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Election fédérale: tout reste ouvert

Les bulletins de vote sont prêts pour mercredi matin. Keystone

«Blocher ou l’opposition»: c’est avec ce mot d’ordre que l’Union démocratique du centre (UDC), le parti le plus puissant, aborde l’élection du gouvernement fédéral.

Elle revendique un deuxième siège au Conseil fédéral, qu’elle va tenter de prendre à l’un des trois autres partis gouvernementaux.

Après sa brillante victoire aux élections parlementaires du 19 octobre, l’Union démocratique du centre (droite dure, UDC) réclame un deuxième siège au collège gouvernemental. Et veut y placer sa locomotive: Christoph Blocher.

Depuis, les spéculations vont bon train, l’UDC a multiplié scénarios et manœuvres d’intimidation. Chacun des quatre partis au pouvoir a tout à tour menacé de rejoindre l’opposition s’il perdait un siège (PS, PRD, PDC), ou n’en obtenait pas un second (UDC).

Mardi, les partis ont précisé leur stratégie. Le groupe UDC soutiendra les candidats radicaux à la succession de Kaspar Villiger. Si Christoph Blocher n’est pas élu à la place d’un des deux conseillers fédéraux PDC, les radicaux s’en prendront (comme l’UDC) à Micheline Calmy-Rey.

De son côté, le groupe socialiste soutiendra l’actuelle formule magique mercredi.

Quant aux démocrates-chrétiens (PDC), qui ont besoin du soutien de la gauche, ils restent muets.

Les Verts apporteront leurs voix aux femmes en lice alors que les trois députés de l’extrême gauche ne voteront pour aucun des candidats. Les conseillers nationaux de l’Union démocratique fédérale (UDF) voteront pour l’UDC zurichois, tandis que les trois représentants du Parti évangélique (PEV) soutiendront Ruth Metzler et Joseph Deiss.

Mais rien n’est encore dit et le suspense va durer jusqu’à la dernière minute.

Les «déviationnistes» faiseurs de rois

Mathématiquement, tout semble clair: en tant que parti majoritaire, l’UDC a droit à un second siège au Conseil fédéral. Mais le grand vaincu des élections parlementaires, le Parti démocrate-chrétien (PDC) se refuse à retirer Ruth Metzler comme Joseph Deiss.

Il est clair aussi que l’UDC peut compter sur un maximum de 121 voix sur les 246 que compte l’Assemblée fédérale, même si les radicaux (PRD) et les petits partis de droites soutiennent Christoph Blocher.

Cependant, avec le PDC, la gauche dispose de 125 voix, soit plus que la majorité absolue, et elle peut donc faire barrage au tribun zurichois. Or le Parti socialiste (PS) l’affirme: «pas de voix pour Blocher».

Mais ce n’est pas si simple. Quelques «déviationnistes» des deux bords ne veulent pas se soumettre au diktat de leur parti, comme ils en ont le droit. Et ils pourraient faire pencher la balance.

Durant leurs séances préparatoires, les autres partis, mais surtout le PRD, ont tenté de faire rentrer les indécis dans le rang. Ce n’est pas sûr qu’ils y aient réussi.

L’UDC maîtresse du jeu

Les sièges des deux plus anciens conseillers fédéraux, Moritz Leuenberger (PS) et Pascal Couchepin (PRD) sont incontestés. Mais le suspense commence à partir du 3e scrutin, et l’on verra si l’UDC parvient à s’emparer du siège de Ruth Metzler (PDC).

Pourtant le PS, vainqueur des élections d’octobre après l’UDC, a également de quoi trembler s’il contribue à faire réélire tous les ministres. Dans ce cas, l’UDC attaquera donc le deuxième siège socialiste, celui de Micheline Calmy-Rey.

Avant ce mercredi fatidique, les partis ont tenté en vain à deux reprises de s’entendre pour que le scrutin soit civilisé et éviter le chaos. Finalement, on n’a pu que constater qu’on n’avait trouvé aucune marge de manœuvre.

Election avec swissinfo

Mercredi dès 8 heures du matin, swissinfo informera en continu sur le déroulement de l’élection et offrira de nombreux articles de fond et d’analyses.

swissinfo, Christian Raaflaub
(Traduction et adaptation: Isabelle Eichenberger)

Conseil national: 200 membres.
Conseil des Etats: 46 membres.
Total de l’Assemblée fédérale: 246.
Majorité absolue: 124.

– Après le renouvellement du Conseil national (Chambre du peuple), c’est au tour du collège gouvernemental d’être renouvelé. Les conseillers fédéraux sont élus par l’Assemblée fédérale (Conseils National et des Etats) pour quatre ans.

– Un candidat est élu lorsqu’il obtient plus que la moitié des voix (majorité absolue). Les conseillers fédéraux sont élus par ordre d’ancienneté:

1. Moritz Leuenberger (PS)
2. Pascal Couchepin (PRD)
3. Ruth Metzler (PDC)
4. Joseph Deiss (PDC)
5. Samuel Schmid (UDC)
6. Micheline Calmy-Rey (PS)
7. Election du remplaçant de Kaspar Villiger (PRD), sortant. Les candidats officiels sont Christine Beerli (Berne) et Hans-Rudolf Merz (Argovie)

– Le poids des partis depuis le 19 octobre :
UDC: 26,6%
PS: 23,3%
PRD: 17,3%
PDC: 14,4%

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