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Elle a déclaré la guerre aux blanchisseurs

Dina Balleyguier, cheffe de l'Autorité de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment d'argent Keystone

Dina Balleyguier dirige l'organe de contrôle de la lutte contre le blanchiment d'argent. Pour elle, «le risque zéro n'existe pas».

C’est pure coïncidence. Au moment où les Parlements de l’Union européenne (UE)s’engageaient à accentuer la lutte contre le blanchiment des capitaux (ils ont adopté une déclaration préconisant des mesures concrètes dans ce domaine), la nouvelle cheffe de l’Autorité suisse de contrôle était l’invitée du Club suisse de la presse.

En fait, Dina Balleyguier était venue à Genève pour expliquer le fonctionnement du nouveau système administratif. Qui est censé traduire, dans la pratique, les dispositions de la loi fédérale en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. Et qui dispose enfin des moyens adaptés à ses objectifs.

Des milliers d’intermédiaires financiers

Soyons clair: l’Autorité de contrôle ne s’occupe pas des banques. Qui sont placées sous la surveillance d’une commission fédérale ad hoc. Mais de tous les autres intermédiaires financiers.

Entendez par-là des gérants de fortune, avocats d’affaires, fiduciaires, bureaux de changes ou autres personnes physiques et morales qui traitent ou gèrent des biens d’autres personnes. Au total, quelque 6500 intermédiaires.

Plutôt que d’aller dans le détail de la structure mise en place pour contrôler ce qui ne représente toutefois qu’un dixième environ de la place financière, on retiendra l’optimisme affiché par Mme Balleyguier.

«En Suisse, dit-elle d’emblée, la lutte contre le blanchiment d’argent est efficace. Dans ce domaine, nous sommes des pionniers, nous avons tout à apprendre nous-mêmes. Cela rend les choses plus difficiles mais aussi plus passionnantes.»

Voilà plus de 20 ans que la Suisse joue un rôle moteur. La plus haute instance internationale en la matière, le GAFI (le Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux) l’a même félicitée pour sa nouvelle loi promulguée en 1998.

De l’importance du flair

Il y a eu des ratés. On pense aux affaires Abacha, Montesinos. Et on en redoute d’autres que des crises en Argentine ou ailleurs pourraient mettre au jour. «Il faut bien se rendre compte, explique Dina Balleyguier, que les blanchisseurs ont toujours un coup d’avance et que le risque zéro n’existe pas».

Alors, quelle est la meilleure méthode de lutte? «Je n’en connais qu’une seule, le nez!» En d’autres termes, il faut développer la capacité de repérer les affaires qui sentent mauvais. On pèche trop souvent par naïveté.

Le résultat, c’est que, à cause de certains vrais scandales et de certains vrais abus, la mauvaise image de la Suisse en matière de lutte contre le blanchiment d’argent continue de lui coller à la peau.

Morale et concurrence

Dina Balleyguier se veut rassurante et confiante. «Aujourd’hui, lance-t-elle, la Suisse est probablement l’un des pays qui lutte le plus efficacement contre l’argent sale. Le problème, avec les réputations, c’est qu’une fois qu’elles existent, il est difficile de s’en défaire.»

Mais elle dit faire tout ce qu’il faut pour réussir. Elle est même persuadée qu’aujourd’hui, à cause des obligations de diligence imposées à tous les intermédiaires financiers, «un client qui a quelque chose à cacher n’a plus aucune chance en Suisse». Il s’en va à Londres ou ailleurs.

Bernard Weissbrodt

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