la littérature, du théâtre, de la danse, de la musique, avec également des projets interdisciplinaires incluant les nouveaux médias et la technologie. 

En 2016, Pro Helvetia a soutenu 1450 projets culturels en Suisse, sur 200 communes des quatre régions linguistiques.

En 2016, Pro Helvetia a soutenu 3900 projets à l’étranger.

Pour 2018, Pro Helvetia compte sur un budget de 40,3 millions de francs.

La Fondation emploie 94 professionnels, en Suisse et à l’étranger.

A part ses bureaux à l’étranger, Pro Helvetia gère aussi le Centre Culturel Suisse à Paris et finance les programmes culturels des Instituts suisses de Rome et de New York. La Fondation est aussi active au bureau swissnex de San Francisco.

(Traduction de l’anglais: Marc-André Miserez)

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