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Election du Conseil fédéral: le suspense reste entier

Keystone

Après l'éviction du ministre UDC de la Justice Christoph Blocher, le suspense demeure. Elue à sa place, la ministre des finances du canton des Grisons Eveline Widmer-Schlumpf a demandé un temps de réflexion.

Elle annoncera sa décision jeudi matin. Son parti, l’UDC (droite nationaliste), exige qu’elle renonce. Les six autres ministres ont été réélus et assermentés mercredi.

La principale inconnue de l’élection du Conseil fédéral (gouvernement) s’est finalement résolue par un coup de théâtre. Le ministre UDC de la Justice Christoph Blocher n’a pas été confirmé dans ses fonctions.

A sa place, l’Assemblée fédérale a élu la ministre cantonale grisonne UDC Eveline Widmer-Schlumpf, fille de l’ancien conseiller fédéral Leon Schlumpf.

Le suspense se maintient cependant puisque Mme Widmer-Schlumpf a demandé à réfléchir jusqu’à jeudi 08h00 avant de dire si elle accepte ou non son élection au Conseil fédéral.

Au cas où la Grisonne devait refuser son élection, un nouveau scrutin aurait lieu pour choisir le septième ministre du gouvernement. Dans ce cas, Christoph Blocher se représenterait, a-t-il annoncé.

Blocher aurait face à lui un autre candidat UDC ou, plus probablement, une personnalité du PDC (parti démocrate-chrétien / centre droit). Le nom le plus souvent cité est le chef du groupe Urs Schwaller.

Mercredi matin, lors du premier tour portant sur sa réélection, Christoph Blocher a donc été mis en ballottage par la candidature d’Eveline Widmer-Schlumpf. Le ministre UDC a finalement échoué au second tour, obtenant 115 voix contre 125 voix à sa rivale.

Ambiance fébrile

Lors de l’annonce de la non-réélection de Christoph Blocher, une véritable onde de choc a parcouru le Parlement. La gauche s’est levée d’un seul coup en criant victoire tandis que les élus démocrates du centre ont paru complètement abasourdis.

Les démocrates-chrétiens sont restés plus impassibles. Leur président de groupe Urs Schwaller a été pris à partie par des parlementaires UDC dans la salle du Conseil national (Chambre basse). Les chefs de file de l’UDC faisaient pour leur part usage fébrilement de leur téléphone.

Le président des démocrates du centre Ueli Maurer a déjà assuré à la télévision alémanique qu’Eveline Schlumpf-Widmer refusera son élection. Il n’a pas voulu commenter davantage l’éviction de Christoph Blocher mais a rappelé que l’UDC passera dans l’opposition si son leader n’était plus au Conseil fédéral.

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Rôle clé du PDC

En début de séance, lors de la présentation des recommandations de vote, les socialistes et la majorité du groupe formé par les démocrates-chrétiens, les Verts libéraux et le parti évangélique (PEV) avaient annoncé qu’ils ne voteraient pas pour Christoph Blocher.

«Nous n’avons pas de compréhension pour ceux qui brandissent la menace de l’opposition en cas de non-réelection d’un candidat», a notamment déclaré le chef du groupe PDC Urs Schwaller.

A l’issue de l’élection, le président du PDC Christophe Darbellay s’est dit persuadé que «le Parlement suisse a écrit aujourd’hui l’Histoire. Il a dit oui à un gouvernement plus serein», a déclaré le Valaisan à la télévision suisse romande.

Le président du PDC a par ailleurs affirmé avoir «de solides garanties que l’UDC grisonne Eveline Widmer-Schlumpf accepterait son élection. Mais son voyage vers Berne sera long et elle devra faire face à des pressions horribles. Si elle résiste, ce sera une excellente conseillère fédérale.»

… et des Verts

Quelques minutes avant l’élection d’Eveline Widmer-Schlumpf, le Vert Luc Recordon, qui avait annoncé son intention de se porter candidat contre le ministre UDC, a pour sa part expliqué qu’il jouait le rôle de «bouclier» pour une candidature bourgeoise.

«Je devais me désister le plus tard possible», a précisé Luc Recordon. «Je suis très content. Notre stratégie a réussi», a pour sa part souligné le Genevois Ueli Leuenberger, vice-président des Verts.

Réagissant à cette élection, le ministre de l’intérieur réélu Pascal Couchepin a déclaré que l’éviction de Christoph Blocher ouvrait «une période d’incertitude». Pascal Couchepin souhaite ardemment que l’UDC pense désormais d’abord à se mettre au service de son pays plutôt que d’une idéologie.

Les autres ministres rééelus

La réélection des six autres ministres s’est déroulée sans heurts. Le radical (PRD, droite) Hans-Rudolf Merz a obtenu le meilleur résultat, avec 213 voix. Son collègue de parti Pascal Couchepin suit avec 205 voix.

L’UDC Samuel Schmid a quant à lui récolté 201 voix. La benjamine du Conseil fédéral, la démocrate-chrétienne (PDC) Doris Leuthard, a réuni 160 voix.

Les moins bien élus sont les deux représentants du parti socialiste, pour lesquels le groupe UDC a voté blanc en réaction à l’opposition de la gauche à la réélection de Christoph Blocher. Le doyen de fonction du collège gouvernemental, Moritz Leuenberger, a obtenu 157 voix. Sa collègue de parti, Micheline Calmy-Rey, ferme la marche avec 153 voix.

Les six conseillers fédéraux sortants ont été assermentés à 12h00 devant l’Assemblée fédérale. C’est Pascal Couchepin qui présidera la Confédération en 2008. Le Parlement l’a élu à cette fonction, qu’il avait déjà occupée en 2003, par 197 voix sur 210 bulletins valables.

swissinfo et les agences

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Ont été élus au Conseil fédéral:

– Moritz Leuenberger: 157 voix
– Pascal Couchepin: 205 voix
– Samuel Schmid: 201 voix
– Micheline Calmy-Rey: 153 voix
– Hans-Rudof Merz: 213 voix
– Doris Leuthard: 160 voix
– Eveline Widmer-Schlumpf: 125 voix (la question de savoir si elle accepte son élection est encore ouverte)

Pascal Couchepin a été élu président de la Confédération pour 2008 par 197 voix.

Le système d’élection du Conseil fédéral garantit la formation d’un gouvernement. Il y a à coup sûr un élu à la fin de chacune des sept rondes.

Elles commencent par deux tours où n’importe qui peut être candidat contre le sortant qui se représente. En théorie, tout citoyen de plus de 18 ans peut briguer un siège au gouvernement. Le nombre de candidats n’est pas limité. Le premier qui atteint la majorité absolue est élu. Et sinon, on continue les tours.

A partir du troisième, aucun nouveau candidat n’est admis et celui qui obtient le moins de voix est éliminé. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un des restants obtienne la majorité absolue, ou qu’il n’en reste qu’un.

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