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Elections fédérales: seul le centre bouge

La campagne électorale en vue des élections législatives du 23 octobre est entrée dans la dernière ligne droite. Keystone

La gauche et la droite maintiennent leurs positions par rapport aux élections fédérales de 2007. Au centre, en revanche, les libéraux-radicaux perdent du terrain face à deux nouveaux venus. C’est ce qui ressort du dernier baromètre de SRG SSR, à dix jours des élections.

L’arène politique suisse semble être devenue globalement plus stable après les bouleversements connus durant les 15 à 20 dernières années, une période qui avait été caractérisée par une nouvelle tendance à la polarisation et par la forte croissance de la droite conservatrice au détriment des deux grands partis du centre droit, le Parti libéral-radical (PLR) et le Parti démocrate-chrétien (PDC).

Toutefois, ces deux derniers risquent de perdre encore un peu de terrain lors des prochaines élections fédérales du 23 octobre. Il y a cependant une différence par rapport aux élections précédentes: cette fois, cette baisse devrait profiter non pas à la gauche et à la droite conservatrice, mais à deux formations apparues récemment au centre de l’échiquier politique, les Verts libéraux (VL) et le Parti bourgeois démocratique (PBD).

Selon le 7e et dernier baromètre électoral que l’Institut de recherche gfs.bern a réalisé pour le compte du diffuseur national SRG SSR entre le 1er et le 8 octobre, ces deux nouveaux partis seraient les grands gagnants des prochaines élections, tout du moins en ce qui concerne le taux de croissance. Les VL passeraient de 1,4% des voix en 2007 à 4,9% aujourd’hui, alors que le PBD, qui n’existait même pas il y a quatre ans, devrait obtenir 3,6%.

Libéraux-radicaux perdants

Le PLR serait le premier à faire les frais de cette évolution, poursuivant ainsi un lent mais inexorable déclin entamé en 1979. Cette fois, les libéraux-radicaux ne semblent même plus bénéficier de la fusion réalisée en 2009 entre libéraux et radicaux. Selon le sondage, le PLR descendrait à 15,2%, soit 2,5 points de moins par rapport au score conjoint des deux partis en 2007.

Toujours selon le sondage, le PDC ne devrait en revanche enregistrer qu’une très légère baisse de 0,3%, ce qui le porterait à 14,2% des voix. Les démocrates-chrétiens réussiraient ainsi plus ou moins à stabiliser leur électorat pour la seconde élection fédérale de suite, après avoir perdu un bon tiers de leur électorat entre 1979 et 2003.

Dans les rangs de la droite conservatrice, l’Union démocratique du centre (UDC) resterait le plus grand parti du pays avec 29,3% des suffrages. Après la spectaculaire progression enregistrée depuis 1991, quand le parti ne pesait que 11,9%, l’UDC devrait cette fois se contenter d’une modeste augmentation de 0,4 point par rapport à 2007. Il est toutefois à remarquer que le parti est combler la défection de son aile modérée qui avait conduit à la création du PBD en 2008.

A gauche, enfin, le Parti socialiste (PS) enregistrerait lui aussi une légère augmentation, passant de 19,5% des voix il y a quatre ans à 19,9%. Le Parti écologiste suisse (PES) ne semble en revanche pas en mesure de recueillir les fruits de la sensibilisation croissantes aux problèmes environnementaux suscitée par l’accident nucléaire de Fukushima. Les écologistes passeraient en effet de 9,6 à 9,3% des suffrages.

Participation en hausse

En considérant les différences minimes enregistrées par la plupart des partis par rapport aux élections fédérales de 2007, les résultats du baromètre électoral doivent une nouvelle fois être pris avec des pincettes. En effet, le sondage admet une marge d’erreur de plus ou moins 2,2% et ne peut évidemment pas tenir compte d’événements significatifs qui pourraient survenir en toute fin de campagne: selon la loi suisse, plus aucun sondage ne peut être publié dans les 10 jours qui précèdent un scrutin.

Selon le directeur de gfs.bern Claude Longchamp, la probabilité d’une défaite du PLR et d’un succès des VL et du PBD serait toutefois égale à 99%. Les prévisions ne seraient en revanche fiables qu’à 60% en ce qui concerne les autres partis, car le résultat final dépend beaucoup de leur capacité à mobiliser leur électorat dans le sprint final.

En ce qui concerne la mobilisation des citoyens, les prochaines élections devraient confirmer la participation croissante constatée depuis le début des années 1990. Le 23 octobre, ce taux devrait dépasser le seuil symbolique des 50%, ce qui ne s’est plus vu depuis 1975. Cela reste, cependant, l’un des taux de participation les plus bas d’Europe.

Pas de thème dominant

Selon Claude Longchamp, qui s’occupe de sondages électoraux depuis plus de 20 ans, la campagne électorale s’est révélée plutôt animée au cours des dernières semaines. Mais il a toutefois manqué de véritables ‘highlights’: aucun parti n’est en effet parvenu à imposer un thème dominant, comme l’UDC avait été en mesure de le faire lors des dernières élections.

Le parti de la droite dure a dépoussiéré avec un certain succès ses thèmes préférés, contre les étrangers et l’Union européenne, mais a été confronté à d’autres thèmes qui ont aussi retenu l’attention au cours des derniers mois: l’accident nucléaire de Fukushima, qui a ouvert un grand débat sur la politique énergétique, le renforcement du franc, qui a assombri les perspectives économiques, et la démission de la ministre socialiste Micheline Calmy-Rey, qui a attiré l’attention sur son parti.

Selon le sondage, les questions liées à l’immigration et à l’asile figurent en tête des préoccupations des Suisses; elles sont respectivement considérées comme les premier et deuxième problèmes les plus urgents à traiter par 35% des personnes interrogées. Suivent l’environnement et l’énergie (34% des sondés), l’évolution conjoncturelle et le franc fort (22%), l’explosion de coûts de la santé (20%) et le chômage (13%).

Ce 7e et dernier baromètre électoral de SRG SSR a été réalisé entre le 1er et le 8 octobre par l’institut de recherche politique gfs.bern.

Le sondage a été effectué auprès d’un échantillon représentatif de 2007 citoyens dans toutes les régions linguistiques du pays.

Les Suisses résidant à l’étranger, dont 135’000 sont inscrits sur les registres électoraux, n’ont en revanche pas été pris en compte. Leurs adresses ne sont en effet pas accessibles aux instituts de recherche pour des questions liées à la protection des données.

La marge d’erreur du sondage est de +/- 2,2%.

La politique suisse est dominée par quatre grands partis gouvernementaux qui se partagent environ 80% de l’électorat depuis plus d’un siècle. Il s’agit de l’Union démocratique du centre (28,9% des électeurs en 2007), du Parti socialiste (19,5%), du Parti libéral-radical (17,7%) et du Parti démocrate-chrétien (14,5%).

Une nouvelle force politique est apparue dans les années 1980: le parti écologiste suisse (PES). Les Verts ont atteint 9,6% en 2007, mais n’ont jusqu’à présent jamais été représentés au gouvernement.

Plus récemment, deux nouvelles formations issues de scissions se sont créé un certain espace: les Verts libéraux (séparés du PES depuis 2008) et le Parti bourgeois démocratique (séparé de l’UDC depuis 2008). Selon les sondages, ces deux partis pourraient encore progresser lors des prochaines élections fédérales, mais ne devraient pas dépasser respectivement 5 et 4% des voix.

Le Parlement compte également cinq partis minoritaires qui, tous ensemble, représentent 5,5% des électeurs au niveau national. Il s’agit de la Ligue des Tessinois (droite conservatrice), de l’Union démocratique fédérale (droite chrétienne), du Parti chrétien-social (gauche) de La Gauche (extrême-gauche) et du Parti évangélique (droite chrétienne).

(Traduction de l’italien: Olivier Pauchard)

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