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Un quotidien sur l’économie… gratuit

Comme tous les gratuits, «CASHdaily» paraît en format tabloïd. swissinfo.ch

Le premier numéro du journal économique gratuit «CASHdaily» a été distribué vendredi matin en Suisse alémanique par l'éditeur zurichois Ringier.

Dernier né sur un marché florissant, ce nouveau tabloïd vise un public plus large que les banquiers, puisqu’il parle aussi de consommation et d’actualité «people», entre autres.

Vendredi le groupe zurichois Ringier a distribué son nouveau quotidien gartuit à 100’000 exemplaires. Mais le tirage visé à plus long terme est de 75’000 exemplaires.

En première page, on trouve des articles sur les bonus des managers, ainsi que sur les millions que fait gagner Natascha Kampusch aux médias. En pages suisses, «CASHdaily» se penche sur l’avenir de Lauriane Gilliéron, Miss Suisse jusqu’à samedi soir.

Ensuite, deux pages sont consacrées à la mobilité, avec le boom des voitures mélangeant essence et énergie électrique et un cours pour tester sa résistance à l’alcool. Largement illustré en couleur, le journal compte au total 24 pages en format tabloïd.

Sur Internet, on peut aussi consulter son édition électronique, qui combine une offre multimédia avec des news audiovisuelles, des liens et des services mobiles pour téléphone portable.

La guerre des gratuits

Avec deux quotidiens gratuits en Suisse romande (pour un marché d’environ 1,5 million de personnes) et maintenant trois en Suisse alémanique (environ 6 millions de personnes), la concurrence se durcit et rien ne dit qu’il y a de la place pour tout le monde.

Mais, estime Heinz Bonfadelli, spécialiste de l’Université de Zurich, ce genre de produit ne menace pas directement la presse conventionnelle, qui n’occupe pas la même niche du marché.

«Ces journaux sont conçus pour une lecture rapide et s’adressent aux usagers des transports en commun, avec des thèmes consacrés aux loisirs et aux spectacles. Le public cible, ce sont donc les jeunes qui, auparavant, n’achetaient pas forcément le journal», explique-t-il à swissinfo.

«CASHdaily» attaque donc ce même marché des jeunes citadins, mais il se distingue par son orientation économique. C’est donc plutôt la presse économique qui pourrait laisser des plumes face au nouveau venu.

Le créneau de l’économie

«La Suisse (germanophone) était un des rares pays d’Europe sans quotidien économique, confiait ce printemps à swissinfo Hans Ott, chef du projet. Nous y pensions depuis longtemps, en raison de l’importance de la place économique.»

De son côté, Roger Blum, expert des médias de l’Université de Berne, est perplexe.

«On ne sait pas très bien pourquoi la Suisse alémanique n’a pas de quotidien économique mais cela pourrait s’expliquer par le fait qu’il n’y a pas assez de lecteurs potentiels pour une édition payante», avait-il déclaré à swissinfo lorsque le projet de Ringier avait été annoncé.

Heinz Bonfadelli relève pour sa part que la presse spécialisée avait connu une progression à la fin des années 1990.

«Mais, poursuit-il, depuis le crash boursier de 2002-2003, elle a perdu beaucoup de lecteurs. Et le quotidien gratuit de Ringier pourrait permettre d’en récupérer au moins une partie.»

Une lutte fratricide?

Roger Blum, lui, estime que «CASHdaily» pourrait surtout menacer son parent, l’hebdomadaire économique «Cash» (avec lequel il collabore) qui est en difficulté depuis quelques années.

Hans Ott ne partage pas cet avis. «Les lecteurs de ‘Cash’ ont un niveau d’éducation plus élevé et ils ne devraient pas être perdus. Le week-end, ils pourront approfondir ce qu’ils ont lu la semaine dans le gratuit», avait-il déclaré à swissinfo à l’annonce de son projet.

Quoi qu’il en soit, le marché de la presse économique est déjà bien occupé. La Suisse romande compte un quotidien, «L’Agefi». La Suisse alémanique recense 3 hebdomadaires, «Finanz und Wirtschaft», «Cash» et «Handelszeitung».

Enfin, les Suisses alémaniques et les Suisses romands disposent également chacuns d’un mensuel, «Bilanz» et «Bilan».

swissinfo et les agences

– L’éditeur zurichois Ringier vise 75’000 exemplaires pour son nouveau quotidien gratuit.
– «CASHdaily» est distribué du lundi au vendredi via les 1100 kiosques du groupe Valora, dans les aéroports et les grandes entreprises alémaniques.
– Sa rédaction compte 16 journalistes dirigés par l’ancien responsable économique du «Blick», Rüdi Steiner.
– «CASHdaily» compte 24 pages et peut être aussi consulté sur Internet.

– Fin 1999, les groupes hollandais Schibsted et zurichois Tamedia attaquent les premiers le marché suisse alémanique avec «20 Minuten».

– Dans la foulée, la filiale suisse du groupe suédois Metro lance «Metropol», mais perd la guerre et disparaît début 2002.

– En janvier 2005, l’éditeur Tamedia devient l’unique propirétaire de la version suisse de «20 Minuten».

– En octobre 2005, le groupe lausannois Edipresse lance «Le Matin Bleu» sur le marché suisse romand.

– En mars 2006, Tamedia entre à son tour sur le marché romand en lançant «20 Minutes», version francophone de son «20 Minuten».

– En mai 2006, le groupe zurichois Ringier lance «Heute» qui est distribué, en fin de journée, dans les grandes villes alémaniques.

– Depuis septembre, Ringier propose son 2e gratuit, «CASHdaily», mais qui axé cette fois sur l’économie.

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