Des perspectives suisses en 10 langues

Un organisme qui séduit face au recul des exportations

Keystone

La débâcle financière s'est muée en récession et cette année, nombreuses sont les entreprises exportatrices suisses confrontées à des marchés déprimés. Promoteur de l'économie extérieure œuvrant sur mandat de la Confédération, l'Osec est sur les dents.

Il ne se passe guère de jour sans annonce de chômage partiel ou de licenciements. Les exportations fléchissent, les commandes flanchent, l’économie patine. Conséquences sur le travail de l’Osec? Les détails avec Patrick Djizmedjian, son porte-parole.

swissinfo: Avec l’actuelle crise des exportations qui fait fondre les chiffres d’affaires, l’Osec voit-elle ses activités se réduire ou au contraire s’accroître?

Patrick Djizmedjian: Jusqu’ici, cette crise a conduit à un accroissement, principalement dans le domaine des marchés d’exportation européens. Les PME qui ont décidé ou envisagent une expansion à l’étranger se pressent chez nous.

Mais les PME, comme auparavant, s’intéressent aussi aux marchés asiatiques et des Etats-Unis.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, malgré la crise économique, les entreprises sont plus nombreuses qu’auparavant à s’adresser à l’Osec. Elles s’intéressent surtout aux opportunités à saisir, aux niches qui apparaissent durant les périodes de crise comme celle-ci.

swissinfo: Les entreprises qui sollicitent vos services sont-elles aussi celles dont la direction pense de manière anticyclique?

P.D.: Pas forcément. En ces temps de difficultés économiques, beaucoup de PME jugent utile de s’informer sur les opportunités nouvelles et les trends émergeants. Beaucoup de PME gardent simplement les yeux ouverts et veulent savoir où existent encore des possibilités de faire des affaires malgré la crise. Feront-elles effectivement le pas vers l’étranger? C’est une autre question.

En période de récession, beaucoup d’entreprises ont aussi plus de temps à consacrer pour la planification, pour identifier des perspectives. Souvent, leurs commandes ont fondu et des capacités sont disponibles pour se pencher sur ce type de questions.

Les stratégies en terme de canaux de distribution, les nouveaux marchés à développer, on empoigne plutôt ces dossiers quand l’activité économique est plus calme. En période de haute conjoncture, la production tourne à plein et il reste peu de temps à consacrer à la planification à long terme.

swissinfo: Plus longtemps une entreprise réfléchit à une expansion à l’étranger et plus monte son appréhension à faire le pas? Cherchez-vous à évacuer les craintes des PME?

P.D.: Beaucoup d’entreprises doivent aujourd’hui se poser la question de l’utilité véritable d’un engagement à l’étranger. Cette décision comporte assurément des risques. C’est pourquoi la solution revient souvent à saisir des opportunités en Allemagne, en Italie ou en France, plutôt que sur des marchés lointains comme l’Inde ou la Chine.

Dans le cadre du programme de stabilisation décidé en novembre dernier, la Confédération a aussi débloqué des fonds pour soutenir l’économie d’exportation. L’Osec propose diverses mesures dans ce domaine. Les pays voisins de la Suisse, justement, feront l’objet d’une attention redoublée. La stratégie de l’Osec consistait jusqu’ici davantage à venir en appui aux PME pour leur expansion sur les marchés lointains.

swissinfo: Quelle est la situation au sein des branches de l’économie suisse? Lesquelles souffrent le plus?

P.D.: L’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) souffre beaucoup. Il est très important pour elle, dans les marchés d’exportation qui comptent, d’identifier de nouvelles niches. Car la qualité suisse dans le domaine technologique reste demandée et valorisée à l’étranger.

La manière dont la demande évoluera sur les marchés d’exportation primordiaux, les pays de l’UE et d’Amérique du Nord, cela va être important. La Suisse ressent très fortement les fléchissement de la demande dans ces pays.

Les branches qui actuellement se portent encore bien sont celles des techniques médicales, de la pharma et des produits nutritifs, boissons alcooliques et tabac.

swissinfo: Qu’en est-il du secteur de l’environnement et de l’écologie? Il est encensé pour ses produits. Y compris, parfois, en Allemagne ou France.

P.D.: Il est un fait qu’en Suisse, de nombreux fournisseurs de niches proposent des solutions innovatrices dans le domaine des techniques environnementales et des énergies renouvelables. Ce potentiel pourrait être mieux exploité à l’étranger.

Un des points forts du programme de stabilisation à l’Osec concerne justement ces branches. Nous sommes en train de développer des plateformes d’exportation pour les techniques vertes et les énergies renouvelables, mais aussi dans les domaines de la santé, des infrastructures et même des sous-traitants de l’automobile.

swissinfo: A l’étranger aussi, l’on parie sur ces branches.

P.D.: Justement. A l’étranger, une grosse partie de l’argent des programmes de relance est dirigé vers les infrastructures, la promotion de l’écologie et de l’environnement. Les PME suisses peuvent aussi en profiter.

Les pays BRIC – Brésil, Russie, Inde, Chine – en particulier sont confrontés à de lourds défis en matière d’environnement et d’infrastructure/transports.

Ils prennent maintenant seulement en partie conscience de la nécessité de tenir compte des aspects environnementaux au moment de renouveler leurs infrastructures ou de développer des systèmes logistiques.

Alexander Künzle, swissinfo.ch
(Traduction de l’allemand: Pierre-François Besson)

Dans le cadre du programme de stabilisation de l’économie décidé par le gouvernement en automne 2008, l’Osec est chargée d’appliquer des mesures d’encouragement en faveur de l’économie d’exportation suisse.

Pour 2009 et 2010, la Confédération a débloqué 10 millions de francs pour soutenir les PME suisses dans leurs activités d’exportation.

Entre autres tâches, l’Osec doit engager ces moyens pour trouver de nouvelles opportunités d’affaires pour les PME et préparer leur déploiement à l’étranger.

Comment. «Maison de la promotion économique extérieure», l’Osec travaille sur la base d’un mandat de la Confédération.

Quoi. Elle regroupe depuis le 1er janvier 2008 sous son toit la promotion des exportations, des importations et des investissements de même que la promotion de la place économique suisse à l’étranger.

Combien. L’Osec comptait à la fin de l’an dernier 1351 membres. A l’étranger, l’organisation gère 16 Swiss business hubs avec des collaborateurs sur place.

SECO. Face à l’extérieur, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) s’occupe lui des accords de libre-échange et de développer la voie bilatérale avec l’Union européenne.

Trop petit, la marché intérieur suisse ne suffit pas aux PME pour y écouler leur production. L’économie n’a d’autre choix que d’exporter.

En 2008, pour la première fois, les exportations suisses ont passé la barre des 200 milliards de francs (206 milliards). En 1990, elles atteignaient à peine 81 milliards.

Encore en déficit en 1990 et 1991, la Suisse a vu l’excédent de son commerce extérieur passer de 1,7 milliards en 2001 à 20 milliards l’an dernier.

Durant le premier trimestre de 2009, les exportations suisses ont enregistré une baisse de 5,4% – les marchandises ont été davantage concernées par cette diminution que les services.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision